Après avoir tout donné au régime du général Moussa Traoré qui l’a copté lors d’une grève des enseignants, le nouveau Premier ministre n’est pas l’homme sur lequel le peuple malien peut compter pour réaliser le changement et donner à notre pays son rayonnement d’antan sur la scène internationale.
Le retour de Modibo Keïta, à la primature, treize ans après sa première nomination à ce poste, est à ne pas douter une offense à certains cadres qui bénéficient de la même considération et estime que lui et qui n’attendent que la première occasion pour se découvrir à la face du monde par leur intégrité morale et leur sens élevé de l’Etat. Ce qui est sûr, ils ne seront pas appelés aux commandes pour la simple raison qu’ils ne font partie de l’oligarchie dont les membres se succèdent à des postes à responsabilité depuis l’arrivée au pouvoir des démocrates-prédateurs. Et chaque fois que le peuple découvre que c’est la succession dynastique dans l’appareil d’Etat, ils changent de stratagème en procédant à des permutations. Ainsi va le Mali de la démocratie importée.Le nouveau Premier ministre, nommé le 8 janvier, n’est pas un inconnu de la scène politique malienne, eu égard à son parcours exceptionnel dans la haute sphère de l’administration d’Etat. Modibo Keïta, de qui il s’agit, a laissé le souvenir d’un homme d’Etat partout où il a été nommé à des postes à responsabilité. Il s’est, durant sa longue et riche carrière dans les rouages de l’Etat, toujours distingué, selon ses anciens collaborateurs, amis et proches, par ses qualités d’honnêteté, de ponctualité, de rigueur, de sobriété, de respect et surtout son faible pour la chose publique. Ces qualités lui ont valu respect et considération au sein de l’opinion publique malienne qui ne tarit pas d’éloges en son endroit chaque fois qu’il sorte d’une hibernation. Mais de là à faire de lui cet homme providentiel sans lequel le Mali ne pourra jamais faire un pas vers son développement, il y a un pas que le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a allègrement franchi pour dire aux Maliens que leur pays se cherche désespérément en cadres honnêtes pour travailler à ses côtés dans l’espoir de traduire en actes concrets son programme de changement.
Mais ce qui est certain, la nomination de Modibo Keïta comme Premier ministre n’augure rien de bon pour le nouveau Mali que les Maliens espèrent bâtir depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012. Et cela pour plusieurs raisons.
D’abord, il a tout donné au régime de Moussa Traoré. Ensuite, il sera confronté à la tyrannie d’IBK qui a déclaré lors de la présentation des vœux de nouvel An qu’il ne partage pas son autorité avec quelqu’un. Avec cette déclaration d’IBK, on peut dire sans se tromper que le nouveau Premier ministre n’aura pas les coudées franches dans la conduite des affaires de l’Etat. Enfin, il est un homme du passé et en déphasage de la géopolitique mondiale.
Yoro SOW
