Il y a peu nous titrions un de nos articles Mali, la guerre n’est pas terminée. Ces propos avaient été considérés comme exagérés, compte tenu de la présence des Forces armées maliennes (Fama), de la force Barkhane et des casques bleus de l’ONU. Quand la paix avait été signée entre le gouvernement du Mali et la CMA de Kidal, les terroristes d’Al Quaïda s’étaient déjà fait remarquer par des attaques dans le nord du pays, comme pour narguer la communauté internationale. Depuis, des attaques se sont propagées dans le sud même, dans la région de Sikasso.
Ces attaques ont montré que la guerre contre les terroristes serait longue et difficile du fait que l’ennemi n’a pas un visage et se cache derrière tout individu, homme ou femme ou même un enfant comme on le voit dans les attaques de Boko Haram. Ce vendredi, des individus armés ont attaqué l’Hôtel Biblos à Sévaré, un hôtel fréquenté par des soldats européens, tout comme La Terrasse de Bamako. Ceci revêt deux aspects essentiels de la lutte djihadistes : les hôtels sont considérés comme les symboles de la déviance et le lieu où se retrouvent les occidentaux, symboles de la souillure des terres musulmanes.
Ce qu’il faut surtout retenir de cette nouvelle attaque, c’est la volonté des djihadistes de montrer qu’ils sont capables de frapper partout. En effet, Sévaré est un lieu hautement symbolique du fait qu’elle abrite une importante base militaire des Fama et de la Minusma. C’est à partir de cette ville qu’ont été lancées les contre-attaques pour déloger les djihadistes qui s’étaient avancés dans leur occupation du territoire national du Mali. Sévaré reste encore aujourd’hui le poumon des forces maliennes et de la Minusma dans la surveillance du Nord (Gao, Tomboucto et Kidal). C’est donc un dispositif capital dans la lutte contre les terroristes qui vient d’être nargué.
Certes ceux qui ont attaqué le Byblos ne voulaient pas s’emparer de la ville (ils ne le peuvent pas) et ils n’ont pas pu sortir de l’hôtel. Ce sont donc des kamikazes envoyés pour certainement tester la capacité de réaction des forces maliennes et onusiennes. Il ne faut surtout pas en conclure que Sévaré n’est pas sécurisé car il est facile pour quelques individus isolés d’entrer dans la ville et de perpétrer un acte de terrorisme. On aurait des raisons de crainte s’ils en étaient repartis en toute tranquillité. Or les troupes spéciales maliennes ont été magnifiques malgré les pertes en vies humaines difficilement évitables dans parelle situation.
Cette attaque et toutes les autres qui ont eu lieu et qui ont coûté la vie à des dizaines de soldats maliens et de la Minusma montrent que la paix est loin de s’installer dans notre pays. Certes la CMA est neutralisée par l’accord de paix du 20 juin 2015. Cependant ceux qui se révèlent être les véritables ennemis de la paix sont justement les terroristes d’Al Qaïda qui ont juré de faire du Mali un Etat islamique.
Comme on le voit, notre pays est loin de retrouver la stabilité qui le caractérisait. C’est pourquoi il faut une synergie totale autour de la paix, ce qui demande que tous les politiciens arrêtent leurs simagrées pour s’engager totalement dans la guerre contre nos ennemis communs que sont les terroristes. Les calculs électoralistes ne conviennent pas à la situation quand les fils du pays et d’ailleurs tombent sous les balles des djihadistes. Sans renoncer au jeu démocratique, opposition et majorité devraient s’entendre sur l’essentiel : la paix au Mali. Car c’est cela l’avenir du pays. L’opposition a beau jeu de critiquer à tout bout de champ, même s’il est vrai qu’on lui en donne parfois l’occasion. Cependant les Maliens attendent d’elle des propositions concrètes pour assurer la sécurité du pays. Et la majorité a le devoir d’écouter tous les fils du pays. Car on a l’impression que peu d’entre eux mesurent vraiment la dangerosité de notre situation. Quand il y a le feu à la maison, ce n’est pas le moment d’ergoter sur les causes de l’incendie. Aussi longtemps que notre pays sera marqué par l’instabilité le jeu politique sera puéril et vain.
