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Négociation avec Iyad Ag Ghali : La charia ou rien

Dans un vocal en langue Tamasheq, Iyad Ag Ghali s’exprime sur la volonté de Bamako a négocié : « Nous n’avons pas pour le moment la possibilité d’arrêter les combats. S’il est nécessaire que nous ne nous attaquons pas au pays voisins, il n’y aucun problème, la charia l’accepte, quelque soit leurs croyances. Mais que personne n’espère nous faire dire des bêtises. Il faut que cette idée n’effleure l’esprit de personne. Celui qui veut négocier avec nous, doit d’abord accepté que nous sommes des musulmans, qu’il ne cherche pas à nous faire renier nos convictions. Parce que dans l’esprit de tous les états qui nous environnent ils n’acceptent la négociation que si tu cries haut et fort que tu reconnais la constitution nationale. Laissez-moi vous faire un compte-rendu des négociations auxquelles j’ai assisté il y a deux mois, il était exigé de reconnaître la constitution.

Donc il est exigé de laisser la constitution divine au profit d’une constitution humaine. C’est une grande méprise à l’endroit des gens qui ont combattu jusqu’à à atteindre l’antre des serpents et leur demander ensuite de revenir au point de départ. S’ils nous demandent de négocier, pas de problème, voilà notre négociateur à chaque fois qu’ils auront besoin de nous. Mais nous exigeons une foi profitable pour nos populations, ou que tout le Mali soit couvert par la charia Islamique, ou que le pays devienne une fédération d’émirats dirigés par la charia pour ceux qui le veulent et par la laïcité pour ceux qui le veulent, nous n’accepterons plus que le drapeau de l’ignorance flotte au-dessus de nos têtes ».

Alors que le lundi 10 février, sur Radio France internationale (RFI) et France 24, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a prôné le dialogue avec les chefs djihadistes actifs dans son pays

Ce dialogue qui pourrait être le tournant décisif dans la guerre menée au Sahel. Ce changement de stratégie sonne comme un constat d’échec de la méthode employée jusqu’ici.

Depuis son élection en 2013, le président malien n’a jamais manqué de proclamer publiquement son aversion pour ceux dont « une mare de sang nous sépare ». Reste que les déclarations martiales et les actions de « neutralisation », menées principalement par les soldats français, n’ont pas endigué la menace, loin s’en faut ; 2019 a même été l’année la plus meurtrière au Sahel. Selon les Nations Unies (ONU), les attaques terroristes au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont fait au moins 4 000 victimes civiles et militaires.

En fait, le président malien est avant tout venu assumer ouvertement une pratique déjà discrètement à l’œuvre. Des contacts avec les djihadistes ont en effet toujours été entretenus pour permettre des échanges de prisonniers ; ce fut notamment le cas il y a un an, lorsque l’ancien commissaire de la police islamique de Gao a été extrait de sa cellule contre la libération d’un préfet et d’un journaliste.

Au cours de l’année 2019, un haut gradé du renseignement militaire et l’avocat Hassan Barry, sont allés rencontrer Amadou Koufa, le chef de la katiba Macina, dans le centre du pays. L’opération a bien eu l’assentiment des hautes autorités selon Hassan Barry, mais s’est arrêtée brutalement avec l’accélération des opérations militaires dans la zone et surtout l’arrestation de Barry, officiellement suspecté par la Direction générale de la sécurité d’Etat malienne d’entretenir des liens avec les djihadistes.

Depuis fin décembre, l’ancien président de transition, Dioncounda Traoré, l’homme qui avait signé la demande d’intervention de la France en 2013 quand les djihadistes contrôlaient le Nord malien et menaçaient de descendre sur Bamako –, a donc été mandaté pour écouter tout le monde. En premier lieu, Iyad Ag Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), et Amadou Koufa, qui est allé porter le djihad dans le centre du Mali pour le compte de cette coalition affiliée à Al-Qaida.

Cependant, dans le communiqué final du sommet de Pau du 13 janvier 2020. Le président français Emmanuel Macron et ses homologues des cinq pays du Sahel présents avaient annoncé leur volonté de concentrer les efforts militaires sur la région des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) « en ciblant en priorité l’Etat islamique au Grand Sahara [EIGS] » d’Abou Walid Al-Sahraoui, qui a mené les dernières opérations les plus meurtrières

« Si discuter avec Iyad et Koufa est une voie de sortie de crise, pourquoi pas ! Il faut cependant être prudent car si l’on ouvre la porte à une application de la charia, cela deviendra difficilement contrôlable. Tout le monde veut aller à l’apaisement, y compris Koufa, mais selon quels termes ? », s’interroge un très proche d’IBK.

Sur quelle base négocier avec des djihadistes sans remettre en cause les fondements de l’Etat malien ? Par ailleurs, comment mener dans le même temps la lutte antiterroriste et le dialogue avec les insurgés ?

Mahamadou YATTARA

 

Source:  Inf@sept

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