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Ousmane Issoufi Maïga, président du comité de pilotage du dialogue inter-maliens : “La réussite de cet atelier de validation des Termes de référence sera déjà les prémices de celle du Dialogue”

“La qualité des résultats du Dialogue dépendra de la neutralité des thèmes à développer, de l’objectivité  et de la pertinence des questions à poser” site du dialogue inter-maliens dépendra de celle de cet atelier de validation. Voici le discours intégral de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga.

C’est parti depuis lundi 26 février 2024 pour l’atelier de validation des termes de références du dialogue inter-maliens pour la paix et pour la réconciliation nationale dont les travaux se déroulent au CICB. A l’ouverture, le président du Comité de pilotage, Ousmane Issoufi Maïga estime que la réus

Avant toute chose, rendons-grâce à Allah, le Seigneur des Mondes, dans la miséricorde duquel se tient cette auguste assemblée.

Puisse-t-il nous permettre de la conduire à son terme dans la paix, la quiétude et la fraternité. Monsieur le Premier ministre,

Permettez-moi de m’adresser d’abord et solennellement à son Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat, Son Excellence le Colonel Assimi Goïta,

Excellence Monsieur le Président,

Le 5 février 2024, vous avez procédé à l’installation des personnalités que vous aviez nommées, deux semaines plus tôt, comme membres du Comité de pilotage du Dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale.

L’importante allocution que vous avez prononcée à cette occasion, rappelait et précisait la mission que vous leur aviez assignée à travers le décret n°2024-0053/PT-RM du 26 janvier 2024 portant création du Comité de pilotage du Dialogue inter-maliens et le Décret N°0062/PT-RM du 02 février 2024 portant nomination des membres dudit Comité.  Ce faisant, vous aviez exprimé votre confiance en la qualité des hommes et des femmes qui composent le Comité de pilotage. Ensuite, vous les aviez appelés à plus d’engagement et de détermination pour relever les multiples et immenses défis qui entravent la paix, la réconciliation nationale et la cohésion sociale dans notre pays.

Avant l’heure du bilan, je peux vous assurer Excellence Monsieur. Le Président que votre message a été bien entendu et bien compris.  Bien entendu et bien compris comme vous-même vous aviez entendu et compris les cris de cœur et les pleurs inconsolables qui viennent des profondeurs de notre peuple.  Ces cris et ces pleurs dont les échos stridents sonnent dans les oreilles de chacune et chacun des maliens depuis plus d’un demi-siècle, mais qui jusqu’ici tardent à se taire. En effet, la crise multiforme que connaît le Mali actuellement n’est pas une crise récente ni dans sa forme et dans son fond.

Dès le lendemain de son indépendance, la jeune République du Mali a eu à faire face à des troubles de plusieurs natures plus ou moins violents les uns que les autres. Le pays a connu la révolte d’un groupe de Touaregs, des manifestations contre la création du Franc malien, des troubles sociopolitiques ayant conduit aux changements de régimes et de Républiques et depuis 2012, une crise multidimensionnelle, complexe, d’une rare violence, j’allais dire d’une rare cruauté. Les autorités maliennes, de bonne foi, certes, ont toujours proposé des réponses dont les résultats sont restés inefficaces.

En proposant un Dialogue inter-maliens direct et inclusif, vous montrez que vous aviez appréhendé les causes de ces insuffisances qui sont autant d’échecs de processus mal pensés, souvent conduits avec peu de rigueur et peu d’engagement patriotique.

Ces processus conduits par des mains étrangères qui imposaient l’exclusivité de leur médiation et faisaient peu ou pas de place à la défense des intérêts vitaux des populations victimes des crises. Ainsi, les membres du Comité de pilotage ont reconnu l’origine lointaine des trois principes cardinaux que vous aviez posés pour guider l’action publique au Mali, à savoir ;

«Le respect de la souveraineté du Mali ;

Le respect des choix stratégiques et des partenaires opérés par le Mali ;

La prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises».

Ils ont aussi compris l’invitation que vous leur faites de cerner les problèmes et questions qui s’adresseraient à la mémoire et à la conscience de leurs concitoyens.

N’est-ce pas là la signification qu’il faut donner à la notion de termes de référence. Il s’agit, en d’autres termes, d’explorer profondément tous les contours de la crise au Mali, de poser des questions pertinentes qui amèneront les populations à apporter les réponses et les solutions justes. Je Peux vous assurer que l’engagement pris devant vous le 6 février 2024 a été rigoureusement respecté. Les membres du Comité de pilotage ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont travaillé avec assiduité, persévérance et responsabilité.

Les débats, passionnants étaient intenses, et de haut niveau. Les discussions étaient franches, fraternelles, cordiales et empreintes de patriotisme. Ils ont été également ouverts ; toutes les opinions, expertises, sensibilités s’étant librement exprimées. Je voudrais, du haut de cette tribune, en votre nom, leur présenter mes vives félicitations et mes sincères remerciements pour leur engagement et leur extrême dévouement à la cause nationale.

Les résultats auxquels le Comité de pilotage est parvenu restent, cependant provisoires et seront soumis à d’autres niveaux.

Monsieur le Premier ministre,

Le projet de termes de référence que nous soumettons à l’expertise des honorables participants à cet atelier, n’aurait pas pu se construire aussi aisément, si nous n’avions pas bénéficié de soutiens et d’appuis multiformes du gouvernement et particulièrement les ministres des départements sectoriels directement concernés par l’organisation du Dialogue inter-maliens.

Je voudrais, au nom de tous les membres du Comité de pilotage et en mon nom personnel, vous adresser nos sincères remerciements et notre profonde gratitude. Je ne doute pas que votre soutien nous sera toujours acquis et nous bénéficierons de votre aimable, prompte et diligente sollicitude. Vous me permettrez d’associer à ces remerciements, Monsieur le Directeur général du Centre International de Conférences de Bamako (CICB) et tout son personnel pour leur disponibilité et la bienveillante attention dont ils nous ont couverts tout le long de nos travaux.

