Le 03 janvier dernier, le Chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara a reçu, au Palais présidentiel, une délégation du Mali. Conduite par le chef de la diplomatie malienne, elle était composée, entre autres du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation. Les deux membres du gouvernement sont venus expliquer au président ivoirien les conclusions des assises nationales. Qui demandent la prorogation de la Transition de 6 mois à 5 ans supplémentaires. Ce qui a fait bondir le président ivoirien dans son fauteuil. Après avoir opposé un non catégorique à leur « demande » ; il leur a posé la question suivante : « C’est une plaisanterie, j’espère ? Mais où vous croyez-vous ? », s’est-il interrogé à voix haute. Avant de les prévenir, en ces termes : « Vous et votre pays s’exposeront à de sévères sanctions sur le plan international. Du moins, si rien n’est fait pour vous conformer aux principes de l’organisation sous régionale.
Dans cette interview qu’il nous a accordé, le ministre malien des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale revient sur cette rencontre avec « ADO », riche en coups de gueule. Interview imaginaire ou presque.
Selon nos informations, Mr le ministre, votre mission à Abidjan n’a pas été une partie de plaisir. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Que voulez-vous que je vous dise ? L’accueil n’a pas à la hauteur de celui qu’une délégation d’un pays-frère pouvait en attendre. C’est à peine s’il ne nous a pas mis à la porte, après que nous ayons parlé de la prorogation de la Transition de 5 ans supplémentaires.
Et quel a été sa réaction ?
Foudroyante, je dirai. Après un non catégorique, il nous fixé avec son regard de braise. Avant de nous poser la question : « dans quel pays nous croyons ? ». Avant de nous rappeler, sans management, que le Mali s’exposerait à de sévères sanctions économiques sur le plan international ». Du moins, si les autorités maliennes refusent de rentrer dans les rangs.
En clair, si les autorités de la Transition continuaient de coopérer avec la Russie, bête noire des puissances occidentales…
C’est bien cela. Parce que durant toute la durée de nos échanges, nous avons eu l’impression que c’est Macron qui s’exprimait avec la bouche d’Alassane Dramane Ouattara.
C’est à dire ?
En fait, tout se passait comme si c’était le président français lui-même, qui s’exprimait. Et tout porte à croire qu’il ne nous a pas encore pardonné l’accord de coopération que nous avons signé avec la Fédération de Russie, à la demande du peuple malien.
Alors, comment voyez-vous l’avenir du Mali au sein de la CEDEAO ? Le Mali va-t-il y rester ou en sortir ?
Nous poursuivons la réflexion sur le sujet. Car le président de la Transition ne nous a pas encore donné son avis sur le sujet.
Comme certains Chefs d’Etat de l’organisation sous régionale sont considérés, à tort ou à raison, comme des « sous –préfets de Macron » en Afrique de l’Ouest, peut-on dire, sans risque de se tromper, que les désirs de Macron sont considérés comme des ordres ?
Au moment où nous parlons, rien n’est à exclure. Toutes les options sont sur la table.
Y a-t-il au sein des Chefs d’Etat de la CEDEAO, des présidents qui soutiennent le Mali ?
Je n’en sais rien. Mais, ce n’est pas impossible, malgré la pression de Macron sur nombre d’entre – eux.
Quel appel lancez-vous aux Maliens après ces sanctions?
Je leur demande de garder leur calme. Car, tous les pays qui vivent, aujourd’hui, heureux sont passés par là. Donc, ce n’est pas la fin du monde.
Interview réalisé par Le Mollah Omar
Source : Canard Déchainé