Les cérémonies de derniers hommages ont été précédées par une messe de requiem célébrée à la Grande Cathédrale de Bamako, la capitale malienne, comme déjà annoncé par le président du Mali, Bah N’Daw la veille.
D’après une source familiale, le Burundi avait accepté que Pierre Buyoya soit enterré dans son pays natal mais avait refusé de lui accorder des honneurs dignes d’un ancien chef d’État.
C’est alors que, ajoute cette source, le Mali a demandé à la famille d’accepter que le défunt soit inhumé “dignement dans un pays pour lequel il a consacré une partie de sa vie pour la paix”. La famille n’a pas fait d’objection, apprend-on.
Le Mali s’est alors chargé de rapatrier le corps depuis Paris en France où il a rendu l’âme jusqu’aux cérémonies de funérailles au cimetière Catholique de Coura à Bamako.
Pour l’honorable Emmanuel Nkengurutse, c’est un patrimoine national qui ne va pas profiter aux Burundais et qu’il faudra rapatrier. “En tout cas, tôt ou tard, le corps du président Pierre Buyoya sera rapatrié. Un gouvernement responsable ne ferait autre chose que ça. Et puis, sa dernière demeure sera un mausolée de l’Unité Nationale, de la Démocratie et de la Réconciliation, trois piliers qu’il a encrés sous son règne, même s’il a rencontré plusieurs obstacles”, explique l’ancien député de l’Uprona en exil.
Au regard de ce juriste qui a fait le droit international, “le respect du droit à la sépulture doit être reconnu à tout Burundais, et à plus forte raison, à un ancien chef d’État qui a dirigé le pays pendant plus de 10 ans et qui aura marqué l’histoire du Burundi moderne”.
Le refus de ce droit à Pierre Buyoya, dit-il, “témoigne de la haine que le pouvoir actuel a contre lui, ses idéologies, ses compagnons et son ethnie”.
Pour celui qui est actuellement avocat, “c’est une situation qui ternit beaucoup l’image du pays, déshonore les autorités burundaises et met mal à l’aise tout Burundais où qu’il soit”.
Pierre Buyoya n’est pas le seul président burundais à mourir à l’étranger mais il est le premier à ne pas être enterré dignement dans son pays.
Les présidents Jean Baptiste Bagaza, Cyprien Ntaryamira et Michel Micombero reposent tous au Burundi. Le premier dans l’une de ses propriétés dans le quartier résidentiel de Kiriri (ville de Bujumbura), le second à la place des martyrs (même ville) et le troisième sur sa colline natale en commune de Rutovu dans la province de Bururi (Sud du Burundi). Les deux premiers ont en commun le fait que le gouvernement leur a offert des funérailles nationales.
M. Buyoya est décédé à Paris le 17 décembre des suites de la maladie à Covid-19, selon des sources médiales.
Il a dirigé le Burundi entre 1987 et 1993 et de 1996 à 2003 avant de céder le pouvoir au terme d’une transition qui a abouti aux élections de 2005 après la signature de l’Accord de paix d’Arusha qui a mis fin à une décennie de guerre civile qui a emporté plus de 300000 vies, selon l’ONU.
L’homme est également l’initiateur de la charte de l’unité nationale conclue en 1991 pour réconcilier les Hutus et les Tutsis. Il reste aussi le président qui aura permis le multipartisme dans la petite nation de l’Afrique de l’Est.
Source: SOS Médias Burundi