Monsieur le Premier ministre,

Excellence, Mesdames et Messieurs

M’adressant aux délégués, venus des dix-neuf régions, du District et de l’extérieur, je voudrais d’abord les féliciter pour le choix qui a été porté sur vos augustes personnes par vos communautés, vos structures et institutions respectives. Je sais que vous mesurez, à sa juste valeur, la portée de ce choix et que c’est avec fierté et engagement patriotique que vous acceptez votre mission de représentation.

Je voudrais, cependant, attirer votre attention sur la délicatesse et la complexité de votre mission. En effet, vous aurez à examiner et analyser un avant-projet des termes de référence qui vous sont proposés par les membres du Comité de pilotage. Celui-ci est composé de maliennes et de maliens de diverses origines sociales et professionnelles. Ce sont des citoyennes et des citoyens, qui n’ignorent pas les réalités de leur terroir d’origine. C’est, tenant compte de ces réalités qu’ils ont esquissé un premier tableau des thèmes qui constituent l’ossature des Termes de Référence.

Ce tableau demande à être contextualisé et actualisé. C’est à cet effort de contextualisation et d’actualisation que vous êtes conviés.  Vous devez analyser, avec un esprit critique, les thèmes qui vous sont proposés, au besoin les amender et les enrichir pour en sortir des sujets de débats et des questions qui permettront d’avoir des réponses justes et fécondes pour éradiquer les maux qui minent notre société, compromettent son avenir et alimentent la haine et la division de nos populations.

Mesdames, Messieurs les délégués,

Le moment de l’atelier de validation n’est pas celui des débats. Il s’agit d’un exercice de cogitation et d’objectivation qui doit conduire à bien cerner les sujets et poser les questions pertinentes et faire des propositions qui alimenteront les débats lors du Dialogue proprement dit.

Le Comité de pilotage vous propose les cinq thèmes suivants pour susciter les débats, mais pas pour les influencer. Ces thèmes sont :

  1. Paix, réconciliation nationale et cohésion sociale ;
  2. Questions politiques et Institutionnelles ;
  3. Économie et développement durable ;
  4. Aspects sécuritaires et de défense du territoire ;
  5. Géopolitique et environnement international. Ces thèmes sont assortis de sous-thèmes et de notes techniques qui doivent vous aidez à mieux appréhender les contours du sujet. Vous aurez, donc, en charge de les approfondir et de les développer à la lumière des sous-thèmes et des notes techniques. Vous recenserez les questions pertinentes qui permettront un diagnostic sans complaisance de l’état de santé de notre pays et de comprendre les véritables origines et les enjeux des crises qui ont entamé notre unité nationale et notre cohésion sociale en aiguisant des inimités faussement historiques. Toutefois, vous vous souviendrez à chaque étape de vos réflexions, qu’il n’y pas de mauvaises réponses, mais plutôt de mauvaises questions. La qualité des résultats du Dialogue dépendra donc entièrement, de la neutralité des thèmes à développer, de l’objectivité et de la pertinence des questions à poser.

Le Comité de pilotage, les autorités de la transition et tout le peuple malien fondent un grand espoir sur le Dialogue-inter-maliens, la réussite de l’atelier sera déjà les prémices de celle du Dialogue. En effet, toutes les fois que notre pays a connu des soubresauts qui menacent sa stabilité et son unité, les maliens ont eu le réflexe de se concerter, de se parler pour contenir les dangers. L’atelier de validation durera quatre jours et est aussi une réponse nationale qui exprime la forte résilience de notre peuple. Je vous invite à maintenir l’engagement, l’assiduité, la détermination, l’atmosphère de courtoisie et l’esprit de convivialité qui ont prévalu tout au long des travaux de l’élaboration des projets de termes de référence.

Monsieur le Premier Ministre ;

Excellences, Mesdames et Messieurs ;

En terminant sur ces notes d’espoir je voudrais encore une fois remercier, le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, Chef de l’Etat et toutes les Autorités de la Transition qui nous ont permis, encore une fois, de nous mettre au service de notre nation.

Je ne doute pas que je partage cette immense joie de servir la patrie avec toutes les maliennes et tous les maliens. C’est pourquoi, je suis convaincu que les Maliens participeront à cet événement inédit, qui ne sera pas un évènement de trop.

Certains de nos compatriote, à tort ou à raison, pensent qu’il ne s’agira que d’une nouvelle version de plus avec toujours les mêmes visages. Ils doivent, cependant, se convaincre que le Dialogue inter-maliens ne s’organise pas ex-nihilo.

Il s’inspirera des acquis des foras antérieurs dont il tirera tous les enseignements permettant d’orienter les décisions et de construire le Mali de nos ambitions et de nos rêves. Son but ultime est d’offrir les mêmes chances d’épanouissement à tous les enfants de la nation et de développement à toutes les régions du pays.

Il s’organisera, avec et pour les maliens, sans exclusive. Tous doivent se sentir à la fois acteur et bénéficiaire. Ne dit-on pas, chez nous, qu’il n’y a rien de plus beau et de plus noble que le fait de vivre ensemble, de se disputer, de se battre et après tout de s’asseoir, se regarder les yeux dans les yeux, se parler et se pardonner.

Dieu n’est-il pas le Grand Pardonneur

Que sa Bénédiction, sa Félicité et sa Miséricorde couvrent le Mali et les maliens

Vive la Paix et la Réconciliation ;

Vive le Dialogue inter-maliens ;

Vive le Mali uni et solidaire”.

Aujourd’hui-Mali

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