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NAFADJI/COMMUNE I DU DISTRICT De la poussière et de la tension dans l’air

Tout est parti d’une initiative qui a consisté, le 14 février 2022, à gratter et niveler la grande route qui traverse Nafadji et se prolonge jusqu’à Safo. Depuis, de cahoteuse, la route est devenue poussiéreuse. « Trop poussiéreuse » du goût des riverains qui ne cessent de faire part de leur extrême colère à la mairie. 

Les habitants de Nafadji, prolongement du quartier de Dioumanzana (en commune I du District) ne décolèrent pas. Le motif ? L’état « dramatiquement » poussiéreux de la route principale qui serpente à travers le quartier sur à peu près 4 km. « Impossible de respirer autre chose que de la poussière massive, le matin, de 08H à 10H, et l’après-midi, à partir de 15H00-17H00. Le pire, c’est du crépuscule jusqu’à 23H », s’insurge Ladji Touré, agent commercial. « A cause de l’état de la route, j’ai perdu toute ma clientèle. Personne ne veut plus de mes délicieux beignets au haricot que je vends au niveau du 3ème point d’arrêt des SOTRAMA. Que fout la mairie ? A quoi sert le maire ? » fulmine Binta Coulibaly.

Ces deux récriminations ne sont qu’un aperçu de la colère générale qui anime les familles de Nafadji, aussi bien celles qui sont aux abords immédiats de la route incriminée que celles qui sont situées un peu plus en profondeur de l’habitat local. Les automobilistes et motocyclistes, eux, notent surtout la très faible visibilité avec laquelle il faut compter dès 19H00. « Plus que la poussière dont on se remplit inévitablement les poumons, ce qui me préoccupe le plus, c’est la visibilité quasi nulle dans laquelle on est obligé de conduire dès le crépuscule tombé. Car cela est cause de plusieurs accidents. Depuis deux semaines, il y a toute une cascade d’accidents : des SOTRAMAS qui heurtent des motocyclistes ; des motocyclistes qui renversent des passants ; deux voitures qui se percutent violemment… j’en passe, tellement les cas se multiplient. On a beau activer les essuie-glaces, rien n’y fait. A partir de 19H00 comme ça, la faible visibilité consécutive à la poussière contraint chacun de rouler avec la plus grande prudence. On a l’impression de conduire à l’aveuglette », fait remarquer Moussa Konaté, vendeur d’équipements sportifs haut-de-gamme.

Amara Nouhoum Keïta, membre de la plateforme des jeunes de Dioumanzana-Nafadji, exprime aussi son sentiment de révolte en s’émouvant des risques de maladies respiratoires pour les élèves. « Vous savez, il y a au moins une dizaine d’écoles privées sur les deux flancs de cette route et dont les fenêtres donnent directement sur le chemin hyper poussiéreux. Imaginez un peu la quantité de poussière que les enfants et les adolescents inhalent chaque jour en classe ! Je n’ai pas de statistiques, mais je vous promets que beaucoup de nos petits frères tombent malades à cause de la poussière invivable. » Et Amara de se scandaliser de la réaction de la mairie. « Nous avons organisé une marche de protestation, le vendredi 04 mars, à laquelle des milliers de gens ont participé. Nous nous sommes rendus par milliers à la mairie de la commune I. Le maire étant absent, c’est son 2ème adjoint qui nous a reçus à l’entrée principale de la municipalité. Nous avons exigé que le maire décaisse un fonds, qu’il loue des camions citernes et qu’il fasse arroser chaque tronçon de la route matin et soir, à défaut de mettre du goudron. La mairie a promis de donner satisfaction à notre exigence au bout de quelques jours. Or, ce qui nous a été dit par la suite est tout simplement révoltant. La mairie est revenue sur sa promesse d’arrosage permanent. Des représentants du maire sont venus nous expliquer que l’entretien de la route ne relevait pas de la compétence de la municipalité mais plutôt de celle du District. Ce que nous contestons », s’énerve-t-il. Poursuivant sa critique, Amara N. Keïta martèle : « Face à ce que nous considérons être de la mauvaise foi de la part du maire, nous avons décidé de maintenir la pression et d’accentuer la mobilisation. Ce jeudi 10 mars 2022, au soir, [les lecteurs comprendront qu’il s’agit d’hier soir], nous avons une nouvelle réunion de notre plateforme pour aviser de la suite. »

Oumar Traoré, autre membre actif de la plateforme, affiche la même fermeté. « On a besoin que la route soit goudronnée ou qu’elle soit arrosée comme nous l’avons exigé. Nous serons intransigeants quant à notre demande car il y va de la santé de tout un quartier c’est-à-dire plusieurs centaines voire milliers de familles. »

« De nouvelles actions de protestation et de revendication sont prévues. Et avec plus d’ampleur », préviennent les jeunes. Lesquels ont le soutien de toutes les personnes âgées du quartier.

Du côté de la municipalité, on se défend de toute inaction et on avance que la route en question relève du District. « C’est une route qui passe par plusieurs zones. La preuve : elle va jusqu’à Safo. C’est une route régionale qui est du ressort du District et non de la mairie. C’est ce que les jeunes ne comprennent pas. La mairie ne peut pas faire grand-chose dans cette histoire. Mais nous restons à l’écoute et sommes investis pour aider les jeunes et les riverains à trouver une solution idoine », déclare un agent de la mairie.

Explication rejetée par les jeunes de la plateforme qui s’appuient sur un fait : « Avant, la route était en mauvais état, mais il n’y avait pas autant de poussière. Ce qui a provoqué cette poussière insupportable, c’est qu’une entreprise dénommée COMMERCE GÉNÉRALE FODÉ COULIBALY a pris, le 14 février 2022, la mauvaise et unilatérale initiative de gratter la route avec des pelleteuses.  Ladite entreprise n’a pas pu agir comme ça ! Elle a forcément eu l’autorisation de la mairie pour faire ce mauvais travail ! C’est pourquoi, nous n’admettons pas l’argument avancé par le maire expliquant que l’entretien de la route n’incombe pas à ses services », observent les jeunes qui donnent rendez-vous « pour très bientôt ». Dans leur plan de revendication : « une nouvelle manifestation géante avec diverses actions ».

MOHAMED MEBA TEMBELY

 Source: journal les échos Mal

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