La révolution de la littérature malienne n’est plus pour demain, de jeunes auteurs qui ne cessent de faire leur apparition sur cette scène, donnent l’espoir d’un avenir meilleur. Tous les genres connaissent désormais leurs nouveaux hommes forts. Modibo Ibrahima Kanfo, jeune étudiant en Lettres modernes à l’Université des Lettres et des sciences humaines de Bamako honore désormais toute cette scène littéraire malienne par sa conviction de révolutionner la littérature malienne et sous régionale par le Kanfonisme. Il est l’auteur de « Au-delà de l’apparence », un recueil de poèmes. À notre micro, il explique ses motivations réelles ainsi que ce que lui représente ce livre. Lisez l’interview !
Le Pays : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Modibo Ibrahima Kanfo : Je suis Modibo Ibrahima Kanfo. J’ai 23 ans. Je suis originaire de Tindirma (région de Tombouctou). Je suis né à Nioko (région de Koulikoro). J’ai grandi à Yangasso (région de Ségou). Je poursuis présentement des études de lettres à l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako. Je suis membre de plusieurs associations littéraires, notamment l’Union des Écrivains du Mali, le club des lecteurs de l’institut français, le club des lecteurs de la bibliothèque nationale, le Mouvement Estudiantin pour la Promotion de la Littérature Malienne. Je suis le président du mouvement de jeunes écrivains dénommé Les Jeunes Esprits de la Littérature Malienne (JELMA).
Qu’est-ce que l’écriture représente pour vous ?
L’écriture est pour moi une passion. J’ai développé cela dans mon poème intitulé « Laissez-moi suivre la voix de ma passion ». J’écris pour me divertir, j’écris pour refléter la société, j’écris pour critiquer, j’écris pour faire avancer mon pays, principalement dans le domaine de la littérature. Donc l’écriture représente une chose irremplaçable dans ma vie.
Comment comprendre Au-delà de l’apparence ?
Il faut juste comprendre que c’est un recueil de poèmes, tout comme les autres. Dans ce recueil, j’ai beaucoup opté pour les poèmes courts dans lesquels il y a question de paix, de solitude, d’amour, de mort, etc.
D’habitude je codifie mes poèmes et souvent je fais des jeux fantaisistes. Dans ce recueil, j’en ai fait quelques-uns. Pour ne donner que deux cas, primo les poèmes (du 1er au 15e) selon leur nombre de vers, se suivent dans le recueil de façon croissante (3, 5, 6, 8, 12…) par contre du 16e poème au 32e(le dernier), ça décroit avec les mêmes chiffres (…12, 8, 6, 5, 3). Cette montée et cette descente représentent la colline du succès, c’est pourquoi dans le recueil à part les titres, le mot « succès » est le seul mot écrit en lettres capitales. Le message véhiculé par cette représentation est la suivante « il n’y a pas de succès éternel ».
Secundo, quand on divise le nombre de vers du poème le plus long par le nombre de vers du poème le plus court, on tombe sur l’âge que j’avais, l’année de la publication de mon livre (2018).
En lisant les 32 poèmes de votre recueil, on se rend compte que chaque poème se termine par une date. Que représentent ces dates ?
De la façon dont chaque personne a une date de naissance, c’est de la même manière que chaque poème a aussi une date de naissance. L’écriture de chaque poème est un temps fort pour moi, tant ma passion pour l’écriture est élevée. C’est la raison pour laquelle je date presque tous mes poèmes.
Ce recueil de poèmes aborde plusieurs thématiques notamment, la question de la paix. Peux-tu nous expliquer ce qui vous inspire la question de Kidal ?
Dans ce poème, je parle du malaise dans lequel m’a mis la crise malienne de 2012 en général et les affrontements à Kidal en particulier : « De ma tête à mes pieds, partout j’ai mal / J’ai mal d’entendre à Kidal des rafales… ».
À travers ce recueil, comment le poète pense le bonheur ?
Dans ce recueil, j’ai souvent montré que le bonheur est à voir comme une chose à espérer pour tous : « J’ai toujours souhaité un fleuve / Un fleuve d’union / Un fleuve de paix / Un fleuve de travail / Un fleuve de réussite / Dans lequel baignera le monde ». J’ai aussi traité le bonheur comme le résultat du bienfait dans le poème intitulé DEUX MORTS AU CIMETIÈRE : « Nous pleurons sous le soleil de nos maux / Et nous ne nous reposons que sous l’ombre de nos biens ».
Peux-tu nous expliquer votre poème « L’aube d’une révolution » ?
Ce poème est un point de départ d’une révolution littéraire qui honorera bientôt le Mali dans la sous-région, en Afrique et partout dans le monde.
Cette révolution des proses et des vers s’est déclenchée au sein du mouvement JELMA. Présentement nous sommes en train de mettre en place des projets pour renforcer la qualité et la quantité de nos écrits. Désormais, j’avoue avec certitude que si les éditions ne se fatiguent pas de publier nos manuscrits, nous ne nous fatiguerons jamais d’écrire…
Le monde littéraire a déjà connu le vers blanc, le vers libre, le vers médaillé, mais il n’a pas encore connu le vers fantôme. Le monde littéraire a déjà connu le rondeau, la sextine, le pantoun, le tanka, l’élégie, le ghazal, mais il n’a pas encore connu la kanfonienne, le poème-caméléon, la poématique, le manancou, la chakanienne… C’est au cours de cette révolution que nous allons bombarder le monde littéraire avec des vers fantômes, des kanfoniennes, des poématiques, des manancous, etc.
Votre dernier mot.
Ce sont juste des mots de remerciement. Je vous remercie pour l’intérêt que vous accordez à mon livre. Je remercie Innov éditions pour avoir publié ce recueil. Je remercie tous les parents, amis, camarades, bref, tous ceux qui me soutiennent moralement et / ou financièrement dans mes projets d’écriture. Leurs gestes me donnent le courage de persévérer dans l’espoir de me faire une place parmi les gros bonnets de la littérature.
Propos recueillis par
Fousseni TOGOLA