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MULTIPLICATION DES OBSTACLES DANS LE RETRAIT DE LA MINUSMA DU MALI : Le délai du 31 décembre sera-t-il tenu ?

Enclenché le 1er juillet dernier, suite à l’adoption de la résolution 2690 de l’ONU qui met fin au mandat de la mission de maintien de la paix au Mali à compter du 30 juin 2023, le retrait progressif de la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) arrive en principe à échéance le 31 décembre 2023.

Mais face à la multiplication des obstacles sur le terrain, la question qui se pose est de savoir si le délai du 31 décembre sera tenu. Une question d’autant plus fondée que pas plus tard que le 14 octobre dernier, la Mission elle-même s’inquiétait, dans un communiqué, des difficultés qui l’empêchent d’organiser son processus de retrait du Mali, selon le calendrier officiel. Au nombre de ces obstacles majeurs, les problèmes de déplacement de ses convois dont certains sont bloqués depuis quelques semaines à Gao et à Tombouctou, par exemple, dans l’attente du feu vert des autorités de Bamako pour continuer leur progression. A côté de cela, la sécurité même des Casques bleus est devenue source de préoccupations pour la mission dont les patrouilles de protection terrestres autour de l’aéroport et de leur base à Tombouctou, sont interdites par les autorités maliennes.

Les choses ne vont pas comme sur des roulettes

Le tout, dans un contexte de montée des tensions entre Bamako et les groupes armés du Nord réunis au sein de la coalition du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), sur fond de rivalités pour le contrôle des camps abandonnés par la MINUSMA.  C’est dire si à quelque deux mois de la fin de l’opération de retrait des soldats de la MINUSMA demandé par Bamako, les choses ne vont pas comme sur des roulettes. Et c’est peu dire qu’au-delà de la crise de confiance entre les autorités maliennes et la MINUSMA dont cette situation est largement symptomatique, l’enjeu principal de ce retrait, presqu’au pas de course, des troupes onusiennes, reste la reconquête des camps de la MINUSMA par l’armée malienne et les groupes armés du Nord qui n’entendent pas laisser Bamako tirer avantage de ce départ des Casques bleus par l’occupation des bases de ces forces internationales. La question qui se pose est la suivante : jusqu’où ira l’escalade entre ces deux principaux protagonistes de la crise malienne qui sont visiblement toujours à couteaux tirés. Et qui continuent de se regarder en chiens de faïence, dix ans après le déploiement de la force onusienne dans cette crise protéiforme qui a provoqué la descente du pays aux enfers et qui est encore loin de livrer tous ses secrets ? L’autre question est de savoir ce que cette rivalité sur fond de déterrement de la hache de guerre, pourrait avoir comme conséquences sur le retrait des troupes de la MINUSMA, de plus en plus engagées dans une course contre la montre. Et si le retard accusé est déjà prohibitif, au regard de l’échéance rapprochée de la date de la fin de leur retrait.

Le compte à rebours du retrait de la MINUSMA a commencé

Au-delà, c’est l’avenir même du Mali qui interroge dans un contexte où, après autant d’années d’efforts dans la recherche de la paix, le fossé de la méfiance semble davantage se creuser entre les principaux protagonistes de la crise malienne, au moment où l’accord de paix d’Alger est au point mort s’il n’est pas en passe d’être enterré au cimetière des intérêts divergents des parties au conflit. Et, au-delà de la lutte contre le terrorisme, on se demande si le départ forcé des soldats de la paix qui jouaient peu ou prou le rôle de force tampon, dans l’attente d’une solution politique négociée à la crise, ne contribuera pas à exacerber les tensions entre des protagonistes. Des rivaux qui ne seront pas loin de se retrouver face-à-face et livrés à eux-mêmes, après la levée de camp du dernier contingent des forces internationales. C’est dire si l’on peut nourrir des appréhensions pour le Mali où les autorités de la transition se retrouvent sur plusieurs fronts, au moment où la stabilité du pays reste largement encore un défi. En tout état de cause, après la fermeture des quatre premiers camps que sont ceux de Ménaka, Dogo Sagou, Ber et Goundam, et leur rétrocession à l’Etat malien, on peut dire que le compte à rebours du retrait de la MINUSMA a commencé. Mais quand on sait qu’il en reste encore huit dont ceux des zones sensibles d’Aguelok, Tessalit et surtout Kidal, on attend de voir si le délai du 31 décembre sera tenu. Et surtout si le principe de la rétrocession de ces emprises militaires stratégiques à l’armée malienne, prévaudra jusqu’au bout, et se passera dans le bon ordre et sans anicroche.

 

« Le Pays »

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