Préserver à tout prix les espaces publics de Kalaban-Coro, qui font l’objet d’intense spéculation, par le préfet de Kati ou avec sa complicité. C’est désormais la mission que le Collectif pour la sauvegarde des espaces publics de Kalaban-Coro se donne. Au regard des enjeux et de l’urgence de la mission, ledit collectif, composé de jeunes, de femmes et de personnes-ressources de la commune était, ce mardi face à la presse.
La conférence était animée par M. Yacouba MAYCOUBA, le président et ses camarades du bureau exécutif. D’entrée de jeu, M. MAYCOUBA a expliqué que ce collectif, qui est créé le 24 octobre, a pour objectif de stopper la spéculation des espaces publics orchestrée par des conseillers communaux véreux, en complicité avec le préfet du cercle de Kati.
Selon lui, ce dernier a déjà mis à la disposition de privés des dizaines de parcelles d’espace public pour des usages personnels. « Nous avons des espaces publics qui ont été attribués à des individus par le préfet, Sadio KEITA. Nous avons fait des enquêtes à la mairie et au niveau des personnes-ressources, notamment auprès des représentants des chefs de village et des autochtones, et tous attestent que ces endroits sont des espaces publics. Nous-mêmes sommes témoins oculaires de l’attribution de plusieurs de ces espaces par le préfet. À notre grande surprise, ils sont devenues des lots d’habitation. Car nous voyons des gens qui construisent là-dessus. Et dans la plupart des cas, il s’avère que c’est le préfet de Kati qui leur donne cette faveur, en leur attribuant des papiers », a-t-il expliqué avant de lancer un ultimatum aux occupants d’arrêter illico presto les travaux sur ces espaces, au risque de les voir démolir, un jour. Selon lui, aucun préfet n’a le droit d’attribuer un terrain. D’ailleurs, poursuit-il, la loi N° 02-112/P-RM du 06 mars 2002 déterminant les formes et conditions d’attribution de terrains du domaine privé immobilier des collectivités territoriales, exclut toute implication des préfets et sous-préfets dans la gestion des terrains à usage d’habitation sis dans la commune urbaine et rurale. La présente loi en vigueur précise que cette opération doit être assurée par les communes.
Mais cette loi semble être piétinée par le préfet de Kati qui attribue des terrains à usage d’habitation, sans même passer par le maire, a déploré le conférencier.
M. Oumar Kaba DIAKITE, membre du collectif, déplore que plus de 29 espaces publics, dans le secteur de Néré-Koro Kalaban-Coro, ont tous été vendus de la manière la plus malicieuse.
« Au début, ils nous font croire que c’est une espèce dédiée soit pour la construction, soit une école publique, soit un Centre de santé communautaire, soit un espace vert. Ils gardent ces espaces quelques années et après, ils les utilisent à titre d’habitation. C’est la raison pour laquelle nous ; nous n’allons plus baisser les bras. Si la mairie attribue un espace public, que les bénéficiaires l’utilisent au plus vite que possible. Car cette malice des spéculateurs fonciers est un vol planifié que les populations ne sauront guère tolérer », a-t-il averti.
Drissa SIDIBE, un autre témoin de Kalaban-Coro Est, a au nom des habitants de son quartier, lancé un cri de cœur. Et pour cause, l’espace destinée pour la construction de leur mosquée et medersa vient d’être confisqué par l’imam du quartier. Selon lui, l’imam Salif GABA, qui a été déchu, à cause de ce litige entre lui et les populations, a décidé de transformer ce lieu de culte en une école coranique privée. Son argument : une lettre d’attribution signée par le préfet Sadio KEITA, qu’il brandit aux populations.
« Nous avons tout de même fermé notre mosquée et la Medersa et nous sommes en train de chercher un autre imam. Les jeunes du quartier gardent copieusement les lieux pour qu’il ne continue pas les travaux de construction qui étaient déjà avancés », a-t-il dit.
En tout état de cause, les populations de la commune rurale de Kalaban-Coro ne comptent plus se laisser faire. À travers ce collectif, elles sont déterminées à récupérer tous leurs espaces publics destinés aux constructions d’écoles, de centres de santé, d’espaces verts, de lieu de sport et de loisir pour les jeunes.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin