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Mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon : l’ONU accuse la France d’entraver l’enquête

Dans une lettre aux autorités françaises dont Mediapart et le « Guardian » ont eu une copie, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extra-judiciaires, Agnès Callamard, accuse l’armée française d’entraver l’enquête de l’ONU sur l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali. Et dénonce « des zones d’ombre troublantes ».

Dans sa lettre de 30 pages envoyée aux autorités françaises et dont Mediapart et le Guardian ont pu se procurer une copie, Agnès Callamard ne mâche pas ses mots. Sept ans après l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon près de Kidal, la rapporteuse spéciale de l’ONU affirme tout d’abord que l’armée française utilise de manière abusive les règles du secret défense pour empêcher les enquêteurs d’établir la vérité. Agnès Callamard dénonce une entrave à l’enquête judiciaire et une violation du droit international.

Elle évoque par ailleurs les « mensonges initiaux » des autorités françaises. Allusion notamment à la manière dont l’ancien président François Hollande et l’ancien patron de la DGSE Bernard Bajolet ont varié dans leurs déclarations. L’un et l’autre avaient admis dans un premier temps l’existence d’une écoute entre un commanditaire présumé et un ravisseur de Ghislaine Dupont et Claude Verlon avant de revenir sur leurs propos lors de leur audition par le juge.

La « réhabilitation » de Seidane Ag Hitta

Dans sa lettre, Agnès Callamard s’intéresse également au sort de Seidane Ag Hitta, le commanditaire présumé de l’assassinat. L’homme est réapparu à l’occasion de la libération de quatre otages, parmi lesquels la Française Sophie Pétronin, en octobre dernier. Ag Hitta a participé aux négociations. Des photos en témoignent.

Agnès Callamard dénonce ce qui pour elle constitue « une réhabilitation progressive » du cerveau du double assassinat des deux reporters de RFI. D’autant, ajoute-t-elle, que cet homme a servi directement ou indirectement d’interlocuteur à la France. Interrogé par Mediapart à ce sujet, l’Élysée s’est contenté de répondre que les négociations ont été menées par les seules autorités maliennes.

Nous sommes vraiment dans un scénario extrêmement inquiétant. Que la personne qui a commandité le crime se retrouve quelques années plus tard au milieu d’une négociation extrêmement sophistiquée qui a abouti à la remise en liberté de quatre otages ainsi qu’à la remise en liberté de 200 membres de groupes armés et probablement d’une grosse somme d’argent […], cela veut dire qu’à un moment donné certaines personnes auront déterminé que des intérêts priment bien au-dessus de la recherche de la vérité, de la justice pour le crime commis. Tout cela se fait dans le secret.

Agnès Callamard à propos de Seidane Ag Hitta 

La réponse française s’est aussi faite par la voie diplomatique : aux 31 pages du courrier d’Agnès Callamard, le Quai d’Orsay a répondu par quatre paragraphes. Il assure que l’enquête suit son cours et que la France y coopère pleinement. Une réponse qualifiée aujourd’hui par la désormais ex-rapporteur de l’ONU d’insulte aux familles et d’insulte à la mémoire de Ghislane Dupont et de Claude Verlon.

Bon nombre des déclarations de la rapporteuse de l’ONU étaient contenus dans une enquête menée par RFI et publiée en juillet 2019. Aujourd’hui, un rapport de l’ONU martèle haut et fort ces affirmations.

RFI

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