La guerre de tranchée que certains ténors du Rpm, à leur tête le secrétaire général, Bocari Tréta avait déclaré au désormais ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly, a connu son épilogue avec la démission de ce dernier, samedi, à la surprise générale de tous. Avec la nomination de Moussa Mara à la Primature, Bocari Treta remet ça.
Moussa Mara est le chef du parti Yelema avec une ligne politique propre à lui. Il a soutenu le président IBK au second tour de la présidentielle. Crédité seulement de 1,5% des voix au premier tour de la présidentielle de 2013, Moussa Mara passe pour être, en dépit de son faible score, un leader politique dynamique avec une véritable force de proposition d’idées. Il avait réussi à mettre IBK en ballotage aux élections législatives de 2007 en commune IV du district de Bamako, avant d’être élu maire de la même circonscription.
Ministre de l’Urbanisme et de la politique de la ville dans le gouvernement sortant, il n’a fallu que six mois seulement au sein du gouvernement pour que Moussa Mara s’arroge la confiance du président de la République.
Avec la démission inattendue du Premier ministre, Oumar Tatam Ly, IBK a été contraint de remanier son gouvernement. Et c’est le jeune Moussa Mara, 39 ans seulement, natif de Bamako, qui a eu la confiance du président.
Coup de tonnerre à l’annonce de la nomination de Mara au sein du parti présidentiel dont certains sont tombés des nues. Si la décision de sa nomination a été ‘’acceptée’’ par le Rpm dans un communiqué officiel diffusé sur les antennes de l’Ortm, il l’est moins en réalité chez Bocari Tréta et ses proches. Car, c’est du bout des lèvres que certains caciques du parti acceptent cette nomination, du reste, surprenante pour eux.
La frange du Rpm hostile à un Premier ministre qui ne vient pas du parti présidentiel, dirigé par le secrétaire général du parti et non moins ministre de l’Agriculture dans le gouvernement sortant, ne cache plus sa colère et son incompréhension. Celle-ci serait déjà en embuscade.
Moussa Mara va-t-il avoir les coudées franches pour conduire la mission à lui confier par le président de la République ? Rien n’est moins sûr. En tous les cas, en nommant un homme politique non membre de son parti, IBK a fait un signal fort de bonne foi aux Maliens, pensent certains analystes de la place. Au demeurant, le nouveau Premier ministre aura la lourde tâche de faire face au difficile redressement économique dont le pays a tant besoin. Idem pour le panier de la ménagère, mais aussi et surtout la conduite des négociations avec les groupes armés, qui n’ont pas, manifestement renoncé à leur irrédentisme, ou encore la pacification des régions du nord toujours en proie à des remous sécuritaires.
L’une des lourdes tâches de Moussa Mara est de conduire un gouvernement composé de… caciques et cela n’est pas chose aisée pour un jeunot même avec le soutien du président de la République.
Exclusivité présidentielle
« La nomination du Premier ministre est une prérogative exclusivement réservée au président de la République », relève un membre influent du bureau politique national du Rpm, par ailleurs, directeur de campagne d’IBK, Abdoulaye Idrissa Maïga. Ce dernier se reconnaît au communiqué officiel du Rpm qui dit avoir pris acte de la nomination de Moussa Mara comme Premier ministre.
Selon de sources bien introduites, la fronde à peine voilée du secrétaire général du Rpm n’aura pas eu la caution de beaucoup de cadres du parti. Quand est-ce que Bocari Tréta va enfin se résoudre à accepter les faveurs que la constitution du Mali confère à son ‘’camarade’’ devenu président de la République.
Alhassane H.Maïga