Me Mohamed Ali Bathily était l’invité politique d’Africable télévision le dimanche 3 juin 2018. Cette occasion a été favorable pour le juriste d’exprimer toute sa déception du régime actuel qui gouverne la République du Mali au prix du sang.
De la question de Ras Bath à la question sécuritaire du Mali en passant par la responsabilité d’Ibrahim Boubacar Keita et de Soumeylou Boubeye Maiga dans la gouvernance actuelle du Mali, Me Bathily se dit déçu. Sur la question de Youssouph Bathily alias Ras Bath, Me Bathily explique que s’il existe un « phénomène Ras Bath », celui-ci relève de la responsabilité de la gouvernance d’IBK. L’emprisonnement de ce jeune homme en 2016 a contribué à lui donner plus de popularité, explique-t-il. « Ras Bath est une fabrique », ajoute-t-il.
Au cours de cet entretien, l’avis du juriste sur les hommes politiques de son État n’a pas été négligé. S’il regrette une chose, c’est la méconnaissance du Mali par les politiques maliens. Toute construction raisonnable passe par la compréhension, remarque-t-il. Celle-ci est primordiale et constitue une condition primordiale de la construction nationale. Ce pays, ajoute-t-il, ne leur a pas été donné pour une destruction préméditée, mais plutôt pour être construit. On a l’impression que tous ceux qui viennent à la tête de l’État ne sont là que pour se remplir les poches. La corruption, la dilapidation des biens de l’État ont atteint le summumau Mali, regrette-t-il. À la question de la surfacturation de l’avion présidentiel pendant qu’il était encore ministre, il a fait remarquer : « J’ai transmis tous les dossiers à la justice dont celle de la surfacturation de l’avion présidentiel et de l’armée. Le Mali n’est pas gouverné, chacun est là pour piller ce qu’il peut piller ».
Si l’ex-ministre du secteur foncier et de l’urbanisme a un autre regret, c’est bien les doublons dans le langage du président. Celui-ci disait que son gouvernement ne sera pas un gâteau où chacun viendra se servir une part. Mais, hélas, ce même monsieur revient à la charge pour dire que « certains se sont rassasiés et refusent de faire la vaisselle. » Cela voudrait-il dire que son gouvernement a fini par devenir un lieu de partage de gâteau, s’interroge-t-il.
En ce qui concerne la question sécuritaire, Me Bathily explique que l’exacerbation de la situation sécuritaire du Mali jusqu’à impliquer le centre du pays relève d’une mauvaise gouvernance de l’État. C’est un problème de politique d’anticipation, une absence de justice sociale voire une incapacité criarde de l’État à s’assumer, explique-t-il.
Le point fort de cet entretien politique a été la question de l’éventualité d’une crise postélectorale. Aux dires de Me Bathily, la nouvelle loi électorale porte en puissance des germes de fraudes soigneusement préparés. « Permettre au seul ministre de l’Administration territoriale de décider du concept de cas de force majeure et des zones auxquelles il est applicable n’inspire pas », remarque-t-il avant d’ajouter « Quand on veut que le fruit ne se pourrisse pas, on n’y introduit pas un ver. »
Avant de finir, il a tenu à lancer un appel vibrant à tous les Maliens à une prise de conscience. À ses dires, il est grand temps que les Maliens ouvrent les yeux pour contempler la réalité en face. « Après le sommet France-Afrique, le parking du gouvernement avait reçu 360 véhicules neufs, 73 ont été immatriculés au nom de l’État et les autres sont restés dans les mains du président et du PM qui sont en train de les distribuer à qui ils veulent comme leurs biens personnels », explique Mohamed Ali Bathily.
Il convient de faire remarquer que toutes ces situations n’honorent pas le Mali.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays