Ce n’est plus un secret que les autorités maliennes veulent négocier avec les djihadistes pour ramener la paix au nord et au centre du pays. Une décision plus facile en vœux qu’en réalité, surtout que l’ennemi n’a jamais souhaité entrer en négociation avec l’Etat.
La tâche est d’autant plus hasardeuse qu’il va falloir trouver un négociateur en qui les djihadistes font confiance. Et les personnalités qui peuvent répondre à ce critère de confiance ne sont pas nombreuses au Mali où les djihadistes ont semé trop de morts et de désolations. Néanmoins, les gens s’accordent sur le fait que le négociateur devrait être une personnalité religieuse ou un représentant de la chefferie traditionnelle qui bénéficie de la confiance des deux parties, à savoir le gouvernement et les djihadistes. En la matière, le Haut conseil islamique devrait être un atout important pour démarcher les proches des djihadistes. Mais le nouveau patron de cette faitière musulmane n’est pas beaucoup apprécié par les fondamentalistes qui lui reprochent d’être assez libéral en matière de dogme et souvent dur avec les rigoristes de la foi. Par ailleurs, il n’entretient pas de relations antérieures avec les zones où sont influents les djihadistes.
Par contre, l’ancien président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko, peut-être ce négociateur en chef en qui certains chefs djihadistes ont confiance. Par personnes interposées, Dicko et Iyad Ag Ghali étaient d’ailleurs en contact un moment à travers de négociations informelles. Les deux hommes qui se sont beaucoup côtoyés pendant des années partagent des vues sur certaines questions, mais aussi des divergences sur d’autres. Dicko, c’est aussi la carte ethnique susceptible de convaincre les groupes armés peulh, des combattants djihadistes, pour entamer un dialogue. Originaire de Tombouctou, il est également affilié à des hommes politiques influents à travers le pays. Son autre avantage est qu’il n’a jamais caché sa volonté de ramener les djihadistes à la raison depuis l’éclatement de la crise en 2012 à travers des négociations secrètes.
Une autre personnalité pouvant avoir des chances de convaincre les djihadistes est Ali Nouhoum Diallo, l’ancien président de l’Assemblée nationale. Son patriotisme n’a jamais été pris à défaut, présent à toutes les rencontres et conférence concernant la vie de la nation. Il
est également la carte ethnique qui peut apaiser les djihadistes et les milices du centre du pays. Amadou Koufa, le chef de la Katiba Macina, pourrait être attentif aux sollicitations de Ali Nouhoum Diallo. Des proches du terroriste étaient même entrés en contact avec lui il y a quelques années, mais il n’a pas réussi à les dissuader. A défaut d’être négociateur, chacune des deux dernières personnalités pourra compléter celui qui sera choisi pour ramener les terroristes maliens à renoncer à la violence. Le problème est que les terroristes
ne se sont jamais inscrit dans la logique d’un dialogue et proposent souvent des conditions difficiles à être acceptées par un Etat se voulant laïc et pluriel
Source: La Sirène