Pour une sortie de crise, les responsables Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie au Mali (i) proposent 9 mois pour la durée de la nouvelle transition (ii) rejettent la relecture de la charte en cours au niveau du Conseil national de transition (CNT) et (iii) exige la nomination d’un Premier ministre plus rassembleur. Si d’aventure ses exigences ne sont pas satisfaites, le Cadre d’échanges menace de ne plus reconnaîtra les autorités actuelles de la Transition à compter du 25 mars 2022, rapporte la presse. En choisissant de faire une opposition à cette Transition qui bénéficie d’une assise populaire, les responsables du Cadre d’échanges, de l’avis de certains observateurs, s’engouffrent dans une voie qui s’avère suicidaire pour ses acteurs sur le plan politique. Pour cause !
Au cours d’une conférence de presse qu’ils ont animée, le jeudi 10 février 2022, les responsables du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie au Mali ont annoncé qu’ils ne reconnaîtraient plus les autorités actuelles de la transition à compter du 25 mars 2022. Ou du moins si leurs exigences ne sont pas prises en compte par les autorités de la Transition.
Cette prise de position d’une partie de la classe politique, qui frise avec le radicalisme, suscite des interrogations.
D’où sortent ces opposants quand on sait que l’opposition n’existe pas sous un régime de transition ?
N’ont-ils pas été informés des conclusions des Assises nationales de la refondation ayant prorogé la durée de la transition ?
Du reste, qui sont-ils et que préconisent-ils comme issue à cette impasse ?
Il faut organiser mécaniquement les élections et octroyer les clefs de la Maison Mali à celui qui plaira à Paris d’y être installé ?
Sous l’inspiration de leurs commanditaires, ceux qui se disent démocrates sans se soucier des aspirations et des attentes du peuple demandent aux autorités de la Transition de leur passer le relais pour une nouvelle Transition de neuf mois.
En tout cas, cette prise de position des responsables du Cadre, qui tranche avec les principes d’un régime de transition (pas d’opposition), est de nature à exacerber une crise qu’ils prétendent résoudre. Dans cette éventualité, il y a lieu de s’interroger sur la bonne foi de nos hommes politiques.
De toute évidence, cette initiative vient à contre-courant de la dynamique nationale enclenchée par le Peuple malien suite aux sanctions de la CEDEAO pour faire échec au complot international qui ne dit pas son nom et dont notre pays est la cible de la part de certaines puissances internationales.
Ainsi, au moment où tous les fils et filles du pays sont au chevet de la nation menacée dans son existence, il serait illusoire de penser qu’une quelque idée d’opposition puisse prospérer au sein de l’opinion nationale.
D’ailleurs, tous les observateurs sont convaincus d’une chose : c’est que notre ‘’chère opposition’’, qui a fait ses armes dans les salons feutrés des hôtels de la place, est incapable de mobiliser.
Contrairement aux autorités de la transition qui a fait une véritable démonstration de force, le 14 janvier 2022, en mobilisant de 4 millions de personnes (selon les estimations du Gouvernement), à travers le pays et la diaspora.
Aujourd’hui, le seul résultat que les responsables du cadre peuvent obtenir en s’engageant dans cette voie, c’est de se voir qualifier d’être les ennemis de l’intérieur.
«La France ne sait plus par quelle voie passer pour déstabiliser le Mali. Maintenant avec les Traîtres de l’Intérieur, le 25 mars n’est pas loin, on verra comment ils vont affronter le Peuple malien ! Pauvres Pions esseulés ! », a prévenu l’un des internautes.
Au regard des agissements de certains de nos leaders politiques, on a l’impression qu’ils font tout pour obtenir rien que la sympathie de la France, tout en sachant que ceux ne sont pas des Français qui se rendront dans les urnes pour eux.
En observant de près les différentes revendications de ces hommes politiques, on se rend compte qu’elles ont tout l’air d’une querelle de personnes. L’essentiel étant le départ de l’actuel Premier ministre accusé, à tort ou à raison, de remettre la démocratie en cause dans notre pays.
Pendant que nous sommes dans ces petites querelles de personne sur les ruines de notre pays dévasté par 10 ans de guerre, chez nos voisins, le pays est mis au-dessus de tout intérêt partisan et un consensus politique est vite trouvé.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette classe politique a pris le risque aujourd’hui de connaître le même sort que la CEDEAO qui a vu ses sanctions produire les effets contraires au Mali.
Pire, la CEDEAO vient d’être abandonnée « en plein vol » par la France à bord d’Air-France. Et notre opposition, si elle existe, sera à son tour abandonnée en plein vol au-dessus du Sahel.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin