Les Maliens ont de plus en plus le sentiment de vivre dans une société inégalitaire où certaines personnes, du fait de leur fonction administrative, sont, pour ainsi dire, au-dessus de la loi.
Arrivés à destination, à Markala, dans les locaux de la gendarmerie, ils furent menacés d’incarcération au motif que les deux garçons avaient séjourné à Daloa, en Côte d’Ivoire et seraient liés à une affaire pour laquelle un de leur parent, résident dans cette ville, est déjà emprisonné depuis des mois.
Que la brigade de gendarmerie interpelle des citoyens ne doit poser aucun problème au point de vue de la légalité. Mais il n’est pas normal qu’elle arrête d’honnêtes citoyens jusque dans leur domicile, sans convocation ou sans un mandat délivré par l’autorité judiciaire. S’il s’agit d’interpeller des citoyens au motif qu’ils seraient complices d’autres vivant à l’étranger, il faut bien que la coopération entre les autorités policières se joue convenablement. C’est dire que toutes les procédures légales d’interpellation des citoyens et de résidents étrangers de notre pays sont connues. Comment donc comprendre cette descente de la brigade de gendarmerie de Markala à Niadougou autrement que par une tentative de harcèlement de citoyens dont le seul tort est d’être des « villageois » ? La question est d’autant pertinente que, grâce à des gens de bonne volonté, épris de justice, le procureur du tribunal de Ségou ainsi que je juge de paix à compétence de Markala, saisis, ont usé de leurs prérogatives pour faire libérer le pauvre D. et ses garçons.
Il est temps d’arrêter avec de telles pratiques d’un autre âge où un porteur d’uniforme peut se lever n’importe quand pour interpeller n’importe qui pour n’importe quoi. Le Mali d’aujourd’hui rime avec un Etat de droit. Et un commandant de brigade n’est pas un cow-boy.
Abdoulaye Ladji GUINDO
source : Liberté