Depuis quelques jours, les populations maliennes commencent à retrouver leur souffle, même si le spectre de la terreur plane toujours dans leur localité jadis occupée par les djihadistes. Les populations de Ouatagouna, de Farabougou, et plusieurs villes et villages qui, étaient sous le joug des terroristes vaguent timidement à leur occupation ces derniers jours. Cependant, il est urgent, selon leur témoignage, pour l’armée malienne d’y être constante pour débarrasser les lieux totalement de certains éléments dangereux, qui malgré qu’affaiblis par les opérations, sèment toujours la zizanie et entretiennent le doute.
Connues d’être en proie des deux groupes Djihadistes les plus redoutables du Sahel, les populations de ces localités se sentent moins inquiétés ces derniers, temps.
Au Grand Nord, dans la commune rurale Ouatagouna, Youssouf Diallo, fait partie de milliers de citoyens ayant fui leur terroir, pour se préserver de l’insécurité et des diktats des terroristes. Cet habitant de Ouatagouna déplacé à Gao depuis plusieurs mois déplore l’absence des services de l’administration chez lui, à l’instar de nombreuses autres communes du pays.
« A cause de l’insécurité, les écoles sont fermées à Ouatagouna. Des terroristes pendant très longtemps se sont opposés à l’ouverture des classes », a déclaré le jeune Diallo, la gorge nouée. Conséquences : des dizaines d’enfants sont privés de leur droit fondamental à l’éducation.
Il dit avoir l’espoir que certains d’entre eux pourraient avoir la chance d’étudier cette année. « Nous sommes ravis de constater que la montée en puissance de l’armée nationale fait des effets positifs. De plus en plus, la peur est en train de changer de camp. C’est pourquoi, des efforts sont en cours pour que les élèves de Ouatagouna du second cycle puissent poursuivre l’année scolaire à Labbezenga qui dispose d’un camp militaire pour sécuriser la ville », a-t-il affirmé.
Si des efforts doivent être consentis notamment au niveau scolaire et sécuritaire, il se réjouis des actions au plan sanitaire avec l’appui des Organisations non gouvernementales (ONG) qui équipent les structures de santé.
Par ailleurs, depuis quelque temps, le jeune Youssouf Diallo constate une évolution positive de la situation avec la présence rassurante des forces armées maliennes qui, selon lui, ont changé de posture. De plus en plus, la population vague à ses occupations pourvue que cela continue, espère-t-il.
Lueurs d’espoir précaire au centre
A Maribougou, et les villages environnant dans le cercle de Djenne qui étaient les gîtes des terroristes d’Amadou Kouffa ont été vandalisés par les FAMAS. Selon Seyni DJENEPO, Président des jeunes du conseil communal de Djenne, c’est le mardi passé que les derniers nids des terroristes ont été détruits. « Ce sont 9 villages qui étaient considérés comme les camps des djihadistes et ont été libérés par les FAMAS. Il s’agit notamment des camps de Maribougou, de N’Douabougou, de Dorobougou, de koloboro, de Tôrôbougou, de Soma, de Berta, de Koumaga et de kounti. Actuellement, ces villages vaquent à leur occupation, puisque qu’il n’y a pas Cheick point des Djiahsitdes », a-t-il dit, avant d’indiquer que les djihadistes rescapés n’ont pas totalement quitté les lieux.
« Même si nous ne sentons pas le spectre de la terreur, les quelques djihadistes rodent autour des villages et font même souvent des tirs de sommation et profèrent des menaces pour intimider les populations. C’est pour dire que des djihadistes ont fui mais ils n’ont pas été neutralisés. Alors, il est urgent que l’armée malienne vienne s’installer pour que les gens retrouvent totalement leur liberté. Sinon à part Maribougou, les autres villages sont toujours sous menace djihadistes, même si la terreur n’est plus comme avant » a-t-il insisté.
A Diabaly, dans la zone Office du Niger, les femmes longuement cantonnées dans leurs maisons sont heureuses de reprendre leur activité quotidienne. Il est 9 heures Mme TRAORE Lala Mariko, munie d’un arrosoir, d’une pioche, d’une bassine, un demi sac d’engrais et son repas du jour. Direction : son jardin maraîcher.
Embarqués sur une charrette, elle et ses enfants rejoignent leur jardin d’oignon, qui donne tout un signe d’espoir.
Sous un grand baobab, les cris d’oiseux et des petits ruminants témoignent la quiétude que gagne timidement cette localité. Dans un entretien, Mme TRAORE nous fait revivre le calvaire des habitants des Diabaly pendant des jours.
« Si vous regardez bien nos jardins vous allez comprendre qu’ils viennent d’être refaits, puisqu’abandonné pendant au moins deux années. Nous avons procédé au nettoyage de la surface et à un premier cerclage avant le repique des pépinières. Avant cela n’était pas possible, car à part les Donsos qui risquaient très souvent leur vie pour sortir, les femmes ne pouvaient s’aventurer à un kilomètre du village. Mais, Dieu Merci aujourd’hui, nous vaquons à nos activités librement sans être inquiétées », a-t-elle rassuré, avant d’exprimer son inquiétude à la présence des éléments des groupes terroristes.
Au secteur 39 de Niono, le constat est le même.
« Ici chez nous, nous remercions Dieu. Tout est à présent à l’ordre. Depuis l’assaut dans certains villages, nous ne voyons plus les djihadistes. Nous espérons que ce climat d’accalmie perdure. Nous sollicitons la vigilance des FAMAS. Il faut une constance sur le terrain pendant des années, pour que ces gens quittent les lieux », a indiqué Sekou Sallah TRAORE, un résident de ce village.
Farabougou, l’arrête dans la gorge des Famas
Si les villageois de Farabougou ne se sentent plus abandonnés par les plus hautes autorités, il est important de souligner que les habitants sont toujours sous embargo djihadistes, même si les terroristes n’osent plus venir vilipender les paisibles citoyens à cause de la présence des FAMA.
Ladji COULIBALY, un Donso de Farabougou nous décrit la situation qui y prévaut. Joint par téléphone, Ladji nous confie que personne ne pouvait dépasser le village de Farabougou de 2 kilomètres.
« Les terroristes sont eux aussi cantonnés dans les grandes forêts qui entourent les lieux. Dieu merci, depuis des mois, c’est le gouvernement qui nous assiste avec des vivres et non vivres. Mais, nous ne pouvons vivre au crochet de l’Etat pendant une éternité. Ça fait des années que notre village est sous siège. C’est dans de conditions misérables, que nous avons produit pendant ces années », a-t-il révélé. Selon lui, sur les 300 ménages de Farabougou, la moitié n’a pu faire la récolte cette année. Une grande partie de la maigre moisson de ces récoltes a été brûlée les terroristes.
« Nous sommes restés bredouilles pendant des années. Les femmes et les enfants en ont subis les frais. C’était avant l’arrivée des autorités de la transition. Leur présence a changé les données. Nous les remercions pour cela, mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, cette situation de siège est réelle et il faut en finir. Pour la petite histoire, les habituants de Farabougou ne peuvent plus faire de culture de contresaison, puisque les eaux du canal sont loin du village et ne sont plus accessibles à cause des djihadistes », a déclaré M. COULIBALY.
En tout état de cause, l’heure n’est pas encore à la liesse pour une victoire difficile en si peu de temps. Des résultats sont enregistrés.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin