La phase nationale du Dialogue national inclusif (du 14 au 22 décembre 2019) a démarré le samedi 14 décembre 2019 au Palais de la culture sous la présidence du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita. A cette occasion, Cheick Sidi Diarra, le président de la commission d’organisation, et le Triumvirat, composé de Baba Akhib Haïdara, Aminata Dramane Traoré et Ousmane Issoufi Maïga, ont dressé le bilan des phases communes, cercles et régions, consulats et ambassades du Dialogue.
Le président de la Commission d’organisation du Dialogue national inclusif, Cheick Sidi Diarra, s’est réjoui de la tenue de la phase nationale du Dialogue national inclusif qui parachève la phase du processus du Dialogue national inclusif qui a commencé au mois de mai 2019. A ses dires, la tâche n’a pas été facile. Mais au vu des résultats obtenus, il a dit que l’exercice en valait la peine.
“Depuis le 14 septembre 2019, date du début de l’atelier de validation des termes de référence, que de chemin parcouru ! 605 communes se sont réunies les 7 et 8 octobre 2019, sans incident majeur. Une semaine plus tard, le 14 octobre, 57 cercles et les 6 communes du district de Bamako se sont concertées, là aussi sans incidents. Les 21 et 22 octobre 2019, dix régions, le district de Bamako et certaines ambassades et consulats ont tenu leurs consultations.
Un autre groupe d’ambassades et consulats se sont concerté les 26 et 27 octobre 2019. La toute dernière concertation dans une ambassade a été organisée à Washington DC les 2 et 3 novembre 2019. Les concertations, qui ont mobilisé des milliers de nos compatriotes de tous bords et de toutes les sensibilités, ont été très fructueuses d’un point de vue aussi bien quantitatif que qualitatif. En effet, les concertations dans les 605 communes ont donné lieu à l’adoption d’environ 32 451 recommandations et résolutions dont 6382, rien que pour la première thématique consacrée à la paix, la sécurité et au vivre ensemble. La 2e thématique consacrée aux questions institutionnelles et politiques a suscité 5061 recommandations et résolutions. Les détails sur les tendances de résolutions qui ont recueilli le plus d’adhésions concernant chaque sous-thèmes de chaque thématique font l’objet de la note de synthèse qui sera mise à votre disposition avant le début des travaux. La synthèse des rapports de vingt ambassades et consulats a également permis d’extraire 282 recommandations et résolutions sur l’ensemble des six thématiques. La thématique 4 sur le social a recueilli le plus l’attention dans les ambassades et consulats avec 62 recommandations. Nous considérons ce résultat comme positif. Il exprime les craintes et les aspirations de la nation malienne en ce moment précis de notre histoire”, a-t-il fait savoir.
Pour Cheick Sidi Diarra, c’est une chance inégalée que le peuple accepte de s’exprimer sur ses préoccupations majeures de l’heure et offrir des pistes de solution dans la courtoisie et dans le respect de l’Etat de droit. C’est tout à l’honneur de nos concitoyens. “C’est l’illustration de la maturité de notre nation. Cette chance, nous devons la saisir de toutes nos forces pour la traduire en avancées irréversibles pour notre démocratie, en faveur de la consolidation de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance.
Nous nous devons de la transformer en une action salvatrice pour la nation tout entière”, a-t-il conseillé.
Il a saisi l’occasion pour rendre hommage aux Maliens qui ont cru en ce processus et ont accepté d’y prendre part. Il a salué également les faîtières qui ont encadré et accompagné les participants, partis, société civile, opérateurs économiques, ordres professionnels, autorités traditionnelles et religieuses, pour ne citer que celles-là. Il a salué tous ceux qui ont contribué à l’organisation matérielle de ces concertations décentralisées, à commencer par les représentants de l’Etat, les présidents, vice-présidents et rapporteurs des concertations, les forces de sécurité, le personnel de santé qui ont contribué à sécuriser ces rencontres. Il a surtout remercié la Primature pour sa mobilisation autour de la question, les facilitateurs qui ont défini la direction du processus et se sont impliqués dans son exécution sans oublier le président de la République pour son engagement en faveur du processus.
“La phase nationale pour faire la synthèse, de consolider et d’enrichir les recommandations et résolutions à travers un débat franc, courtois et orienté vers l’action”
Après ces phases communes, cercles, régions, consulats et ambassades, il s’est dit que la question est de savoir où allons-nous à partir de maintenant ? Il répondra que la dernière ligne droite du processus est l’occasion de faire la synthèse de ce qui a été dit à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de consolider les recommandations et résolutions, de les enrichir en y apportant la perspective nationale à travers un débat franc, mais courtois et orienté vers l’action.
