Dans cette interview, le défenseur central du FC Metz parle de sa saison en Ligue 1, revient sur la qualification des Aigles pour la phase finale de la prochaine CAN et martèle qu’il voit la sélection nationale participer
à sa première Coupe du monde en 2022 au Qatar
L’Essor : Après la phase aller du championnat, Metz occupe la 12è place du classement avec 25 points. Quels commentaires faites-vous de ce classement ? Peut-on dire que Metz est à sa place ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Metz mérite cette place. Nous avons une équipe solide et ambitieuse. On a tout donné pour occuper cette place et obtenir 25 points à mi-parcours. Nous allons continuer à travailler dur pour pouvoir grignoter quelques points et être au même niveau que Monaco et l’équipe du capitaine Hamari Traoré, Rennes. Nous avons la volonté de le faire et le club nous donne tous les moyens pour y parvenir.
L’Essor : Vous avez eu quelques difficultés à votre arrivée dans le club, notamment en début de saison. Maintenant, vous êtes titulaire à part entière. Selon vous, quel a été le déclic et quel est votre objectif avec les Messins ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Exactement, à mon arrivée j’avais des problèmes physiques, car je n’ai pas fait une bonne préparation à Troyes. Je n’étais plus dans le plan du club. J’étais sur le départ et je ne jouais pas beaucoup pendant les matches de préparation. J’avais déjà l’accord avec Metz pour ma signature. Les problèmes physiques arrivent à beaucoup de joueurs qui changent de club, mais aujourd’hui j’ai retrouvé mon niveau en travaillant avec le coach, Frédéric Antonetti. J’avoue que l’entraîneur a été beaucoup patient avec moi et m’a toujours dit qu’il me faisait confiance. Cela m’a donné confiance et je me suis surpassé avec cette équipe. Ma période d’intégration a été facile, j’ai retrouvé mes frères maliens avec qui j’étais déjà en sélection comme Mamadou Fofana «Nojo », Adama Traoré «Malouda» qui était en prêt en Arabie saoudite et notre jeune frère Boubacar Traoré. Je me sens bien avec cette équipe et c’est pourquoi je compte donner le meilleur de moi-même jusqu’à la fin de mon contrat en 2024.
L’Essor : L’année dernière, vous avez marqué 5 buts en Ligue 2 avec Troyes et terminé meilleur buteur du club. Mais cette année, vous n’avez pas encore marqué, comment expliquez-vous cette situation ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Je n’ai pas d’explication à cette situation. Je suis un défenseur, pas un attaquant. Mon travail est de tout faire pour que mon équipe n’encaisse pas de buts. C’est vrai, je n’ai pas encore marqué avec le FC Metz, mais depuis le peu de temps que je suis avec cette équipe, j’ai créé beaucoup d’occasions. Je suis sûr et certain qu’avant la fin de la saison, je vais inscrire au moins 5 buts, s’il plaît à Dieu.
L’Essor : Metz compte 4 joueurs maliens dans son effectif : vous, Adama Traoré «Malouda», Boubacar Traoré et Mamadou Fofana «Nojo». Selon vous, qu’est-ce qui fait que Metz attire les Maliens ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Effectivement, nous sommes 4 joueurs maliens à Metz. La seule explication que je peux vous donner est que généralement les joueurs maliens, pas seulement avec le club FC Metz mais presque dans tous les clubs européens, sont respectueux. C’est pourquoi, nous sommes toujours sollicités en Europe pour notre comportement. Ce n’est donc pas une surprise que nous soyons 4 joueurs maliens ici. Les dirigeants de Metz sont contents de nous avoir avec le club. Ils disent tout le temps que nous sommes sérieux, cela nous fait plaisir d’entendre les dirigeants tenir de tels discours. Metz est un grand club qui est dirigé par des dirigeants exceptionnels, c’est ce qui a fait que le club dispute cette année sa 62è saison en Ligue 1 française.
