C’était à la faveur d’une conférence-débat organisée par l’ONG Instruments for Africa sur la culture, l’éducation, la cohésion sociale et l’extrémisme violent, en février dernier à Tonka, que la conférencière et femme leader Mme Maïga Aïssa Alassane Touré avait lancé cet appel à la jeunessede sa commune. C’était en présence du Coordinateur des activités d’i4africa, M. Ibrahima A. Maïga, des autorités municipales ainsi que de nombreux participants.
D’entrée de jeu, Mme Maïga s’est d’abord penchée sur la question de la culture qu’elle définit comme étant l’ensemble des mœurs, us et coutumes d’une communauté, voire, une société dont la pratique constitue une civilisation. Et de rappeler brièvement qu’auMali, il y’ a eu longtemps un choc entre la culture du terroir et celle des cités. «Si encore en 1965, certains villages au Mali s’interdisaient le port du pantalon ou culotte à la française, aujourd’hui ceci relève du passé et notre culture a été sérieusement menacée par la culture occidentale notamment avecle développement des sciences et technologies qui nous rendent totalement dépendant du monde occidental», a-t-elle déploré. Selon Mme Maïga, la société,dans le Nord du Mali, est sujette à de multiples mutations culturelles en raison de la crise qui y sévit avec des répercussions négatives, à savoir la vente des biens culturels, la participation des jeunes au trafic de drogue, l’immigration clandestine et l’enrôlement des enfants dans les groupes armés. «A cet effet, de grandes mesures doivent être prises pour éviter ces pratiques négatives», a-t-elle suggéré. A l’en croire, la culture du terroir est, certes, menacée mais des traits originaux propres à l’identité du milieu demeurent. S’agissant de la cohésion sociale, Mme Maïga Aissa Alassane Touré dira qu’elle s’impose à toutesles communautés qui, vivant sur le même terroir, sont condamnées à vivre ensemble.
Concernant l’éducation, elle a rappelé qu’autrefois, la formation du citoyen était prise en compte par la famille, l’école coranique et la société dans son intégralité. «Chaque fois que quelqu’un se comporte mal, il reçoit une réaction de la société avant même la famille. Dans le temps, il y’avait le «Doudel» (ndlr, foyer ardent autour duquel les élèves coraniques apprenaient) qui était là à l’école coranique. Ce «Doudel» n’existe plus, il n’enreste que quelques rares ici. Et pourtant, ça éduque mieuxque sur le banc», a-t-elle martelé. «Notre société était basée sur l’oralité mais aujourd’hui nous sommes enmigration avec le développement de l’école française. Cette situation a créé beaucoup de problèmesd’adaptation. Avec le développement de la technologie de la communication, les enfants comme les adultes puisent leurs informations dans les Smartphones », a-t-elle déploré.
Le Horo, un eldoradopour les jeunesDésigné zone humide d’importance internationale en vertu de la convention de Ramsar en 1987 et situé à 60 km au sud-ouest de Goundam et à 20 km au sud-ouest du lac Télé dans larégion de Tombouctou, le lacHoro a une superficie de 18 900 hectares. On y cultive du riz, de la patate, du manioc, de l’oignon et beaucoup d’autres cultures vivrières. Selon Mme Maïga Aissa Alassane Touré, le lac Horo constitue une potentialité socioéconomique devant servir d’eldorado à la jeunesse de Tonka. D’où ce vibrant appel à la jeunesse de Tonka. «Il ne faut pas que les jeunes de Tonka laissent le Horo, leur eldorado, à quelqu’un. Qu’ils se donnent tous la main pour faire face àleur lac. Qu’on ne leur arrache pas leur lac. C’est un trésor. Mon appel, c’est à la jeunesse de Tonka. Au lieu d’aller se tuer dans la méditerranée ou le désert, il faut qu’ils viennent se tuer dans le Horo, c’est leur eldorado, un joyau qu’ils ont. Il ne faut pas qu’ils baissent les bras. Nous, nous sommes partis mais nous sommes en train de revenir. Rien ne vaut chez soi. Personne ne fera ta ville après toi, c’est toi qui le feras», a-t-elle déclaré.Auparavant, une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes de la crise.
Par Almoudou M. Bangou,