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PAG: des politiques se prononcent

Le Plan d’action du gouvernement (PAG) approuvé ce lundi n’enchante pas des responsables politiques qui estiment que le document est irréaliste au regard du délai imparti.

 

Le Conseil national de transition (CNT) a adopté le Plan d’action du gouvernement dirigé par Choguel Kokalla MAIGA par 102 voix pour, 2 contre et 9 abstentions après 10 heures de débats. Ainsi, le Premier ministre a le quitus du CNT pour l’exécution de son Plan conformément à la Charte de la transition et à la Constitution du 25 février.
Articulé autour de quatre axes majeurs, ce document après son adoption par l’organe législatif de la transition est vigoureusement contesté par des responsables politiques du RPM et du Parena. Ils estiment que le chef du gouvernement a été imprécis sur ses actions prioritaires à conduire pour une transition réussie.
« Le Premier ministre a été trop vague sur les sujets dans son PAG », a déclaré le secrétaire général du PARENA, Djiguiba KEITA qui rappelle des contributions de son parti sur certains aspects du PAG, à savoir : l’organe unique, les Assises nationales de la refondation.
Sur le point de l’Organe unique, des responsables du PARENA qui ont été reçus par le Premier ministre sur le sujet quelques semaines plutôt, ont rejeté toute proposition allant dans le sens de la révision constitutionnelle pour toucher aux prérogatives constitutionnelles de la Cour, a indiqué Djguiba KEITA. D’où, justifie-t-il, le plaidoyer du PARENA en faveur d’un Organe unique intérimaire pour la circonstance. Exceptionnellement, explique PPR, cet Organe va organiser seulement l’élection présidentielle et les élections législatives.
De même, Zoumana N’Tji DOUMBIA, l’un des cadres du Rassemblement pour le Mali (RPM), pense que ce qui se dessine n’est pas un Organe unique. Selon lui, sa création n’est pas claire.
« Cette structure, en plus d’être indépendante, sera chargée de proclamer les résultats des élections. Ce qui suppose même une révision de la constitution. Qu’à cela ne tienne, suivant la proposition de Choguel, l’Organe unique ne pourrait pas organiser les élections communales annoncées en novembre », a ajouté M. DOUMBIA.
La tenue de ce scrutin conformément au calendrier initial retenu par Choguel est incertaine. A ce jour, le projet de loi n’est pas encore fait à plus forte raison que ça passe devant le CNT, a expliqué le responsable politique du RPM.
Donc, ce serait un miracle si le chef du gouvernement parvenait à mettre en place cet Organe d’ici septembre pour s’occuper des élections communales en premier lieu, a-t-il affirmé, en attendant les autres scrutins.
L’autre point de divergence est relatif à la tenue des Assises nationales de la refondation envisagées par le Gouvernement pour poser les jalons d’un nouveau départ.
Pour PPR, la tenue de ces Assises nationales aux contours flous est une «une redite du Dialogue national inclusif ».
Et compte tenu du temps et le contexte économique difficile, Zoumana N’Tji DOUMBIA suggère au Gouvernement de surseoir à cette initiative qui, en est-il sûr, ne va rien apporter.
« J’estime que c’est budgétivore de mettre plus de 2 milliards dans ces assises. Ce n’est pas opportun. La tenue de ces assises serait une perte de temps, d’argent alors que le pays a besoin d’autres choses aujourd’hui », a-t-il insisté.
Et contrairement à la vision de Choguel, pour M. DOUMBIA, ces assises ne peuvent s’opposer à un pouvoir légitimement mis en place dans la mesure où la Constitution dit que c’est le gouvernement qui détermine et conduit la politique de la nation.
« Ce n’est pas possible que ces assises soient souveraines. Cela n’est possible que lorsque la constitution est suspendue. Mais telle n’est pas le cas au Mali. Aucune loi ne saurait déroger à cette constitution », a-t-il rétorqué, avant d’indiquer que l’approche de Gouvernement ne s’inscrit pas dans une logique de rupture.
Sinon, poursuit-il, le Premier ministre, à l’image du président de la transition, devrait aller à la diminution du train de vie de l’Etat à commencer par lui-même, à travers ses fonds de souveraineté.
« On aurait souhaité qu’il puisse renoncer aussi aux 2/3 de son fonds de souveraineté comme l’a fait le président de la transition », espère-t-il.
A cet égard, ces deux responsables politiques soupçonnent le Gouvernement de vouloir prolonger le délai la transition. Ce qui serait une violation de leur serment et de leur engagement pris devant la communauté nationale et internationale.
En revanche, le parti Alliance pour la république (APR) n’est pas aussi pessimiste. Son président affirme que le PAG répond aux aspirations du peuple. Et l’APR s’y reconnaît, a affirmé Oumar Ibrahim TOURE.
« Une étape importante vient d’être franchie par le Premier ministre Choguel MAIGA devant le CNT. Il reste maintenant sa mise en œuvre dans les délais convenus », a déclaré le président TOURE.
Pour sa part, l’ancien Premier ministre, Moussa MARA, dans les colonnes de nos confrères de l’Essor, estime que c’est normal que le PAG pour le reste de la transition soit bien ambitieux. Car, soutient-il, les défis sont importants.
Il a affirmé que le PAG cible des résultats qui sont inscrits dans la Charte de la Transition en faisant de la sécurité, les réformes, l’organisation des élections, la gouvernance vertueuse et la stabilité sociale des axes d’intervention majeurs.
Selon lui, il se situe aussi dans le sillage du précédent programme en réduisant les objectifs, car le temps imparti est plus réduit. A partir de cette présentation, c’est la course contre la montre.
« Il est maintenant nécessaire que des actes soient posés rapidement et que les intentions fortement exprimées soient concrétisées rapidement, dès la semaine prochaine si possible. C’est aussi cela qui créera les dynamiques nécessaires au succès dans l’exécution de ce programme ambitieux », a indiqué M. MARA.

