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Nouvelle constitution: divergence sans fin de la classe politique

L’actualité politique dans notre pays est actuellement dominée par l’avant-projet de la nouvelle constitution remis au Président de la transition. En attendant l’épuisement des différentes étapes avant d’arriver du référendum, le week-end dernier, l’ADEMA-Association a ouvert le débat sur ledit sujet. Le thème de ladite conférence-débat était : « Que faire de la constitution du 25 février 1992 : révision ou nouvelle constitution ? ». La rencontre a enregistré la présence de plusieurs leaders politiques qui n’ont pas manqué de donner leurs positions sur l’élaboration de la nouvelle Constitution en cours. À la lumière de différentes interventions, l’on se rend compte que les avis sont partagés sur la question de l’élaboration d’une nouvelle Constitution au Mali.

 

Dans son intervention, le président du parti PS Yelen Kura, Amadou KOITA, a fait remarquer qu’en lisant le préambule de la Constitution proposée, l’on n’a l’impression qu’il y a une certaine volonté de mise en cause des idéaux de Mars 1991. ‘’Je ne pense pas que le combat du M5-RFP était une remise en cause du combat pour lequel des centaines de personnes sont mortes’’, a-t-il déclaré.
Pour lui, cette problématique de la rédaction d’une nouvelle Constitution est plutôt politique et non juridique. Il soutient que les autorités actuelles n’ont ni la légitimité ni la légalité de procéder à une révision constitutionnelle, encore moins à l’élaboration d’une nouvelle constitution.
« Le débat est plutôt politique. Au Mali nous avons l’impression que nous sommes dans un éternel recommencement. Il y a eu beaucoup de tentatives, mais je suis du côté de ceux qui pensent que la commission Daba Diawara a fait un travail formidable, un travail excellent, un travail consensuel. Au Mali on n’a pas un problème de textes. La situation politique à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui n’est pas un problème ni de lois, ni d’institution, ni de Constitution. Je crois que c’est un problème d’homme », a affirmé Amadou KOITA.
L’ancien ministre sous IBK estime que les autorités auraient dû s’inspirer du travail fait par la commission Daba Diawara pour aller à une révision constitutionnelle en lieu et place de la nouvelle Constitution qu’elles proposent.
« Quand vous regardez les titres de la nouvelle Constitution proposée, par exemple le titre 3 relatif au pouvoir exécutif, l’on se rend compte que d’un régime semi-présidentiel ou semi parlementaire on nous amène dans un régime présidentiel hybride. Quand on disait que dans l’actuelle Constitution le Président est un roi, dans la nouvelle constitution proposée on veut faire de lui un empereur… », a dénoncé Amadou KOITA.
Par ailleurs, fait-il remarquer que cette nouvelle Constitution crée les conditions d’une instabilité chronique, si un Président élu à travers le suffrage universel direct peut être destitué par un Parlement dont des membres sont nommés et non élus.
M. KOITA signale que cette Constitution affaiblit le pouvoir de l’Assemblée nationale qui peut contrôler la mission du gouvernement sans pourtant sanctionner.
« Là aussi c’est une confusion, nous sommes dans une démocratie et nous devons avoir une Constitution qui consolide la démocratie, qui renforce les institutions de la République », a affirmé le président du parti PS Yélen Kura.

Abondant dans le même sens, le Pr Ali Nouhoum DIALLO a ajouté qu’au Mali nous n’avons pas un problème de textes, mais un problème d’application des textes, un problème de gouvernance. Il a précisé qu’il n’avait pas encore lu tout le document, mais croit-il qu’à part le régime présidentiel, il n y a pas fondamentalement d’autres innovations et des avancées.
‘’Cette conférence-débat organisée par l’Adéma Association était nécessaire dans la mesure où, si l’on arrive à la conclusion que vraiment cette nouvelle constitution qu’on veut soumettre en référendum n’est pas nécessaire, nous allons être des agents qui vont faire la campagne pour le Non, si l’on veut nous l’imposer », a mis en garde le Pr Ali Nouhoum DIALLO.

Contrairement à ces deux intervenants, le président du parti RDS, Younouss Hamèye DICKO, a affirmé qu’il avait toujours été pour une révision de la Constitution.
«À force de jouer à la révision, on n’a créé des frustrations, des blocages et on avait l’impression qu’on se battait entre le bien et le mal. Tous les échecs que nous avons subis nous obligent à réfléchir. Au RDS nous avons déjà déposé nos remarques sur l’avant-projet proposé. Cela signifie que nous pensons que le moment est venu d’en profiter pour écrire une nouvelle constitution. Notre rôle à nous, citoyens, militants, c’est de porter au niveau des rédacteurs nos propositions, nos conditions d’écriture d’une nouvelle constitution. Nous ne nous mettons pas dans la posture de savoir si les uns et les autres ont la légitimité ou pas. Nous savons qu’il est nécessaire maintenant d’avoir une Constitution à laquelle nous avons confiance, parce que beaucoup ont perdu confiance dans la constitution de 1992 », a expliqué Youssouf Hamèye DICKO.
Pour lui, le Mali doit profiter de cette situation pour rédiger une nouvelle Constitution. Cependant, il soutient qu’on ne doit pas accepter que la nouvelle Constitution ne soit pas celle que nous souhaitons.
M. DICKO estime que même ceux qui sont contre la nouvelle Constitution devraient apporter leurs idées et leurs contributions.
Pour sa part, l’ancien Premier ministre Modibo SIDIBE a déclaré qu’il nous manque des visions au Mali. Selon lui, on ne demande pas à une équipe d’experts d’écrire la Constitution.
« Même s’ils font quelques écoutes, à la limite, ils doivent y avoir des équilibres entre eux, mais où est la vision ? C’est le politique qui donne la vision. Il y a une vision qui est sortie des Assises nationales de la refondation (ANR) ? Je ne crois pas. On ne peut pas avoir 13 thématiques et autant de sous-thématiques et dire que vous faites de la refondation. Ce n’est pas possible. Donc, je crois encore une fois que sur la question fondamentale de l’avant-projet notre parti se prononcera là-dessus. Je voudrais ici insister sur le fait que l’action de refondation est une action de longue durée et qu’on doit être d’accord sur le pourquoi de la refondation et le comment de la refondation », a affirmé Modibo SIDIBÉ.
Il se demande d’où vient le présidentialisme qui est dans l’avant-projet de la nouvelle Constitution ?
De l’avis de Modibo SIDIBÉ, l’accent doit être mis sur le débat public.
Selon lui, il est très important de faire des débats publics et que le projet de Constitution soit expliqué partout dans nos langues nationales.

PAR MODIBO KONÉ

Source : Info-Matin

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