L’édition spéciale Bamako 2017 de la Biennale artistique et culturelle du Mali a été ouverte le dimanche 24 décembre 2017 au Stade omnisports Modibo Kéita, sous la présidence du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita entouré des membres du gouvernement.
C’est dans une ambiance festive que s’est déroulée la cérémonie d’ouverture de la Biennale. Cette cérémonie a été agrémentée par des interventions du maire de la Commune II, de la ministre de la Culture, des mots d’ouverture de la Biennale par le président IBK. Très riche en couleurs, elle a été rehaussée par les défilés des troupes des dix régions et du district de Bamako. Ce défilé a commencé selon l’ordre de tirage des régions. C’est ainsi que le bal a été ouvert par les pionniers et la Mascotte de la Biennale, suivis respectivement par les troupes de la Fédération des handicapés (Femaph), la diaspora, Koulikoro, Kidal, Tombouctou, Sikasso, Ménaka, Taoudénit, Mopti, Ségou, Kayes, Gao et le district de Bamako. Au plan des prestations d’artistes, Mylmo est sorti avec un morceau sur l’histoire du Mali. L’humoriste Kanté a fait rire les spectateurs, surtout avec une imitation d’IBK. Il a par la suite dédié un poème à la paix et à la réconciliation.
Le clou de la soirée a été la chorégraphie couplée au tableau phonique animée par 2 000 jeunes accompagnés par des artistes comme Haïra Arby, Djénéba Seck et l’Ensemble instrumental. Les chansons de la chorégraphie et les messages du tableau phonique étaient consacrés à la paix et la réconciliation. Les messages du tableau phonique étaient intitulés : “La Biennale artistique et culturelle : facteur de paix et de réconciliation” ; “Notre diversité culturelle fait notre force” ; “Cultivons la cohésion sociale et le vivre ensemble” ; “L’accord pour la paix et la réconciliation, la tolérance, le dialogue et le pardon sont des vertus de notre nation” ; “Stop : les enfants disent non à la guerre” ; “Les femmes et les jeunes s’engagent pour la paix et l’unité nationale “ ; “Ensemble pour la paix et la réconciliation nationale” ; “Le Mali : un et indivisible”.
Auparavant, dans son allocution, le maire de la Commune II, Cheick Hama Niaré, a salué le grand retour de la Biennale qui manquait aux Maliens. Il a rappelé l’importance de la Biennale qui est un moment de communion, de partage, de brassage, de culture, de valeur, de pardon. “Avec l’organisation de la Biennale, le peuple malien a prouvé sa capacité de se mettre debout pour aller vers la réconciliation nationale. Ensemble, nous allons réussir le Mali”, a-t-il affirmé.
Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo : ” Le retour de la Biennale est une exigence de l’Accord de paix”
Pour la ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, la Biennale n’est pas seulement la manifestation culturelle, elle n’est pas seulement la compétition entre les régions, elle n’est pas que la fête du folklore malien. “La Biennale est à la fois tout ça. Elle a été conçue dans un esprit de transversalité des objectifs par les pères fondateurs. Ce qui nous permet aujourd’hui de ne pas cloisonner la Biennale dans une configuration unitaire et soliste. Cet événement est la chose de tous les enfants du Mali et personne ne doit ou ne peut être laissé sur le bord de la route dans son organisation et dans sa mise en œuvre. Cet état de fait a été une réalité à chaque étape de l’organisation de cette édition, tant chaque membre du gouvernement a fait sien le retour de la Biennale”, a-t-elle précisé.
Ensuite, elle a dévoilé la motivation du retour de la Biennale : “Au-delà donc de la nécessité de son retour, la Biennale, dans le contexte de sortie de crise, est avant tout pour nous, Maliens, une autre promesse tenue par le président Ibrahim Boubacar Kéita. Ce n’est pas su de tous, mais le retour de la Biennale est une exigence de l’Accord de Bamako pour la paix issu du processus d’Alger en son annexe 3. […] Cette manifestation culturelle est un effort de rapprochement des peuples dans une dynamique de destruction définitive des barrières entre eux. […] Le Retour de la paix passe par le symbole et les exemples. Le monde attend de voir le Mali se réconcilier. Le monde a un signal fort dans ce stade omnisports baptisé du nom du premier président du Mali, Modibo Kéita, initiateur du concept de la Biennale où se retrouve tous les enfants du Mali, sans distinction de parti ou de religion. Je souhaite que ce signal soit un signal pour notre jeunesse qui a subi les impacts néfastes des crises politiques et sécuritaires, des pressions environnementales et surtout le désastre de maladies comme le VIH et le Sida”, a-t-elle révélé. Elle a ajouté que l’organisation de la Biennale a été possible grâce à l’appui inconditionnel du président IBK et le partenariat gagnant-gagnant du département avec des structures privées comme le Groupement professionnel des agences de communication du Mali (Gpac), Toguna, Pmu-Mali.
Des poignées de main de la paix de la ministre de la Culture
A la fin de son discours, Madame la ministre a invité les spectateurs au stade à se lever et donner la poignée de main de la paix à leurs voisins. Ce qui a été un moment de communion très apprécié.
