A moins de vingt ans, cet étudiant en droit intègre lentement mais sûrement le cercle des écrivains maliens après la publication de son roman en février 2013.
Aux écrivains bien nés, la valeur n’attend point le nombre des publications. En publiant à 17 ans son premier livre, Oumar Sidibé devient ainsi l’un des plus jeunes écrivains du Mali, voire de l’Afrique. Intitulé : ‘’Une si troublante affaire…’’, le livre riche de plus de 90 pages a été dédicacé en février 2013. Le jeune y évoque les péripéties de Ali Diallo, professeur d’université qui deviendra ensuite le président de Mila avant de se faire tuer par son propre fils qui avait entre temps rejoint les rangs des terroristes.
Ce premier roman a servi de prétexte à ce natif de la capitale malienne (né le 21 février 1995), pour dénoncer les tares d’une société en souffrance avec ses valeurs culturelles et morales. Et aussi d’évoquer la rébellion ainsi que les menaces terroristes auxquelles fait face le Mali depuis 2012 à cause de l’invasion pendant une dizaine mois par les jihadistes. Le roman qui s’articule autour de cinq parties comporte aussi une dose de surréalisme. Une manière pour cet aîné d’une fratrie de 4 enfants marquer sa préférence au surréalisme, du nom du mouvement littéraire et artistique né en France après la première guerre mondiale. D’où son style quelque peu débridé. « Ce qui m’intéresse le plus c’est le message que je passe d’abord. Si le message est compris, la forme importe peu », dit-il.
C’est au lycée Prosper Kamara où il a décroché son baccalauréat en 2012, en série langue et littérature que cet amoureux des belles lettres réalise véritablement qu’il a des prédispositions pour l’écriture. Il commence alors à composer des poèmes et à écrire de petites histoires. Le déclic a été réellement donné lorsqu’il a écrit, sur la demande d’un groupement culturel ‘’Walaha’’, le scénario d’une petite pièce théâtrale qui a été bien appréciée. Ces encouragements lui ont permis d’avoir confiance et à décider d’écrire un livre. Si ce premier roman est le fruit d’un amour pour les belles lettres, il ne demeure le résultat des défis. Le défi, de l’avis de Oumar Touré, est de redorer l’image l’école malienne dont les produits sont à tort et à raison négativement jugés en dehors de nos frontières, le défi d’être l’un des plus jeunes écrivains d’Afrique et le défi de contribuer à sa manière au développement du pays. Celui qui se définit comme un écrivain engagé s’identifie au poète martiniquais Aimé Césaire et apprécie beaucoup les œuvres d’Ahmadou Kourouma principalement “Les Soleils des Indépendances”.
En l’absence de chiffres précis, le longiligne garçon se dit tout de même satisfait du nombre d’exemplaires vendus depuis le lancement du roman et surtout des engagements reçus de la part de plusieurs personnalités du pays comme l’actuel Premier ministre Moussa Mara. Le secrétaire chargé au sport, à la culture et aux loisirs du Conseil national des jeunes de la commune IV tire sa force du soutien des encouragements de ses parents et proches ainsi que des bonnes volontés.
En attendant d’autres romans, Oumar Sidibé continue de faire la promotion de son premier bébé. Après plusieurs établissements scolaires du Mali, il s’apprête à partir bientôt au Sénégal voisin avant de se rendre en Côte d’Ivoire en novembre pour présenter son roman. L’étudiant en 2ème année de Droit à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Bamako adore les voyages, la lecture et actions citoyennes. Il appelle les jeunes maliens à lire et à s’engager dans la lutte pour le développement du pays. Ambitieux, il n’écarte pas la possibilité de descendre un jour dans l’arène politique pour faire bouger les choses. Son commentaire sur la situation actuelle du pays : « Les dirigeants actuels font de leur mieux. Il faut de la patience chez les Maliens car on revient de loin. Le changement espéré viendra des Maliens d‘abord. Le Mali n’a pas besoin d’homme fort mais d’un peuple décidé ».