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Oumou Berthé dite Dikorè : Du théâtre à la communication !

Oumou Berthé plus connue par les Maliens sous son nom de scène Dikôrè est une artiste- comédienne qui n’est plus à présenter. Dans un entretien qu’elle nous a accordé, elle nous parle de son parcours, de sa carrière et de ses projets d’avenir. Lisez plutôt.

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Le Tjikan : Qui est Oumou Berthé ?

Oumou Berthé : Je suis la fille de feu Bakary Berthé et de Djeneba Diarra. J’ai fait mon premier cycle à Ségou avant de faire le second cycle et mes études secondaires au niveau de l’Institut National des Arts (INA) à Bamako. Quelques années après, j’ai eu la fonction publique en tant que bibliothécaire. J’étais à la bibliothèque de l’ENSUP. C’est de là-bas que j’ai pris l’initiative de continuer mes études. J’ai fait le concours  d’entrée à la FLASH. J’ai fait les quatre ans et je suis sortie comme metteur en scène.

Pourquoi le nom Dikôrè vous colle tant à la peau ?

Le nom Dikôrè est venu lors  d’une création avec l’ONG femme et développement qui était affiliée à la CMDT dans le temps. On nous a donné un sketch dans lequel j’ai joué le rôle de Dikôrè. Après Dougoutigui du nom de Seydou Touré qui se trouve à l’ORTM avec son groupe m’a donné le nom de Dikorè car pour lui, avec le rôle d’une femme peulh que je devrais jouer, ce nom me conviendrait bien. C’est comme ça que j’ai pris ce nom de scène.

Ces derniers temps, on ne vous voit plus trop dans les pièces de théâtre, qu’est ce qui explique cela ?

C’est simple. A cause de la situation du pays, les partenaires ont fui. Aussi, avec la conjoncture, on a plus de créations en dehors du Mali comme avant. Sinon, avant, on avait  beaucoup de créateurs qui venaient au Mali avec qui on faisait des créations ensemble et  qu’on partait jouer en dehors du Mali. Avec les sketchs aussi, les conditions ont changé. Il y’a aussi le problème de temps qu’il faut prendre en compte car parfois, je ne suis pas disponible.

Aujourd’hui, on vous retrouve plus à la radio rurale, est-ce à dire que vous avez arrêté le théâtre ?

Ce n’est pas un changement de métier car un artiste, même étant à la radio peut travailler. Mais, s’il n’y a pas de création, cela n’est pas possible. En dehors de cela aussi, il faut  laisser les jeunes s’épanouir, les aider, leur donner leur chance et leur permettre de travailler  dans de bonnes conditions.

La radio, c’est autre chose. J’étais à la culture et j’ai bifurqué à la communication. J’ai choisi la radio pour  un certain nombre de raisons. En tant qu’artiste-comédienne, je voulais découvrir le Mali profond. Et ma venue à la radio m’a permis de connaitre mon pays.

Je suis à la radio rurale depuis 2014.

Pour de nombreux jeunes comédiens, vous êtes une référence, quels conseils leur donnerez-vous ?

Je leur  dirai de travailler car seul le travail paye. Le métier d’artiste, de comédien est un métier très délicat. Il faut savoir  convaincre le public, savoir parler, savoir se conduire, en un mot, il faut être exemplaire dans tout ce que l’on fait. Et c’est le seul secret pour être un bon artiste.

Quelle a été votre plus grande satisfaction dans votre métier d’artiste-comédienne ?

Ma plus grande satisfaction en dehors du pays c’est  qu’un grand metteur en scène Français qui était le directeur du théâtre d’Angers m’a beaucoup aidé et encouragé dans tout ce que je faisais. Je ne sais pas ce qu’il  a trouvé en moi mais, même en dehors du travail, il me donnait des conseils et me guidait. Et il m’a  fait tourner en France durant deux ans. Cela est ancré en moi et je ne l’oublierai jamais. Il a arrêté avec le théâtre comme il est parti à la retraite, mais on est contact et on se donne toujours des directives. Mais, j’ai viré dans la communication.

Quelle est votre plus grande déception ?

Ma plus grande déception est que dans ce pays, on a tué le théâtre. Le développement d’un pays dépend de sa culture. Je ne l’ai pas invité.  Les exemples parfaits sont la Chine, les Etats-Unis. Tout pays se développe à travers sa culture et le théâtre fait partie sinon l’élément clé. On ne peut pas tout dire à un peuple, un à responsable. Mais c’est à travers le théâtre qu’on peut changer les choses. On demande un changement de comportement dans ce pays alors que c’est à travers le travers  le théâtre qu’on peut changer les choses, les comportements. On peut aider les  gens à changer dans le plaisir, dans la joie. Et cela se passe par le  théâtre.

De quoi souffre aujourd’hui le théâtre malien ?

Le théâtre souffre aujourd’hui des responsables. Sinon les artistes-comédiens devraient être épaulés par le gouvernement. Il y’a des stratégies, il y’a des rencontres communales, régionales. Mais on a tout laissé tomber. Il n’y a pas de financement pour le théâtre. On fait  le théâtre aujourd’hui parce qu’on a le plaisir de le faire. Mais avec tout ça, on n’a même pas d’endroit où faire des répétitions.

Avez-vous des projets dans le cadre du théâtre ?

Je compte me concentrer sur les activités des enfants. Il s’agit de faire le cinéma pour les enfants, les tout-petits. J’avais une troupe exclusivement féminine que j’appelais troupe Kôfilè ou regard sur le passé. Les comptes que nous faisions étaient pour nous des moyens d’éducation. Ma vision est l’éducation des enfants car pour moi, il faut éduquer l’enfant dès son bas âge. Et mon objectif est d’éduquer les enfants à travers le théâtre.

Propos recueillis par D. Diama   

 

 

Source: Tjikan

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