Les activités et les acquis du Triumvirat
Ousmane Issoufi Maïga, porte-parole du Triumvirat, à l’entame de ses propos, a fait observer une minute de silence en la mémoire de toutes les victimes civiles et militaires tombées dans la guerre contre le terrorisme au Sahel. Il a, par la suite, présenté les activités menées par son groupe depuis son installation le 25 juin 2019.
A ses dires, ces activités ont concerné des concertations, entre autres, avec les anciens chefs d’Etat, les chefs des institutions de la République ; des anciens Premiers ministres ; des représentants des autorités coutumières et religieuses, du patronat et des organisations socioprofessionnelles, des syndicats et de la société civile, des structures faîtières des femmes, des jeunes et de toutes les forces vives de la nation, des mouvements et groupes signataires et non signataires adhérant à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger ; des personnalités indépendantes.
En plus de ces rencontres, le Triumvirat a animé trois conférences de presse pour informer l’opinion nationale et internationale sur sa mission, les enjeux et l’état d’avancement du dialogue. Le Triumvirat a procédé à des séances d’écoute de toutes les parties prenantes concernées et a recueilli leurs suggestions et propositions en vue de l’élaboration des termes de référence du Dialogue national inclusif.
Il s’est félicité de la participation pleine à l’atelier de la majorité des partis politiques, regroupements de partis politiques, des associations et organisations syndicales et de la société civile, des légitimités traditionnelles, des associations et groupements religieux. Pour renforcer le caractère inclusif du Dialogue, il a annoncé la mise en place, par le Triumvirat avec l’appui des services techniques de l’Agetic, d’un portail numérique à l’adresse www.dialogue national.ml. Et ce portail, depuis son lancement, a reçu la visite de 1 307 237 personnes qui ont posté 5 058 173 contributions. Il a confié que durant le processus de concertation, le Triumvirat a conduit de façon indépendante et responsable le dialogue, sans injonction de la part des plus hautes autorités.
Concernant la phase nationale du Dialogue national inclusif, il a dit que tous les Maliens ont leurs mots à dire. “Tous, nous sommes convaincus que notre pays et notre peuple méritent un autre sort que celui qu’on lui connaît aujourd’hui. Ainsi, au sortir de cette rencontre de très haute portée, nous aurons trouvé les ressources indispensables pour un Mali solidaire, confiant en lui-même et en l’avenir. Nous aurons identifié le chaînon manquant pour la consolidation de notre unité nationale”, a-t-il espéré.
IBK a souhaité un prompt rétablissement à l’ex-président Moussa Traoré en soins à l’extérieur
Avant d’ouvrir la phase nationale du Dialogue national inclusif, le président Ibrahim Boubacar Kéita a dit que le Dialogue vise à ce que le Mali soit à tous les Maliens qui lui sont redevables. “Aucun petit doigt ne peut soulever une pierre. Il faut l’ensemble des doigts pour la soulever. Aucune montagne ne peut être grande que tout un peuple réuni…”, a-t-il dit. Il a demandé à la salle d’ovationner le Triumvirat qui a réussi l’organisation de la phase locale du Dialogue national inclusif. Il a rendu un respect aux anciens présidents de la République, Modibo Kéita, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Dioncounda Traoré. Il a fait des bénédictions pour un prompt rétablissement à Moussa Traoré qui se trouve à l’extérieur pour des traitements.
Il a fait des hommages et des éloges à Amadou Hampâté Ba, Yambo Ouologuem. Il s’est réjoui de la mosaïque créée par la diversité ethnique au Mali. Ce qui, à ses dires, est le vrai Mali avec la soif et l’acceptation de l’autre. “Au Mali, l’homme ne saurait être un loup pour l’homme mais un remède pour l’homme. Pour cela, le dialogue doit être une force de proposition pour stabiliser le pays qui se trouve dans une crise sécuritaire qui a ébranlé l’Etat dans son fonctionnement. Le Mali est dans une guerre de libération nationale pour retrouver la paix, la liberté”, a-t-il dit.
Il a appelé les Maliens à ne pas s’en prendre aux forces qui aident le Mali dans sa lutte contre le terrorisme. Il a espéré que les débats soient sans concession mais civilisés, ouverts dans la vérité, la sincérité et la convivialité. Il a rappelé qu’il n’est qu’un serviteur du pays. Et l’Etat est à l’écoute de la demande sociale.
Après l’ouverture du Dialogue national inclusif, les travaux se poursuivrons au CICB jusqu’au 22 décembre 2019.
Siaka Doumbia