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Niono : LES RALLYES DE MARIAGE

Les cortèges de mariage filent à tombeau ouvert dans les rues encombrées suscitant dangers et désapprobation mais aucune réaction vigoureuse

cortege route moto djakarta mariageLe problème des cortèges lors de la célébration des mariages a été longtemps posée et décriée à Niono. Cependant, le phénomène, loin de s’estomper, persiste et même s’intensifie avec tous les risques de dérapage et de dommages multiples qu’il comporte. Aujourd’hui, la question est devenue très inquiétante dans la cité du riz et ses conséquences sont dramatiques en termes de blessures invalidantes, de perte en vies humaines endeuillant des familles surprises par le malheur. Récemment, un accident survenu lors d’un mariage a occasionné 3 morts et 4 blessés graves dont le chauffeur d’un véhicule du cortège qui a eu les deux jambes fracturées.

A l’origine de ce drame qui reste encore dans les esprits à Niono, un jeune de 34 ans qui était au volant d’une voiture Mercédès avec à son bord 7 personnes. Euphorique, il a perdu le contrôle du véhicule dans un virage et a achevé sa course dans l’eau d’un canal d’irrigation de l’Office du Niger. Malgré la multiplication de ces accidents dramatiques survenant au vu et au su de toute la population, personne, même les voix les plus autorisées, ne se fait entendre pour éviter à la ville les pertes inutiles en vies humaines.
Les radios de proximité ont pourtant fait leur possible en diffusant des messages d’information et de sensibilisation en direction du grand public, particulièrement des jeunes, afin d’inciter au changement de comportement. Mais, cette entreprise de prévention n’a pas produit les effets escomptés. Au contraire, la fièvre semble grimper toujours plus au sein des cortèges de mariage.
La ville de Niono, aujourd’hui peuplée de près de 42 000 habitants, ne dispose que de quatre routes principales, dont deux longent les canaux d’irrigation de l’Office du Niger d’ouest en est. Un danger supplémentaire est créé par l’occupation anarchique des abords de toutes ces voies par des personnes désireuses d’y installer leurs petits business. Ainsi, les étals, garages automobiles, ateliers de soudure ou de menuiserie, parcs de fortune pour les animaux, dépôts de bois, de banco, de sable, de briques et épaves d’automobiles se succèdent sur le bas-côté, rétrécissant le passage, compliquant la circulation.
L’encombrement est tel que les automobilistes, et même des motocyclistes, sont quelque fois contraints de rebrousser chemin pour trouver une rue plus dégagée et arriver à temps à destination. C’est au milieu de ce capharnaüm que les cortèges de mariage s’engagent à tombeau ouvert. Les convois lancés à plein gaz, font de surcroit un vacarme d’enfer empilant rugissements de moteurs, hurlements de klaxons, crissements de pneus. Voitures et motos en surcharge à faire frémir, improvisent un rallye sur ces rues étroites et poussiéreuses. Chacun veut, à l’occasion de cette traversée de ville, se distinguer par sa science du volant, sa maitrise sur deux roues au grand plaisir de passagers grisés par la vitesse et les acrobaties.

DES SANCTIONS. Les jours de mariage, la circulation est paralysée devant et dans les alentours immédiats des mairies. Impossible de se frayer un passage dans l’amas de voitures et de motos en attente des mariés.
Suite à l’accident rapporté plus haut, nous avons contacté le maire chargé de la célébration des mariages dans la commune urbaine de Niono. L’édile annonce que le Conseil communal a pris des mesures préventives, notamment l’interdiction d’occuper le domaine de l’Hôtel de ville lors de la célébration des mariages et les abords des domiciles où, contrairement aux textes en vigueur, sont souvent célébrées des unions.
Ces deux mesures sont-elles suffisantes pour éviter d’autres tragédies dans l’avenir ou faut-il renforcer l’arsenal de sanctions ? Dans le public, les avis sont partagés. Une partie des personnes interrogées estime que la responsabilité de la persistance du désordre incombe aux autorités communales. D’autres l’imputent aux familles. Mais près de la moitié des sondés indexe à la fois familles et pouvoirs publics. Toutes les personnes interrogées sont cependant d’avis que le Conseil communal devrait réfléchir à bien d’autres méthodes pour mettre un frein aux débordements des cortèges.
Pourquoi ne pas passer par les femmes pour convaincre les invités des mariages de tempérer leurs ardeurs ? La présidente de la CAFO, Mme Coulibaly Koura Bagaya, estime que c’est à la mairie de prendre ses responsabilités en décidant de ne recevoir, le jour de la célébration d’un mariage, que les mariés et les témoins à la mairie d’une part, et d’autre part en prenant des sanctions contre toute famille qui organiserait un cortège à travers la ville. « Cela relève de ses compétences afin de sauvegarder des vies humaines et sécuriser ses administrés », juge-t-elle.
Et les représentants de la jeunesse, principale animatrice de ces cortèges, qu’en disent-ils ? Le président du Conseil local de la jeunesse, Boubacar Moulaye Haïdara, déplore le comportement des jeunes lors des mariages avant de constater : « Nous sommes les acteurs des cortèges et les victimes à la fois ». Lui préconise une synergie d’actions de tous les responsables pour prendre à bras le corps le phénomène. Moulaye Haïdara propose ainsi des sanctions contre tous ceux qui organiseraient des cortèges lors des mariages.
Tous ces avis et suggestions convergent vers le même constat : le temps de la sensibilisation est dépassé par un phénomène dont la nocivité et la gravité sont décriées par tous. Les cortèges de mariage ont déjà occasionné trop de malheurs, il est temps d’y mettre fin. Aux pouvoirs publics, en l’occurrence les mairies, de prendre les décisions qu’il faut. Et de les appliquer sans faiblesse.
C. DIALLO
AMAP-Niono

source : L Essor

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