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Nigeria: une école offre de l’espoir aux familles détruites par Boko Haram

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A “l’école des prouesses du futur” de la fondation islamique, à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, près de la moitié des élèves ont perdu leur père dans l’insurrection islamiste menée par Boko Haram.

Aisha Abubakar, 13 ans, a assisté à l’exécution de son père sous son propre toit, il y a deux ans. Grâce à cette école entièrement gratuite, l’adolescente a l’espoir de pouvoir poursuivre son rêve malgré tout: celui de faire des études de médecine.

“Je suis sûre que mon père serait fier d’avoir un enfant docteur”, confie-t-elle à l’AFP.

Dans le nord du Nigeria, très pauvre, l’école est un luxe, surtout depuis que le groupe Boko Haram, qui a revendiqué l’enlèvement de plus de 200 lycéennes mi-avril, a déclaré la guerre à l’éducation.

Selon un décompte du gouverneur de l’Etat de Borno, dont Maiduguri est la capitale, Kashim Shettima, publié cette semaine, 176 enseignants ont été tués et 900 écoles détruites dans cet Etat depuis 2011.

“L’école des prouesses du futur” offre à quelques-uns des enfants pris au coeur des violences une éducation mais aussi des repas, des uniformes et une couverture maladie.

Fondée en 2007 pour les pauvres et les orphelins, cette école a accueilli 36 enfants la première année, mais avec l’intensification de l’insurrection islamiste, les demandes d’inscription sont de plus en plus nombreuses.

Aujourd’hui, “sur 420 élèves, 205 ont perdu leur père dans l’insurrection”, explique le principal de l’école, Suleiman Aliyu.

Maiduguri fut longtemps le carrefour commercial de tout le Nord-Est, et aussi du Niger et du Tchad voisins.

L’économie a été anéantie et d’innombrables familles ont été détruites par les violences de Boko Haram, qui ont déjà fait 10.000 morts. A certaines périodes, les attentats et les attaques à main armée étaient quotidiens dans la ville.

 

– Une génération traumatisée –

 

La fréquentation des écoles a nettement reculé, et nombre d’établissements avaient déjà fermé quand le groupe extrémiste a effectué un raid à l’internat du lycée de Chibok, enlevant 276 jeunes filles le 14 avril. 219 d’entre elles sont toujours en captivité.

Les responsables de l’Etat de Borno, où se trouve Chibok, ont fermé l’ensemble des 85 lycées publics de la région, renvoyant chez eux quelque 120.000 élèves.

Le niveau d’éducation n’a jamais été très élevé dans le nord. Et le manque d’accès à l’éducation touche particulièrement les filles: selon une étude réalisée par le British Council en 2012, dans le nord du Nigeria, plus des deux tiers des femmes âgées de 15 à 19 ans ne savent pas lire.

Pour M. Aliyu, la situation, qui a empiré depuis ce rapport, plonge toute la région dans un cercle vicieux, où cette génération entière d’enfants sans éducation est d’autant plus vulnérable à l’idéologie extrémiste de Boko Haram.

“Nous allons être confrontés à une autre génération de psychopathes qui seront, un jour, un danger pour nous, si nous n’aidons pas ces enfants dès maintenant”, prévient-il.

Les écoles privées ou les établissements financés par des organismes caritatifs tentent de combler le vide laissé par l’école publique.

L’école des prouesses du futur compte déjà quatre-vingt-dix élèves sur sa liste d’attente. Mais l’établissement a besoin d’argent pour augmenter sa capacité d’accueil, avec de nouvelles salles de classes et plus de professeurs.

Le fondateur et le principal donateur de l’école est l’avocat Mustapha Zanna, qui connaît personnellement Boko Haram. Il fut l’avocat de la famille de Mohammed Yusuf, l’ancien chef du groupe armé islamiste, quand elle a poursuivi l’Etat nigérian après la mort de celui-ci en garde à vue en 2009. Me Zanna a gagné le procès mais on ignore si l’Etat nigérian a payé des dommages et intérêts.

Me Zanna a aussi participé, en 2011, à une médiation infructueuse entre l’ancien président Olusegun Obasanjo et les islamistes à Maiduguri.

Dans son école, la plupart des élèves ont perdu leur père dans des attaques de Boko Haram, mais certains d’entre eux ont vu leur père mourir au cours de représailles menées par l’armée nigériane –dont les exactions sommaires contre les civils ont souvent été dénoncées.

Et “nous (accueillons) aussi des enfants d’insurgés”, emmenés à l’école par les veuves de certains membres de Boko Haram, explique Mustapha Zanna à l’AFP.

Pour Me Zanna, le fait de voir ces enfants jouer tous ensemble et s’asseoir côte à côte dans les salles de classe donne l’espoir d’un dialogue possible entre les deux camps.

© 2014 AFP

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