Modibo Keita nommé Premier ministre : IBK gifle (encore) le RPM
En fait ces barons, au nombre desquels le ministre Bocari Téreta, croient, chacun, que leur heure a sonné pour occuper la fonction de chef de gouvernement. Mais, lorsque le président IBK a nommé, en septembre 2013, Oumar Tatam Ly, Premier ministre, la décision a eu au RPM, l’effet d’une bombe. D’où toute la difficulté rencontrée par Tatam Ly pour conduire l’action gouvernementale. Constamment, des cadres du parti lui ont mis les bâtons dans les roues, jusqu’à ce qu’il décide de jeter l’éponge. Quand Oumar Tatam Ly a remis au chef de l’Etat sa démission, ce fut la fête au RPM.
Mais, une fois encore, ce fut la déception, quand IBK, à la surprise générale, nomma, en avril dernier, Moussa Mara, Premier ministre. Le président d’un parti (Yéléma) qui ne compte qu’un seul député à l’Assemblée nationale. Le RPM n’a pu que constater les dégâts et en avait pris tout simplement acte.
Mais l’enjeu est trop important pour les dinosaures du parti pour désarmer et renoncer à leur ambition de prendre la Primature. Au contraire. Les mêmes manœuvres qui avaient pourri la vie à OTL ont continué avec Moussa Mara. On se rappelle comment, quelques mois auparavant, la direction du RPM a dégainé contre le Premier ministre lorsque celui-ci a eu l’idée (peut-être pas forcement malveillante) de vouloir mettre sur pied une coalition des partis de la majorité présidentielle. Le simple fait d’avoir été choisi pour diriger cette coalition a valu à Mara des attaques de la part de certains responsables du RPM, qui l’ont accusé de nourrir des «ambitions démesurées». La suite est connue. Le président de la République, qui a suivi toute cette passe d’armes à distance, savait que tout cela était alimenté par des cadres pressés de succéder à Moussa Mara.
Mara limogé !
Au sein même de la majorité, de nombreux responsables soutiennent que Moussa Mara a tout simplement été «limogé» par le chef de l’Etat. Mais, une lecture du communiqué de la présidence de la République fait plutôt penser à une démission. Dans tous les cas, quelque soit l’hypothèse, ce qu’il faut retenir c’est que encore une fois, le président de la République, s’est refusé d’aller dans le sens voulu par son parti : choisir le Premier ministre dans ses rangs.
Quand le départ du gouvernement Mara a été annoncé, en début de soirée, le jeudi dernier, ces barons du RPM auraient « applaudi ». Mais leur joie fut de courte durée, car le décret qui met fin aux fonctions de Mara, a été suivi par celui qui nomme son successeur, Modibo Keïta. Celui-ci, aussi, n’est pas un cadre du parti. Les pourfendeurs de Mara viennent ainsi d’être « dribblés » par leur mentor. IBK a choisi de couper court aux spéculations sur le choix du Premier ministre.
A leur très grande surprise (déception ?), le chef de l’Etat, a encore fait une passe de jambe à son parti, en allant choisir son Premier ministre hors des états-majors politiques. Il fit, en effet, appel à un commis de l’Etat. En jetant son dévolu sur ce cadre au parcours exceptionnel, IBK a tenu à donner une leçon aux dinosaures de son parti et surtout ceux là qui sont trop « pressés»…
Oumar Diamoye
Source: L’Aube