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Paix et réconciliation au Mali : Colonel Ismaël Wagué, la plaie du processus

S’il y a un officier qui a rendu bancale la démarche patriotique engagée par les cinq colonels qui ont parachevé le combat du M5 contre le régime IBK en août 2020, c’est bien le colonel Ismaël Wagué. En effet, de sa nomination à la tête du ministère de la Réconciliation à nos jours, rien de concret n’est visible sur le terrain. Sa stratégie : la propagande à travers des discours ronflants et sur les réseaux sociaux, alors que les pauvres citoyens sont abandonnés à leur triste sort.

Le colonel Ismaël Wagué est un homme qui a le verbe facile. Il en abuse dans ses sorties médiatiques, avec une dose d’humilité qui trompe la vigilance de ses interlocuteurs.

Au cours des premiers mois de sa prise de fonction en tant que ministre en charge de la Réconciliation nationale, il a joué sur la sensibilité des Maliens, allant souvent à la rencontre des chefs de milice, tel que Youssouf Toloba. Des promesses ont été faites mais en fin de compte, ce fut le désespoir. Aucun acte d’envergure allant dans le sens de la réconciliation n’a jamais été posé. Les victimes de la guerre sont alors restées sur leur faim. Au pays dogon, les populations confient à qui veut l’entendre : ” Wagué n’a rien foutu. Il est la déception parmi les cinq colonels qui gèrent le pouvoir”.

Des organisations civiles informelles qui se battent pour la survie de leurs parents sur le terrain du conflit ne veulent même pas entendre parler du colonel Wagué et certains de ses collaborateurs : « Nous les considérons comme des touristes ou des personnalités en vadrouille lorsqu’ils se rendent chez nous. Ils n’ont rien résolu. Au contraire, les choses vont de mal en pis car, le fossé de la méfiance s’agrandit entre communautés qui s’accusent mutuellement d’être responsables de la crise ».

Toujours dans le centre du pays, plus précisément vers Djenné (nous y reviendrons dans un article de fond sur l’insécurité), les populations, notamment les chasseurs, ne veulent pas entendre parler d’Ismaël Wagué. « Tout ce qu’il dit, c’est de la poudre aux yeux. La mission qui lui est confiée n’est bénéfique qu’à lui et quelques membres de son cabinet. Nous parlons en connaissance de cause car nous savons beaucoup de secrets. » Ces hommes désespérés vont plus loin : ” Des villages entiers ne se font plus confiance pour plusieurs raisons et nous n’avons jamais vu d’action probante suite aux doléances adressées au département de la Réconciliation par nos soins. En tout cas, nous ne le considérons plus comme l’Homme sur qui il faut compter”.

Sur les sites des déplacés aux environs de Bamako, la triste réalité se lit sur les visages de pauvres citoyens contraints de quitter leurs terroirs à cause de l’insécurité. Selon plusieurs d’entre eux, le mal de ce pays, c’est le département de la Réconciliation qui, rarement, tient ses promesses. C’est aussi le cas du département chargé de la Solidarité (un dossier en cours sur ce volet aussi), ajoutent-ils, les yeux remplis de l’arme. Ils sont abandonnés à eux-mêmes sur les sites et ils racontent les pires conditions de vie de leurs parents restés sur la terre de leurs ancêtres. « Il faut retirer la Réconciliation a colonel Wagué, car il fait tout sauf cette noble cause, gage de toute stabilité », estiment-ils.

L’Accord dit d’Alger dans les tiroirs

Qu’est-ce qui ne va pas après tant d’assurance et de promesses faites par le colonel Wagué dans le cadre de la mise en œuvre intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger ?

Les groupes armés, ex-rebelles, regroupés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont clairement dénoncé « la lenteur », sinon même « l’abandon » du processus par le département en charge de la question. Toute chose qui met à mal tous les efforts consentis pour le retour de la stabilité au nord du pays. D’ores et déjà, la rupture se lit à travers le communiqué final de la session ordinaire du comité exécutif de la CMA, tenue avant-hier au nord du pays. Les responsables de la CMA parlent « d’abandon » du processus par les autorités, et ils se réservent le droit d’en tirer toutes les conséquences.

Boubacar Yalkoué

Source: LE PAYS

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