Lors d’une conférence de presse donnée mercredi 26 octobre, à Kiev, le ministre de la défense ukrainien, Oleksii Reznikov, a déclaré qu’il n’estimait pas que le président russe, Vladimir Poutine, envisageait d’avoir recours à l’arme nucléaire en Ukraine. Selon l’ancien avocat, les forces russes « ont fait de nombreuses choses stupides depuis le début de la guerre, mais ils ont continué à être pragmatiques ».
La menace nucléaire est montée d’un cran alors que la Russie, ces derniers jours, multiplie les accusations à l’égard de l’Ukraine qui préparerait une « bombe sale », une arme conventionnelle (par exemple un missile) à laquelle sont adjoints des matériaux radioactifs. L’Ukraine et ses alliés occidentaux ont démenti ces allégations, tout en affirmant que la Russie, confrontée à des difficultés sur le terrain militaire, pourrait précisément tenter de faire exploser une « bombe sale » afin de justifier, par avance, le recours à une forme d’arme nucléaire.
L’enjeu des relations avec la Chine et l’Inde
Mercredi 26 octobre, pour la première fois, M. Poutine a rejoint les accusations des hauts responsables russes sur l’utilisation d’une « bombe sale » à des fins de provocation. Dans la journée, l’armée russe a procédé à un exercice annuel de dissuasion nucléaire avec des tests de missiles capables de transporter des ogives nucléaires.
Le ministre de la défense considère que la Russie ne se risquerait cependant pas à utiliser l’arme nucléaire, en raison, notamment, de l’enjeu crucial que constituent ses relations avec la Chine et l’Inde. Les Russes « tentent d’avoir des accords avec ces pays, notamment pour leur fournir du gaz et du pétrole. Or ces derniers leur ont envoyé des signaux très clairs : ne franchissez pas la ligne rouge de l’arme nucléaire », a déclaré Oleksii Reznikov. Les alliés de l’Ukraine ont fait savoir à la Russie que le recours à l’arme nucléaire aurait des conséquences catastrophiques pour le pays. Pour le ministre de la défense, la menace nucléaire vise avant tout à ébranler le soutien des pays occidentaux.
Concernant la contre-offensive ukrainienne visant à récupérer la région occupée de Kherson, au sud, ce dernier a reconnu que la situation était plus compliquée que lors de la contre-offensive menée dans l’est du pays, début septembre. Oleksii Reznikov a expliqué que la saison des pluies rend « très difficile » la circulation des véhicules de combat roulants et dit vouloir épargner ses troupes : « Nous ne partageons pas [avec les Russes] la philosophie de la chair à canon, nous essayons de garder nos soldats en vie. » Pour Bakhmout, ville du Donbass sous le feu russe depuis des mois, le ministre s’est contenté de reprendre les éléments de langage de l’armée : « la situation est difficile, mais sous contrôle ».