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Nappy, le mouvement qui conquiert la planète afro

Elles ont décidé d’arborer leurs cheveux afro naturels : les “Nappy girls” sont partout. On ne compte plus les évènements qui s’inscrivent dans cette tendance.

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Lancée en octobre 2011 sur les réseaux sociaux, la communauté “Nappys de Babi” compte aujourd’hui 7 800 membres à travers le monde, de la Côte d’Ivoire au Sénégal, des États-Unis au Japon. “Au départ, c’était un groupe destiné à deux ou trois personnes, afin de discuter des bons gestes pour entretenir les cheveux crépus”, explique Mariam Diaby, jeune ivoirienne fondatrice de la communauté. Chacune des amies a ensuite rajouté une personne et la viralité de la toile s’est occupée du reste. Depuis, le Festival Crépu d’Ebène se déroule chaque année à Abidjan, tandis que Miss Nappy vient d’être lancée sur les réseaux par Afriquefemme.com. A Paris, les évènements comme le Salon Boucle d’Ébène, la Natural Hair Academy et Miss Nappy Paris se succèdent.

D’Oprah Winfrey à Solange Knowles

Aujourd’hui revendiqué comme la contraction de “naturel” et “happy”, le terme n’est à l’origine pas très heureux. “Nappy” désignait plutôt une personne débraillée, les cheveux emmêlés comme si elle se réveillait d’une sieste, “nap” en anglais. “Les cheveux crépus ont longtemps été diabolisés, perçus comme sales et moches”, rappelle Fatou N’Diaye, qui tient le blog BlackBeautyBag. C’était sans compter le “coming out” capillaire de nombreuses stars, décidées à se débarrasser du défrisage, et par là des canons de beauté, imposés jusqu’alors par l’Occident. Raven Symone, Oprah Winfrey, Willow Smith, Noémie Lenoir, toutes ont fait leur “Big Chop”, comprenez la grande coupe. Une tendance qui se popularise avec des chanteuses de R’n’B au look plus sophistiqué, comme Janelle Monae, Inna Mdja ou Jetta. Et bien sûr, Solange Knowles, devenue l’une des représentantes du mouvement lorsqu’en 2009 elle décide de se raser la tête pour permettre à sa crinière naturelle de repousser.

“Shrinkage”, “bantu knot”, “yarn locks”

Dans les rues d’Abidjan ou de Dakar, à New York et dans le métro parisien, il est devenu fréquent de croiser des femmes couronnées d’une afro explosive ou d’une chevelure crépue, plus simple mais toujours naturelle. Sur Google, “Nappy”, c’est 18 millions de résultats. Des blogs, tutoriels et forums à n’en plus finir. “Ivoirianappies Blogspot” ou “Les Bidouilles d’une Nappy” ne sont que les premiers d’une longue liste de sites qui dégainent leurs tuyaux pour sublimer sa “crépitude”. Dans ces communautés, les internautes évoquent cette première où elles ont décidé de “faire péter l’afro”. On parle “twist”, “shrinkage”, “bantu knot” ou “yarn locks”. “Le défrisage, pour les femmes noires, c’est le premier geste de beauté. Nos mamans nous l’apprennent dès l’enfance. Alors porter les cheveux naturels, c’est découvrir une autre facette de soi et de sublimer sa beauté”, explique Fatou N’Diaye, qui porte son cheveu naturel depuis 2006. A un moment donné, le phénomène est tel, qu’il prend même une tournure conflictuelle, opposant une dictature “Nappy” à celles qui préfèrent continuer à se lisser les cheveux, accusées de renier leur identité.

Quête identitaire

Historiquement, la tendance du retour au naturel s’inscrit dans le mouvement d’émancipation et d’affirmation culturelle des afro-américains, descendants d’esclaves, alors qu’ils luttent contre la ségrégation. Dès les années 50, le défrisage, inspiré des rituels de coiffure des ” maîtresses blanches ” et qui s’est imposé comme une norme, se voit interprété comme un déni des origines africaines. Angela Davis, militante phare des Blacks Panthers, mais aussi d’autres personnalités artistiques comme Jimi Hendrix, feront alors de leur afro un étendard de leurs revendications. La coiffure sera popularisée par le phénomène du disco avant de tomber dans un relatif oubli. Les années 90 signent le retour en grâce du cheveu naturel avec Lauryn Hill ou Erykah Badu. Preuve que les stéréotypes ont la vie dure, il faudra encore attendre 2009 pour que la première barbie noire aux cheveux naturels soit proposée aux petites filles.

Un enjeu de santé publique

De retour sur les podiums, le naturel n’est-il qu’un simple effet de mode ? Alors que les femmes noires sont celles qui consomment le plus de cosmétiques au monde, selon une étude de Softheen Carson, filiale de L’Oréal, il est aujourd’hui reconnu que certains produits de beauté peuvent avoir des effets nocifs sur la santé des utilisatrices. “Les produits pour blanchir la peau et les défrisants sont parfois responsables de brûlure, de cancer, d’insuffisance rénale ou de diabète et peuvent perturber les cycles hormonaux lorsqu’ils sont utilisés chez les petites filles”, prévient Isabelle Mananga-Ossey, fondatrice de l’ONG Label Beauté Noire, qui propose des certifications, “pour séparer le bon grain de l’ivraie”. Une prise de conscience du côté des consommatrices, qui les amène de plus en plus à s’interroger sur leur mode de consommation. Si les défrisants dominent encore largement le marché de la beauté, des marques qui revendiquent une fabrication artisanale émergent, comme les Secrets de Loly, Activilong ou Shea Moisture. Motivé par des raisons identitaires, sanitaires, économiques ou simplement esthétiques, “Nappy”, plus qu’une tendance, tend à s’imposer comme une véritable alternative aux canons, encore uniformes, de la beauté.

Source: afrique.lepoint.fr

 

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