Patrimoine de l’Etat, la forêt classée de Tienfala, en proie à des spéculations foncières depuis quelques années, est en passe d’être rayée de la carte nationale, du moins si le gouvernement n’agit pas pendant qu’il est encore temps. Sur les 3000 hectares que couvre la forêt, environ 150 titres fonciers ont déjà été délivrés par le service des domaines de Kati.
La forêt classée de Tienfala, dans le cercle de Kati, décrétée comme telle depuis 1939 est en passe d’être rayée du patrimoine forestier malien. C’est le moins que l’on puisse dire. Car sur les 3000 hectares que couvre la forêt, environ 150 titres fonciers ont déjà été délivrés par le service des domaines du cercle de Kati. Parmi les propriétaires les noms de plusieurs opérateurs économiques et des têtes couronnées de l’administration publique sont citées. Toute chose qui expliquerait probablement le silence complice des gouvernements successifs de l’ère démocratique sur la question. Selon nos investigations, plusieurs centaines d’hectares ont été morcelés et vendus à des particuliers par un réseau de spéculateurs fonciers qui ferait de la forêt pour un héritage que leur aurait légué leurs ancêtres. Et ce avec la bénédiction de certains agents des services des domaines de Kati qui leur livrent les documents administratifs (Permis d’occuper et titres fonciers). Ainsi à la place des centaines d’hectares de la forêt rasée, on peut constater la construction de maisons à usage d’habitation et des fermes agricoles appartenant à des opérateurs économiques fortunés. Selon nos informations, un d’entre eux posséderait environ 80 hectares de la forêt qu’il a rasés à coup de bulldozers pour ériger des fermes et des maisons. Pis, d’après nos sources, suite à un différend opposant ce dernier à un des agents des eaux et forêts, chargé de la surveillance la forêt classée de Tienfala, l’Etat malien a été sommé par le tribunal de Kati de lui verser plusieurs millions de nos francs en guise de dédommagement. D’où la colère des populations des villages voisins de la forêt classée de Tienfala. À savoir Tienfala-Gare, Fougadougou, Tienfala-village, Djigoni, Manabougou.
« Le comble c’est que la justice va jusqu’à sommer l’Etat malien de dédommager ce riche commerçant à hauteur de 200 000 000 Fcfa alors qu’il se trouve dans l’illégalité non seulement en détruisant plus de 50 ha d’arbres mais aussi en occupant illicitement le domaine privé de l’Etat », s’est indigné le collectif des villages riverains de la forêt classée de Tienfala dans une lettre ouverte récemment adressée au chef du gouvernement Modibo Keïta.
Excédées par l’inaction des autorités publiques, en l’occurrence les gouvernements successifs, les populations des villages voisins de la forêt classée de Tienfala menacent de s’auto octroyer à leur tour les parcelles pour en faire des champs de culture. A moins que le gouvernement prenne des mesures idoines pour mettre un terme au morcellement et à la vente des terres de la forêt classée de Tienfala. Avec à la clé, la destruction de la faune et la flore qui constituent, pour l’Etat malien, une richesse.
Le ministre des Affaires Foncières, des Domaines de l’Etat et du Patrimoine, Mohamed Aly Bathily, va-t-il, comme à ses habitudes se rendre sur les lieux dans les jours à venir pour constater les faits et restituer à l’Etat malien son patrimoine ?. Et s’il faut, traduire les coupables devant les juridictions compétentes ?. Rien n’est moins sûr !
Nous y reviendrons
Lassina NIANGALY
Source: Autre presse