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Niger : La CEDEAO n’interviendra pas (sauf à vouloir un bain de sang et à créer une deuxième Libye dans le sahel)

Un gouvernement putschiste est déjà en place à Niamey. Avec 21 ministres. Il faut entreprendre les négociations avec lui. L’armée garde l’ancien président, sa femme et son fils, dans une situation où ils manquent d’eau, d’électricité, de médicaments, avec des conditions de vie de plus en plus exécrables.

On ne comprend donc pas ce bras de fer que mène la CEDEAO, qui annonce venir libérer la famille présidentielle de cet enfer pour réinstaller Bazoum dans son fauteuil. On se demande si la CEDEAO n’est pas composée de chefs d’Etat dont certains méritent un petit séjour dans un centre psychiatrique ? Car la situation est incompréhensible. Au lieu de demander au CNSP de regagner les casernes (ce qu’il ne fera pas) et dire au monde entier que Mohamed Bazoum va retrouver son fauteuil (ce que lui-même ne croit plus), on devrait plutôt ouvrir les négociations avec lui. Combien de temps compte-t-il mettre au pouvoir, et pour faire quoi et comment ? Il faudra en discuter au lieu de continue à miroiter une intervention militaire qui ne peut réellement se faire, le Niger n’étant pas la Gambie.

Le Niger compte une très bonne armée qui plus est, sera épaulée par les armées malienne et burkinabé, sans même parler des volontaires nigériens dont 20.000 ont défilé, ce vendredi, 11 août, devant la base française et ses 1.200 à 1.500 soldats, pour crier leur mécontentement contre la France. Dans l’état actuel des choses, même un commando israélien de Tsahal ne pourrait pas extirper Bazoum de son enfer. Il est enfermé en pleine caserne militaire avec des armes plantées de tous les côtés de la résidence. La sagesse demanderait qu’il prenne la parole pour demander l’arrêt de tout ce gâchis qui s’annonce. Car une intervention avec des militaires envoyés par la CEDEAO trouvera du répondant sur place. Il y aura un bain de sang hormis le fait que cette situation pourrait déclencher une guerre sous-régionale dont personne ne veut, ni l’Algérie, ni le Tchad, qui ont dit NON à une intervention militaire.

Après avoir détruit la Libye et permis la multiplication des djihadistes sortis des casernes libyennes pour être disséminés dans le Sahel, ce qui est à l’origine des problèmes actuels, la France n’a jamais pu contenir cette situation qu’elle a créée. C’est l’Afrique qui porte la charge, toute seule. Voilà pourquoi personne en Afrique ne veut plus entendre parler d’une intervention militaire au Sahel. Les Américains et les Européens (Italie, Allemagne, etc.) semblent le comprendre, sauf les Français (à l’origine de la destruction de la Libye) dont les 5 accords de coopération militaire ont d’ores et déjà été annulés par le CNSP, ce qui, sans doute, ne fait pas plaisir à Paris. Mais est-ce pour cela qu’il faut mettre le feu au Niger comme hier en Libye ?

Le CNSP étant très populaire à Niamey, toute intervention militaire devra en tenir compte puisque les populations ont juré de sécuriser les putschistes.
On suivra la mise en place et l’envoi de cette force d’intervention de la CEDEAO. Alassane Ouattara (l’ancien putschiste devenu donneur de leçons anti-putschs) a annoncé la mobilisation d’un bataillon de 850 soldats avec un financement sur trois mois. Le Nigeria qui n’a pas l’autorisation du parlement pour se lancer dans une guerre, conformément à sa constitution, serait prêt à lancer 5.000 à 6.000 hommes. Le Sénégal annonce aussi un millier de soldats mais il faudra préalablement un débat à l’Assemblée nationale. Quant au Bénin, on ne sait pas encore combien d’hommes il pourra envoyer. Cette opération qui est une pure folie, sera très difficile à mettre en oeuvre et on n’est pas sûr que celui qu’on veut remettre au pouvoir, sera encore vivant, les putschistes ayant annoncé qu’ils pourraient lui ôter la vie avant.

Très important pour le souligner : les chefs d’état major de la CEDEAO qui devaient se réunir, samedi, 12 août, à Accra, ont ajourné leur réunion, sans explication. Celle-ci, au mieux des cas, pourrait avoir lieu la semaine prochaine. La situation n’est pas simple : chaque contributeur de la force devra prendre en charge le financement de sa participation. Ce qui n’est pas une mince affaire dans le contexte économique actuel, hormis le fait même de la complexité de l’intervention où les populations de Niamey disent attendre de pied ferme les forces extérieures sur place. Elles accusent la CEDEAO d’être manipulée par la France dont l’image est par terre au Niger et même en Afrique de l’Ouest.

La Russie vient, une nouvelle fois, cet après-midi de s’opposer à une intervention militaire au Niger. Ce qui veut dire que si cette question arrive au Conseil de sécurité, elle votera contre.

Source: https://www.afriqueeducation.com/

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