Lors du « débat de dimanche » sur Africable Télévision, Me Cheick Oumar Konaré, avocat inscrit au Barreau du Mali, a livré son analyse sur la nouvelle loi électorale promulguée vendredi dernier. Si beaucoup d’observateurs ont estimé que le Premier ministre devait démissionner après ce qu’ils qualifient de « désaveu », Me Konaré trouve que le maintien de ce dernier épargne le Mali d’une crise institutionnelle.
Nombreux sont les Maliens, surtout les adversaires au Premier ministre, à annoncer un divorce entre le Président de la Transition et chef du gouvernement après la promulgation de la loi électorale. Mais il n’en est rien.
En effet, une bonne partie de la classe politique s’est précipitée à féliciter le Conseil National de Transition après l’adoption controversée de la loi électorale. La promulgation a été saluée comme si c’était une bataille contre le Premier ministre dont ils réclament la tête. Sur la question, Me Cheick Oumar Konaré a livré son analyse. Selon lui, c’est l’État qui a la haute main sur les élections, car 8 des 15 membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections sont désignés par des acteurs institutionnels liés à l’État. A ses dires, c’est le ministère de l’Administration territoriale qui aura la mission de l’organisation matérielle et technique des élections qui a été enlevée à l’Aige.
A son analyse, cette loi donne le pouvoir aux officiers d’organiser les élections. Pour Konaré, les politiques qui crient victoire aujourd’hui pleureront demain. « Ceux qui applaudissent cette loi seront les premiers à pleurer demain et on ne va surtout pas les laisser pleurer parce que l’objectif était de faire en sorte qu’un acteur extra-étatique, un acteur indépendant, puisse organiser les élections. Mais on applaudit aujourd’hui une loi qui nous fait reculer plusieurs années, qui met les élections entre les mains du ministère de l’Administration territoriale. On applaudit cette loi simplement par hostilité envers la personne du Premier ministre », a-t-il averti.
A l’en croire, la promulgation de cette loi permet aussi au président de la transition de fournir un calendrier à la Cedeao en vue de la levée de l’embargo. Me Konaré estime aussi que derrière tous ces bruits autour de la loi électorale se cache un complot. « Mais derrière tout cela se profile aussi le complot de l’étranger tendant à obtenir, à la faveur du désaveu du gouvernement, une démission du Premier ministre parce qu’une fois qu’il aura démissionné, une crise institutionnelle va s’installer, le peuple va demander des comptes aux militaires et on profitera de tous cela pour liquider tout ce qui a été réalisé jusque-là par la transition. Je crois que la décision du Premier ministre de ne pas démissionner marque à éviter une crise institutionnelle », a-t-il laissé entendre.
B. Guindo
Source: LE PAYS