Pour prendre à témoin l’opinion publique sur les conditions du déguerpissement, la coordination des associations des commerçants détaillants a organisé, le samedi dernier, une conférence de presse au carrefour des jeunes. Ils menacent d’aller en grève si leurs doléances ne sont pas satisfaites. La conférence était animée par Amadou Beïdy Daou, président de la coordination et Basidi Samaké, vice-président.
La colère ne faiblit pas du côté des commerçants victimes de l’opération de démolition et de déguerpissement entamée par le Gouverneur du District de Bamako, Ami Kane. En effet, cette opération est surtout décriée par les détenteurs de kiosques et des commerçants qui évoluent dans l’informel. « La mairie et le gouvernorat du district nous demandent d’évacuer les lieux. Mais ils ne nous ont pas indiqué l’endroit où on doit aller », se plaignent les victimes.
Les commerçants détaillants dénoncent le manque de concertation qui entoure l’opération. Selon Amadou Beïdy Daou, coordonnateur de l’association des commerçants détaillants, aucune rencontre, aucun dialogue ne s’est déroulé en amont entre le gouverneur et les associations de commerçants. Ces derniers ont été mis devant le fait accompli.
Pire, selon Amadou Daou, à ce jour les autorités n’ont proposé aucune mesure de recasement, ni d’indemnisation aux commerçants touchés par l’opération. « Le gouverneur ment, quand elle affirme que des magasins se trouvent dans les marchés de quartiers. C’est entièrement faux, je mets au défi quiconque de me montrer ses magasins. Tout a été vendu par des maires véreux », tempête Amadou Beïdy Daou.
Pour le vice-président de la coordination, Basidi Samaké, l’Etat doit prendre en compte le volet social, car « c’est au centre commercial et ses alentours que l’on retrouve les grands immeubles abritant à la fois des boutiques et des bureaux.
Et devant les principales voies, les commerçants détaillants ont installé des kiosques de fortune et dans ce lot, il y a également des vendeuses et vendeurs ambulants et des « coxeurs » (courtiers et intermédiaires en tout genre). Tout ce beau monde est à pied d’œuvre, au quotidien, pour mener des activités génératrices de revenus au centre-ville».
Face à la perte de ces revenus, et sans alternative, que vont devenir ses pères et mères famille ? Des voleurs, des prostituées ?, s’interroge M Samaké.
Pour remédier à cette situation de précarité, la coordination des associations des commerçants détaillant de Bamako exigent l’arrêt des opérations de déguerpissement en cour à Bamako.
Le recensement des personnes affectées, l’identification des pertes subies et l’engagement de l’Etat de les payer. Si ces doléances ne sont pas satisfaites dans les 72 heures, la coordination envisage de déclencher une grève de 48 heures dans les marchés de Bamako. Une grève qui sera suivie d’une marche de protestation.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube