DES MESURES , TARDIVES, ENFIN PRISES PAR LE GOUVERNEMENT
-
Le Chef d’Etat-major des Armées, M’Bemba Moussa et celui de l’armée de terre limogés
-
Seconde dissolution de la milice ‘‘Dana Amassagou’’
Alors que le peuple malien observe un deuil de trois jours (vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 mars 2019), suite à l’attaque de la base de Dioura, le 17 mars dernier et au cours de laquelle 23 militaires maliens ont été tués par des terroristes, le massacre de plus de 134 civils, tôt le samedi, 23 mars 2019, dans le village de Ogossagou à une vingtaine de kilomètres de Bankass au Centre du pays dans la région de Mopti, plonge à nouveau le peuple dans le désarroi. En réaction, un Conseil extraordinaire des ministres s’est réuni, hier dimanche, 24 mars 2019, au palais de Koulouba, sous la présidence du Président de la République, Chef Suprême des Armées. Comme il fallait s’y attendre, des têtes et pas des moindres, sont tombées. Qui sont ceux qui ont été nommés au sommet du commandement militaire ?
Avant le Conseil extraordinaire des ministres d’hier dimanche, le Gouvernement a dépêché sur le terrain, le samedi, 23 mars, trois ministres : celui de la Santé, Pr Samba SOW ; de la Justice, Tiéna COULIBALY et le porte-parole, Amadou KOITA.
L’ETAT MAJOR GENERAL DES ARMEES, L’ARMEE DE TERRE, DE L’AIR, LA SECURITE MILITAIRE CHANGENT DE MAINS
D’importantes décisions ont été prises à l’issue de ce Conseil extraordinaire des ministres d’hier dimanche, 24 mars 2019. Ainsi, le Chef d’Etat-major des Armées, M’Bemba Moussa a été limogé. Il est remplacé par le Général de Division Abdoulaye COULIBALY. Son adjoint est le Général de Brigade Souleymane BAMBA. Le nouveau Chef d’Etat-major de l’Armée de Terre est le Général de Brigade Tiéba SANGARE, qui succède à Abdrahamane BABY, celui-là même qui a été chassé du camp de Nioro du Sahel le jeudi dernier.
Le chef d’État-major adjoint de l’Armée de Terre est le Colonel major Oumar DIARRA.
L’Armée de l’Air a un nouveau Chef d’Etat-major en la personne du Général de Brigade Daouda DEMBELE. Il a comme adjoint, Colonel major Ismaël WAGUE.
Le Directeur de la Sécurité Militaire est le Colonel Major Boukary KODIO ; son adjoint s’appelle le Colonel Salif MALLE.
A travers la nomination de ces gradés au sommet de la hiérarchie militaire, le Président de la République porte une certaine réponse aux inquiétudes et aux angoisses du peuple qui s’est manifesté un peu partout au Mali, particulièrement à Nioro du Sahel, à Ségou, à Kayes…
AU MOINS, 134 CIVILS MASSACRES A BANKASS
Selon certaines sources, au moins 134 personnes ont été tuées et le village a été complètement détruit. Trois ministres se sont rendus sur place pour réconforter les populations.
Une trentaine d’hommes lourdement armés et habillés en tenue Donzos : (chasseurs traditionnels) ont fait irruption dans le village de Ogossagou aux environs de 05h du matin. Le récit des témoins fait froid dans le dos : « ils sont venus de tous les côtés du village et ont tiré sur tout ce qui bougeait. Des vieillards, des enfants, des femmes enceintes, personne n’a été épargné », conclut le témoin joint sur place par notre confrère de Studio Tamani.
BILAN MACABRE
Un premier bilan macabre fourni par les autorités locales évoque au moins 134 morts. Plus de 500 maisons ont été incendiées et des greniers ont été également détruits.
Après l’incident, le préfet de Bankass à la tête d’une délégation s’est rendu sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Une unité des forces armées maliennes s’est également rendue sur place ; tout comme trois membres du Gouvernement.
Ce n’est pas la première fois qu’une attaque de genre se déroule dans le centre du pays.
Le matin du 1er janvier 2019, des hommes armés non identifiés habillés en tenue «Donzos» ont tué 37 civils à Koulongo, un village du cercle de Bankass. En plus des morts, plusieurs habitations ont été également incendiées. Au mois de février dernier, 17 civils maliens ont été tués dans l’explosion d’un cadavre piégé dans le cercle de Koro. Le 17 mars 2019, la base militaire à Dioura a été attaquée faisant plus de 23 militaires maliens tués et de nombreux dégâts matériels.
DANA AMASSAGOU, NI DE PRES, NI DE LOIN
Dans un communiqué, la milice Dozo, Dana Amassagou, nie toute implication dans ce massacre. « Nous n’avons rien à voir avec ce massacre que nous condamnons avec la dernière rigueur. Nous ne sommes pas impliqués là-dedans ni de près, ni de loin.
La tenue des chasseurs, tout le monde peut la porter, on la trouve au marché. Il y a même des mouvements qui portent la tenue militaire actuellement à Bankass et ils ne sont pas militaires. Nous avons signé un cessez-le-feu unilatéral et nous l’avons signé avec personne. Chaque jour un dogon est tué. La Minusma est au courant, nous le lui avons dit, ces deux derniers mois beaucoup de Dogons ont été tués et personne n’en parle. Nos villages sont aussi attaqués, brûlés et des gens tués, c’est pour cela que nous avons repris les patrouilles. Ce qui est arrivé est terrible mais nous ne sommes pas responsables de ces massacres », conclut le Capitaine Goudienkilé, un des porte-parole de la milice Dana_Amassagou.
PAR DABA BALLA KEITA
Source: Nouvel Horizon