Pour autant, il reproche au document le manque de lisibilité sur le chronogramme détaillé indispensable pour que l’ensemble des acteurs politiques, de la société civile et des forces vives accompagnent le gouvernement dans la conduite des tâches vers cet objectif crucial.
De son côté, Boubacar BOCOUM, politologue, admet que le PAG est trop ambitieux pour le temps restant de la transition. Mais, il est également à l’honneur de Choguel de placer la barre haut.
Par ailleurs, il dit resté sur sa faim par rapport aux actions de la sécurisation du pays, la relance de l’économie, des réformes institutionnelles. Sur ces aspects, le PAG ne donne pas de lisibilité claire, a déploré M. BOCOUM.
« Dans tous les cas, seul un débat politique de haut niveau permettra d’aplanir les différends. Si les acteurs estiment qu’il faut tenir les élections dans les conditions actuelles, qu’on y aille. C’est là où les assises proposées pourraient être intéressantes », a-t-il proposé en vue de permettre aux acteurs de se mettre d’accord sur l’espace et le mécanisme d’organisation des élections.
Quant à la crainte de la prolongation de la transition soulevée par des partis politiques, M. BOCOUM répond qu’elle est le signe de la panique des dirigeants politiques de plus en plus discrédités.
« C’est un procès d’intention. De toutes les façons, le PM, seul, ne peut pas tout faire. Il veut avoir un vaste chantier et faire une partie. Et au nom de la continuité de l’Etat, celui qui viendra après peut le poursuivre. Il n’est pas obligé de tout boucler», a indiqué M. BOCOUM.
Enfin, le Mali, à lui seul, ne peut pas prolonger la transition, a précisé le politologue. Il faudra également le quitus de la CEDEAO.

Par Sikou BAH

Source : Info-Matin

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