Créé en juin 1996, le Parlement des enfants est une tribune, un espace de libre expression des enfants. C’est un nouveau bureau national de 50 membres qui a désormais la lourde tâche d’accomplir les missions qui lui sont assignées
La 14è session du Parlement des enfants du Mali s’est déroulée du 23 au 27 décembre 2019 à la Cité des enfants sous le thème : «L’apaisement du climat social au Mali: quel rôle pour le Parlement des enfants? Elle a pris fin par l’élection d’un nouveau bureau national composé de 50 membres, dont 30 venus des régions. Le bureau est aussi constitué de 5 groupes parlementaires. Il s’agit des groupes parlementaires survie, développement, protection, participation, paix et cohésion sociale. Les membres du bureau sont élus pour 2 ans renouvelables à plusieurs reprises.
À travers le thème de cette session en phase avec le contexte politico-sécuritaire, les enfants parlementaires se veulent être des messagers pour la paix, la réconciliation et la cohésion sociale dans le respect des droits qui leur sont reconnus. Présidée par le Premier ministre Dr Boubou Cissé, la cérémonie officielle d’investiture du nouveau bureau a eu lieu le vendredi 23 décembre 2019 au Centre international de conférences de Bamako (CICB). C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement, notamment la ministre de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, Dr Diakité Aïssata Kassa Traoré. Il y avait aussi les représentants des partenaires techniques et financiers (PTF).
Après l’exécution de l’hymne national, la présidente intérimaire du bureau sortant du Parlement des enfants, Mlle Mariam Aldianabangou, a étalé les actions menées par son équipe de 2015 à nos jours. Il s’agit notamment de la protection des enfants contre les 6 graves violations des droits de l’enfant en période de crise, de la réouverture des classes dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal, Ménaka et Taoudénit, de la situation des enfants handicapés et déplacés, du maintien des jeunes filles à l’école et comme moyen efficace de lutte contre le mariage précoce et de la participation des enfants aux prises de décision. «Au regard de ces résultats, nous pouvons dire que malgré la situation de notre pays, le Parlement des enfants est parvenu à réaliser ses activités à hauteur de souhait. Ces résultats sont les fruits des efforts conjugués du Parlement et du gouvernement à travers le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille avec l’appui des PTF», a précisé Mlle Mariam Aldianabangou.
Le nouveau président du bureau national du Parlement des enfants du Mali, Nouhoum Chérif Haïdara, a soutenu que le thème de cette 14è session se justifiait à plus d’un titre. « La crise politico-sécuritaire a fait de nous enfants des orphelins, des enfants en situation de handicap. Elle a fait de nous aussi des enfants soldats, des apatrides en raison du non enregistrement à la naissance des milliers d’enfants. Elle a brisé nos rêves en nous privant de notre droit à l’éducation et fait de nos sœurs des objets sexuels. La malnutrition, les difficultés d’accès aux services sociaux de base, la mendicité, les violences basées sur le genre et d’autres formes d’exploitations s’y ajoutent», a-t-il déploré.
LE SENS ÉLEVÉ DU PATRIOTISME-Selon Nouhoum Chérif Haïdara, ce nouveau bureau est le départ d’un nouveau modèle d’enfants. Il mettra, a-t-il dit, l’accent sur les interpellations en agissant de façon citoyenne et œuvrera pour le retour de la paix, la formation des pairs sur la citoyenneté et à l’éveil des consciences. « Notre Parlement suscitera aussi le sens élevé du patriotisme, le respect des valeurs et celui envers les aînés et les institutions de la République», a-t-il soutenu.
