La Région de Mopti situé au cœur du Delta central du Niger est soumise à des catastrophes naturelles, les sécheresses, les inondations, les épidémies, les épizooties, les invasions acridiennes de plus en plus récurrentes. Ces dix dernières années, cette situation est exacerbée par une crise sécuritaire alimentée par le terrorisme et les conflits intercommunautaires entraînant des mouvements massifs de populations. Il est établi que c’est pendant la saison des pluies que la Région enregistre le plus grand nombre d’inondations particulièrement dans les Cercles de Ténenkou, Youwarou, Douentza, Mopti et dans certains villages du pays Dogon situés dans le versant des eaux collinaires.
Du constat des expériences antérieures de gestion des catastrophes dans la région caractérisée par la lenteur de la réponse, la faible mobilisation des ressources, auxquelles s’ajoute la faiblesse des mécanismes de coordination, le comité régional de gestion des catastrophes de Mopti entend actualiser avec l’approche de l’hivernage, le plan de contingence multirisques en lien avec celui du niveau national.
Ce plan de contingence a pour objectifs de renforcer la préparation pour faire face aux catastrophes, anticiper et intervenir plus efficacement et à temps à tous les niveaux en cas de calamités. Ce plan constitue un outil stratégique de gestion au service de la préparation de la réponse aux catastrophes visant à garantir que les dispositions adéquates soient prises en anticipation d’une crise et mises en œuvre dès la déclaration d’une catastrophe.
Les travaux de validation du plan de contingence multirisques 2021-2022 des Régions de Mopti, Bandiagara et Douentza se sont tenus le 31 mai dernier à Mopti. L’évènement, qui était présidé par le gouverneur de la Région de Mopti, le colonel-major Abass Dembélé, a mobilisé outre les membres du comité, les leaders et co-leaders des clusters sécurité alimentaire, éducation, wash, santé, nutrition, protection et abris/NFI.
Le document de plan de contingence présenté par le lieutenant-colonel sapeur-pompier Namaké Keïta se focalise sur quatre risques majeurs, dont trois sont très probables dans les régions cibles. Il s’agit des mouvements de populations suite à la persistance des conflits armés, dont l’impact touchera environ 180.000 personnes, les inondations qui affecteront avec un impact sévère 27.000 personnes et les épidémies impliquant de façon critique 4.659 personnes. Au regard de l’abondance des pluies prévue par Mali-Météo cette année, le risque peu probable est la sècheresse. Selon les prévisions, au pire des cas 2.156 ménages, soit 14.350 personnes seront affectées.
Aussi le plan de contingence permettra, selon Namaké Keïta, de clarifier les relations/responsabilités entre les différents services techniques de l’état et les partenaires humanitaires, faciliter la coordination des actions et une mise en cohérence des plans sectoriels ; d’identifier et diminuer les risques les plus probables en réduisant les délais d’intervention et le nombre de perte de vies humaines. à cet effet, Namaké Keïta a présenté les indicateurs et le niveau d’alerte, et les actions requises.
Il s’est réjoui de la promptitude de l’ensemble des partenaires dans la constitution des stocks de kits de prise en charge de tous les risques et besoins sectoriels. Les stocks sont déjà prépositionnés au niveau des différentes coordinations sectorielles que sont, la direction régionale de l’agriculture pour la sécurité alimentaire, dont les membres partenaires sont le PAM et la FAO, l’Académie de l’éducation de Mopti et Douentza avec Unicef, SCI pour l’éducation, entre autres.
La coordination inter-secteurs est assurée par Ocha et les cellules régionales de veille et d’intervention sont coordonnées par les conseillers aux affaires économiques et financières des gouverneurs de Mopti, Bandiagara et Douentza. Parmi les actions de protection contre les inondations, la Minusma prévoit la réalisation des caniveaux à Barbé et à Douentza et le Pnud dans le cadre de son projet de gestion de risques climatiques et d’inondations au Mali ambitionne la construction de dépôts de transit des déchets solides à Sévaré (Mopti) et à Bandiagara.
à l’issue des échanges, les participants ont évoqué le problème de l’insécurité dans la zone comme facteur pouvant rallonger les délais d’intervention. Ils ont aussi souhaité l’activation des comités de veille au niveau local, communal et villageois. Ils ont souhaité que les partenaires informent les forces de sécurité de leur mouvement avec les secours afin d’éviter qu’ils ne tombent dans les mains de l’ennemi.
Le chef de l’exécutif régional de Mopti, a remercié les participants pour la qualité de cet important outil de planification et de réponse pour une prévision d’événements d’urgence prenant en compte le contexte, les contraintes internes et externes et pour le bonheur des communautés.
Dramane COULIBALY
Amap-Mopti