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Peuhls et dogons : pourquoi, ils ne doivent pas s’affronter

Depuis plus d’une année maintenant, les affrontements entre Peulhs et Dogons dans le centre du Mali, se sont accentués, faisant plus d’une centaine de morts. Des affrontements d’une rare violence entre ces deux communautés suscitent des interrogations. En effet, pendant plusieurs siècles les Peulhs et Dogons ont cohabité avec certes des conflits sans jamais arriver à cette extrême violences. Pourquoi alors maintenant ?  

Histoire d’une cohabitation

Dans presque tout le centre du Mali, gravite autour de chaque village dogon, un campement Peulh.  Agriculteurs, les Dogons pour s’occuper de leur champ ont toujours confié leur bétail aux Peulhs, éleveurs par excellence. Au cours de cette cohabitation qui date de plusieurs centaine d’années, des conflits  se sont produits entre les deux  communautés, sans qu’ils n’atteignent le stade de la violence.  Ces conflits en général surviennent suite à des dégâts causés par les animaux ; au non-respect des règles de préséance ; aux violations des règles locales par les transhumants ; à l’obstruction des couloirs de passage par les agriculteurs ; au non-respect du calendrier agricole etc. Ces conflits non violents ont souvent eus des avantages comme le fait  d’amener les différents acteurs à se connaître et à construire ensemble leur environnement social, politique et économique.

Les Peulhs et Dogons, tout au long de leur histoire commune, sont arrivés à atténuer les effets négatifs de leurs antagonismes et surtout empêcher qu’ils ne deviennent violents, en construisant un certain type de  mécanismes de prévention et de gestion de ces conflits.

Ces mécanismes reposaient sur les autorités coutumières.  Chez les Dogon, les sages se rencontrent sous le Toguna ; dans les milieux des Peuls, ces mêmes chefs coutumiers se réunissent pour la résolution des conflits. Ces mécanismes locaux de gestion des conflits ont été toujours efficaces.

Pourquoi alors tout s’effondre autour de ces communautés ?

La dégradation des relations entre Peuhls et Dogons pourrait s’expliquer par deux principaux facteurs : la crise de 2012 et l’absence de l’Etat sur une grande partie du territoire.

Après avoir occupés le nord du pays en 2012 et repliés après l’intervention française du 11 janvier 2013, les terroristes ont repris du service en réoccupant le territoire. Si, le nord est contrôlé par Ansardine de Iyad Ag Ghaly, le centre du Mali où vivent Peuhls et Dogons, est sous l’emprise du  Front de libération du Macina de HamadounKouffa.

Pour maintenir leur présence, les groupes terroristes recrutent de nouveaux combattants et commettent des exactions. Les combattants au service d’Amadou Kouffa, en majorité composés de Peuhls, sont très souvent appelés en renfort par des Peuhls lors d’affrontements avec les agriculteurs Dogons.

Face à l’absence de l’Etat, les Dogons pour se défendre s’arment ; le conflit s’intensifie et prend un caractère communautaire. Partout dans le centre, les Peuhls et les Dogons s’affrontent faisant plusieurs villages et hameaux détruits, et plusieurs dizaines de tués.

Que faire maintenant

Dans le souci de ramener le calme, plusieurs  initiatives sont en marche, notamment les missions de réconciliation du département de la réconciliation nationale. En outre, les jeunes des associations culturelles Ginna Dogon et TabitalPulaaku, multiplient les actions allant dans le sens de l’apaisement. Les deux organisations ont indiqué lors d’une conférence de presse que Dogon et Peul sont des peuples qui vivaient en harmonie depuis des générations. Cette poussée de violence est donc à mettre au crédit de la situation de crise que vit le Mali. Une crise qui a débuté dans le nord et qui a gagné progressivement les régions du centre dont les principales villes sont Mopti et Ségou.

En plus de toutes ses initiatives, il est important d’accentuer la sensibilisation pour éviter l’amalgame. « Tout Dogon n’est pas dozo et tous les Peuls ne sont pas djihadistes », c’est le type de message qu’il faut largement diffuser.

Ensuite, il est nécessaire, face à l’absence de l’Etat, de revenir aux mécanismes traditionnels de résolution des conflits. L’arbitrage des autorités coutumières est la première étape de la résolution des conflits dans nos sociétés. Ne pas aussi oublier le cousinage à plaisanterie qui pourrait amener un Peuhl à menacer de ne plus vendre son lait au Dogon et au Dogon ne plus vendre du mil au Peuhl.

A KENE

Par

Par Delta News

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