IBK : “La Biennale tire sa naissance des esprits de Modibo Kéïta”
Avant d’ouvrir la Biennale, le président Ibrahim Boubacar Kéïta a rendu un vibrant hommage aux festivaliers pour avoir rendu belle la cérémonie d’ouverture de la Biennale 2017. Aussi, il a glorifié le premier président du Mali, Feu Modibo Kéïta, qui était imbu des valeurs cardinales de la société malienne dans laquelle l’éducation passait par les jeux juvéniles. “Cela est un fait de toutes les vieilles civilisations. Et le Mali ne peut pas demeurer en marge. Ainsi, partout où le jeune Modibo, instituteur, fraîchement issu de Gorée a servi, il a pris à cœur d’organiser la jeunesse malienne autour des activités culturelles, récréatives, sportives. Ainsi, la Biennale tire sa naissance des esprits de cet homme dont le Mali se souviendra longtemps encore et a à le remercier. […] A travers cette cérémonie d’ouverture, Modibo est à l’honneur. Puissions-nous toujours nous en souvenir surtout à des jours comme aujourd’hui où nous le célébrons à travers cette initiative qui rassemble tous les deux ans, l’ensemble de la jeunesse malienne dans une communion des cœurs, des esprits, qui fait que notre devise Un Peuple, Un But, une Foi s’incarne dans la réalité de nos vécus. […] An bè gnogon bolo, Alla ka an to gnogon bolo (nous sommes ensemble, que Dieu fasse que nous restons ensemble)”, a déclaré IBK avant d’ouvrir la Biennale dont les compétitions ont commencé le lundi 25 décembre au Palais de la culture.
Siaka DOUMBIA
LES COMPéTITIONS DE LA BIENNALE BAMAKO 2017
La paix et la réconciliation au cœur des prestations
Débutées le lundi 25 décembre 2017 au Palais de la culture Amadou Hampâté, les compétitions de l’édition spéciale de la Biennale de Bamako 2017 se poursuivent. Ces compétitions ont commencé avec les troupes de Koulikoro et de Bamako pour se poursuivre avec celles de Kidal, Tombouctou (le mardi 26 décembre 2017) ; Sikasso, Ménaka le mercredi 27 décembre 2017. Ces troupes ont donné le meilleur d’elles-mêmes en orchestre moderne, en solo de chant, en chœur, en ensemble instrumental, dans la pièce de théâtre et la danse traditionnelle. Le thème central de ces prestations était consacré à la paix et à la réconciliation nationale.
ue ce soit en chants ou en danses, chaque troupe, dans les différentes disciplines, a interprété la thématique selon sa conception de la paix et de la réconciliation. Mais c’est dans le théâtre que cette notion de paix et de réconciliation a été le plus illustrée. Par exemple, la pièce de Koulikoro a traité le sujet avec un exemple de mariage polygamique dans lequel les deux coépouses (nordistes et sudistes) ne s’entendaient pas à cause des considérations ethniques. Mais grâce à l’implication de bonnes volontés (dialogue social), la paix reviendra dans cette famille où les enfants se réconcilièrent entre eux et avec leur père.
Auparavant, son orchestre moderne a chanté “Kèlèmagni” avant de conter les avantages de la paix et de la réconciliation. “Le Mali est un pays d’agriculture, d’élevage, de pêche. Les Maliens ne connaissent pas la guerre. La guerre n’est pas bonne. Donnons-nous la main pour faire la paix. Blancs et Noirs, donnons-nous la main pour la paix”, a chanté la troupe de Koulikoro en orchestre moderne. En 2e morceau, l’orchestre a chanté “Adamadenya” dans lequel l’humanisme est vanté. “L’homme est né dans la main des hommes, il sera enterré dans la main des hommes”.
La troupe théâtrale de Bamako s’est appesantie sur la guerre et ses conséquences dramatiques ainsi que sur les avantages de la réconciliation des cœurs et des esprits. Le solo de chant était sur l’unité, le travail bien fait.
Composée de jeunes, la troupe de Bamako a impressionné la salle par son orchestre moderne, son ensemble instrumental, son solo.
Après Koulikoro et Bamako, les troupes de Kidal et Tombouctou sont montées sur scène le mercredi 26 décembre 2017 pour chanter et danser la paix. Parrainée par le président de la Cour suprême, Nouhoun Tapily, cette soirée était celle des combattants armés qui ont compris la nécessité de la paix pour déposer les armes. Dans les chants en solo, chœur, ensemble instrumental, danse traditionnelle et la pièce de théâtre, la guerre (facteur d’exil) a été dénoncée. Dans leurs pièces, Kidalois et Tombouctiens ont rejeté la rébellion et appelé les combattants à déposer les armes pour aller au dialogue, au changement de comportement afin d’aller à la paix, à la réconciliation, au vivre ensemble, des vertus qui ont été beaucoup magnifiées. Les prestations des troupes des deux régions ont été amplement applaudies par la salle qui avait refusé du monde. En chœur, Kidal a chanté “la paix partout au Mali”. En chœur, la troupe de Tombouctou chantera le Mali, pays de fraternité, d’unité, un pays où le vivre ensemble est une réalité. La danse traditionnelle de Tombouctou a fait danser beaucoup de spectateurs dans la salle.
Siaka DOUMBIA
Source: Aujourd’hui-Mali