L’Essor : En début de saison, vous avez quitté Troyes et la Ligue 2 pour Metz en Ligue 1. Qu’est-ce qui a motivé ce transfert ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Il n’y a qu’une seule explication : j’ai quitté Troyes pour Metz parce que je voulais découvrir la Ligue 1, voir mon vrai niveau de jeu et être face-à-face avec les grands attaquants, c’est la seule raison qui m’a incité à venir ici. En football, on ne finit pas d’apprendre aux côtés des grands. Ça ne veut pas dire qu’on ne retrouve pas de grands joueurs dans le championnat de deuxième division mais en Ligue 1, il y a forcément plus de grands joueurs.
L’Essor : Parlons des Aigles. Le Mali s’est déjà qualifié pour la phase finale de la prochaine CAN, alors qu’il reste deux journées de compétition. Peut-on parler d’exploit ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Oui, c’est un exploit. On s’est qualifié à deux journées de la fin des éliminatoires, c’est mérité parce qu’on a gagné tous nos matches, excepté celui de la première journée contre la Guinée (2-2 au stade du 26 Mars, Ndlr). Pour moi, c’est une qualification méritée et bravo à mes coéquipiers et au staff technique, chacun a joué sa partition et le résultat est là. Désormais, nous allons nous concentrer sur les échéances à venir, notamment les éliminatoires de la Coupe du monde. Inch-Allah l’équipe sera présente au rendez-vous.
L’Essor : La sélection nationale est devenue une habituée des phases finales, mais jusque-là, elle ne parvient pas à s’imposer sur la scène continentale. à votre avis, qu’est-ce qui manque encore aux Aigles pour vaincre le signe indien ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Nous avons une équipe jeune qui a besoin d’un peu de temps pour grandir et faire des résultats en phase finale de la CAN. Nous sommes conscients de cela, nous travaillons sous la houlette du sélectionneur Mohamed Magassouba pour avoir une meilleure équipe. Pour y parvenir, nous avons besoin de l’accompagnement de tous les Maliens et de toutes les Maliennes qui constituent notre force.
L’Essor : Après les éliminatoires de la CAN, les regards sont désormais braqués vers celles de la Coupe du monde, Qatar 2022. Notre pays est dans le groupe E avec l’Ouganda, le Kenya et le Rwanda. Comment voyez-vous les chances des Aigles dans cette poule ?
Boubacar Kiki Kouyaté : On a une bonne carte à jouer dans cette poule avec la concentration et si on respecte nos adversaires. Personnellement, je suis optimiste pour la campagne de la Coupe du monde. Le mot d’ordre du groupe est et restera cette première qualification à la phase finale du Mondial. Inch-Allah, on y sera.
L’Essor : Après Metz, dans quel club aimeriez-vous jouer ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Après Metz, j’aimerai jouer à Liverpool. C’est mon club de rêve, mais je ne suis pas encore prêt pour jouer pour ce grand club. Peut-être dans deux ou trois ans, je ne sais pas. Les Reds possèdent un des plus beaux palmarès européens avec six Ligues des champions, trois Coupes de l’UEFA, quatre Supercoupes de l’UEFA, et une Coupe du monde des clubs. En Angleterre, le palmarès est également impressionnant : dix-neuf titres de champion, sept Coupes d’Angleterre, huit Coupes de la ligue et quinze Community Shield. Quand je regarde Liverpool jouer, je suis émerveillé.
L’Essor : Avez-vous un message pour les supporters maliens qui regardent régulièrement les matches de la Ligue 1 à la télé ?
Boubacar Kiki Kouyaté : Ce que je peux dire aux supporters maliens, c’est de continuer à encourager et soutenir les joueurs qui évoluent au pays et à l’extérieur. Il arrive fréquemment que nous, joueurs expatriés, ayons des problèmes avec nos clubs ou que nous traversions des moments difficiles. Quand cela arrive, le soutien de nos concitoyens est très important. J’insiste là-dessus, où que nous soyons, nous avons toujours besoin du soutien des supporters maliens. Cela est également valable pour la sélection nationale et je suis heureux de constater que les supporters se mobilisent à chaque fois que les Aigles jouent. Nous sommes fiers des supporters maliens et leur demandons de continuer sur la même lancée. Je fais une mention spéciale au Quotidien national L’Essor pour avoir initié cette rubrique consacrée aux joueurs expatriés. Que Dieu bénisse le Mali.
Interview réalisée par
Djènèba BAGAYOKO