La tension diplomatique entre le Mali et la France ne retombe toujours pas. Après les mises en garde maliennes contre un avion français ayant quitté un pays de la Cédéao pour Gao alors que les frontières ont été fermées par l’organisation sous-régionale dans le cadre de ses sanctions contre les autorités maliennes, la dernière goutte qui a fait déborder le vase entre les deux pays a été l’expulsion de l’ambassadeur Noël Meyer de Bamako, pour des propos jugés outrageux par Bamako et proférés par le ministre des Affaires étrangères françaises Jean Yves Le Drian. Pour Nicolas Normand, ancien diplomate de Paris à Bamako, cette situation ne devrait pas arrivée.
Interrogé sur la portée d’un tel acte dans les relations diplomatiques, un ancien ambassadeur français à Bamako a déclaré que « le symbole est très fort ». Pour Nicolas Normand, une telle décision n’était également pas évitable. « D’abord c’est une décision qui est assez logique et qui était assez prévisible puisque c’est le résultat d’une escalade d’invectives. Ce sont les autorités maliennes qui ont commencé à l’Assemblée générale de l’Onu avec le Premier ministre malien accusant la France d’abandon en plein vol. Ensuite il y a eu d’autres interventions, de sa part, hostiles à la France et les réactions françaises ont été très vives et très fortes. Par la suite les autorités françaises ont qualifié d’illégitimes les autorités maliennes et ses actions de provocation », a-t-il rappelé sur le plateau de TV5. Malgré tout, il a fait savoir qu’il a été très surpris des réactions ministérielles françaises qui ont dérogé à la règle même s’il donne aussi l’impression que les responsabilités dans l’escalade des violences sont partagées : « C’est inhabituel parce que normalement il y a des condamnations après un coup d’Etat mais on ne juge pas un régime. Et évidement le Mali a mal pris le fait que les autorités françaises ses autorités d’illégitimes. C’est contrairement aux traditions diplomatiques puisqu’on n’a pas à juger des régimes sinon il ne faudrait avoir de relations qu’avec les régimes démocratiques. Ce n’est pas possible ».
Dans sa proposition de sortie de crise, Nicolas Normand, connaissant bien les deux pays indique qu’ils ont intérêt à se retrouver pour continuer à cheminer ensemble dans leur lutte contre le terrorisme. « Je suppose que Paris pensait que la junte allait tomber rapidement céder le pouvoir après les sanctions de la Cédéao. Malheureusement ces sanctions sont très fortes sur la population, mais elles n’ont pas d’effet visible sur la junte qui s’accroche au pouvoir. Si Paris estimait que la junte allait tomber rapidement c’est une erreur apparemment. C’est de l’intérêt mutuel de Bamako et Paris de trouver un terrain d’entente. C’est un mauvais calcul de se fâcher entre les deux capitales ».
Alassane CISSOUMA
Source: Mali Tribune