Trente ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), a constaté la représentante de l’UNICEF (Fonds des Nations-unies pour l’enfance), d’importants progrès ont été enregistrés en matière de réalisation des droits de l’enfant. En effet, les enfants sont deux fois moins susceptibles de mourir avant leur 5è anniversaire. Ils sont de plus en plus nombreux à recevoir tous les vaccins de base et à fréquenter l’école. Par ailleurs, Mme Roseline Araman a révélé que plus de 2 millions d’enfants en âge scolaire sont toujours en dehors du système scolaire, un enfant sur 4 souffre de malnutrition chronique, une fille sur deux se marie avant d’avoir atteint 18 ans. «Les violations graves à l’encontre des enfants dans les zones affectées par la crise ont augmenté et plus de 1.000 écoles sont fermées », a-t-elle déclaré, ajoutant que le parlement des enfants a désormais un rôle décisif à jouer dans la réalisation du droit à la survie, à l’éducation et à la protection des enfants les plus vulnérables. « Vous avez aussi un rôle décisif pour les enfants des régions les plus reculées du pays, pour ceux qui ne sont pas inscrits à l’école, qui n’ont pas bénéficié le droit à la vaccination contre les maladies meurtrières. En faisant un plaidoyer au plus haut niveau, dans vos familles, écoles et communautés, vous soutenez la réalisation des droits de ces enfants là. Soyez la voix des sans voix », a renchérit Mme Roseline Arman.
Au Mali, a rappelé la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, la moitié de la population a moins de 18 ans. C’est pourquoi, le respect des droits de l’enfant est une volonté politique affichée au premier plan. Dr Diakité Aïssata Kassa Traoré ajoutera que le préambule de la Constitution du 25 février 1992 stipule que «le peuple souverain du Mali, proclame sa détermination à défendre les droits de la femme et de l’enfant ». Cette disposition constitutionnelle, selon elle, témoigne à suffisance à tel point les plus hautes autorités de notre pays placent l’amélioration du statut de la femme et de l’enfant au cœur des préoccupations nationales. Le gouvernement, a poursuivi Mme la ministre, a consenti d’énormes d’efforts pour améliorer l’environnement juridique et institutionnel favorable pour la réalisation des droits de l’enfant.
En effet, plusieurs instruments nationaux et internationaux et des stratégies de développement ont été adoptés et ratifiés. La CDE, la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBEE), l’Ordonnance N°02-062/P-RM du 5 juin 2002 portant Code de protection de l’enfant et la Politique nationale de promotion et de protection de l’enfant et son plan d’actions 2015-2019 sont quelques textes de protection des droits de l’enfant. Tous ces instruments reconnaissent la liberté d’expression, d’épanouissement et de participation de l’enfant, a précisé Dr Diakité Aïssata Kassa Traoré.
Institué par le décret N°96-172/PM-RM du 13 juin 1996 le Parlement des enfants du Mali est une tribune, un espace de libre expression des enfants. Il a pour but d’assister les pouvoirs publics dans la mise en œuvre du plan d’actions national pour la survie, le développement et la protection de l’enfant.
Sidi Y. WAGUÉ
Nouhoum Chérif Haïdara est né le 9 septembre 2005 à Bamako. Il est le fils de notre collègue, Mariam A Traoré. Affectueusement appelé par ses parents «Chérif», le nouveau président du Parlement des enfants fréquente le lycée moderne «Cheick Modibo Diarra » à Hamdallaye ACI Bocoum où il fit sa 10è année commune générale. Très actif, Chérif travaille pour la promotion des droits des enfants. Ce qui lui a valu sa participation à l’élaboration de la déclaration des enfants pour une élection apaisée et pour la promotion des droits des enfants. Il a aussi participé à beaucoup d’évènements de sensibilisation, de formation et de plaidoyers pour la promotion des droits de l’enfant. Il s’agit notamment des deux éditions de «Oxyjeunes » initiées par l’UNICEF dans le cadre de la promotion de la participation des enfants du Mali et toutes les éditions du salon des enfants.
Nouhoum Chérif Haïdara a aussi pris part à la conférence nationale pour l’abandon des violences basées sur le genre. Elève en 11è année lettres au lycée moderne, il ambitionne de devenir un grand magistrat de notre pays. Comme loisirs, Chérif aime la lecture, les voyages et le sport.
S. Y. W.
Source : L’Essor