Mme Doucouré Halima Diagouraga est depuis les élections communales de 2016 la maire de Diafoumou-Diongaga. Elle est la première femme à diriger une commune de Yélimané. Une première dans l’histoire politique de ce cercle.
Née en Congo Brazzaville, Mme Doucouré Halima Diagouraga qui a arrêté ses études au niveau de la 9ème année, est l’illustration parfaite qu’une femme n’a pas besoin d’être bordée de diplômes pour s’imposer sur le terrain politique. Membre de plusieurs associations et coopératives, elle est une militante engagée de l’UM-RDA Faso Jigui.
Travaillant dans une pharmacie, Mme Halima Diagouraga est restée en contact permanent avec les populations. Sociable, elle jouit d’une bonne réputation auprès de ses frères et sœurs. Ce qui a poussé une frange importante de la population à la solliciter afin qu’elle s’engage dans l’arène politique. Hésitante, elle a commencé à s’armer de courage. «Si vous souhaitez exercer n’importe quel métier, il faut prendre d’abord du courage, j’ai commencé à en prendre», nous confie-t-elle.
Elue pour la première fois en 2009, en qualité de conseillère de Diafoumou-Diongaga, une commune rurale de 13.500 habitants, située dans le cercle de Yélimané, elle observe beaucoup et montre un intérêt particulier pour les questions d’assainissement et des questions de développement. « J’ai promis qu’avant la fin du mandat, je ferai de mon mieux », déclare-t-elle. Halima Diagouraga surprend encore avec son talent de mobilisatrice et d’organisatrice des femmes.
Chaque matin, elle anime des séances de sensibilisation avec ses sœurs sur l’importance de l’assainissement. Mieux, la voilà sur le terrain, de porte en porte, pour convaincre ses concitoyens à faire des efforts pour rendre leur cadre de vie propre. « Si la commune est assainie nous, les femmes, en sommes les premières bénéficiaires, l’insalubrité étant source de maladies comme le paludisme….Ce message a eu l’adhésion des femmes qui ont accepté de me suivre. Nous nous sommes donné la main. Nous nettoyions le centre de santé, la mairie, dans les stations de radio, les centres d’accueil et d’hébergement. En un mot, nous nettoyions tout le quartier. C‘est ainsi que la commune est devenue propre au grand bonheur de toute la population».
Une réputation de femme battante
Les initiatives de la conseillère communale en faveur de sa population ont attiré l’attention de certains partenaires qui n’ont pas hésité à la soutenir à travers des dons de riz, d’huile et de pâtes alimentaires qu’elle s’est faite un plaisir de distribuer aux femmes. « Ces cadeaux étaient destinés aux femmes. Je les ai distribués à toutes les femmes qui se sont investies sans exception et le geste leur a fortement plu», se souvient Mme Doucouré.
Le dynamisme de l’amazone a fini par la porter à la tête de la mairie. « A l’époque, je voulais refuser mais ils m’ont dit de tenter la chance. C’est comme ça que j’ai été maire de la commune de Diafoumou-Diongaga », rappelle-t-elle. Sur les onze (11) conseillers que compte le conseil communal, on dénombre trois (3) femmes.
Ainsi, depuis son élection, Mme Halima Diagouraga travaille nuit et jour pour faire avancer sa commune. Pour lutter contre la non-scolarisation des jeunes filles, la maire mène de façon permanente une campagne de sensibilisation. L’éducation, souligne-t-elle, est le socle d’une nation. « Au niveau du cercle de Yélimané, il y a eu des séances de sensibilisation. Au niveau de la 9ème année, nous avons constaté que de nombreux élèves abandonnent. Le message que nous essayons de véhiculer est de laisser les enfants continuer les études jusqu’au niveau Bac », plaide l’édile.
L’une des ambitions de Mme Doucouré est de retenir les jeunes sur place afin de les épargner des mille et un périls de l’immigration clandestine. « C’est douloureux pour une mère d’apprendre la mort de son enfant dans la mer ou le Sahara », lance-t-elle. Mère de famille, elle est très touchée par les pertes massives des jeunes gens au fond de l’océan. « Je me bats aussi pour avoir des financements pour lutter contre l’immigration clandestine », ajoute-t-elle. Déjà avec les appuis de certains partenaires comme ENDA-Mali et AMSIC, la mairie arrive à appuyer dans les domaines comme le maraîchage et la formation professionnelle des jeunes.
Soucieuse de défendre la place des femmes dans la vie publique, elle porte la voix féminine à l’échelle internationale. A Montreuil en France ou à New York aux USA, elle mobilise les partenaires pour soutenir la scolarisation des jeunes filles. La participation de la femme dans la vie politique est l’un des thèmes qu’elle plaide lors des grands foras.
L’élue de Yélimané n’est jamais à court d’initiatives. Pour les jeunes non scolarisés et ceux ayant abandonné l’école, sont prévues des formations professionnelles. Elle cherche des partenaires pour aménager des barrages de retenue d’eau. Cela permettra, laisse-t-elle entendre, d’atteindre une meilleure autosuffisance alimentaire. «J’ai beaucoup de projets dans ce domaine », souligne Mme le maire.
Selon elle, les femmes ne doivent pas avoir peur de s’engager sur le terrain politique. Elle appelle ses sœurs à une union sacrée pour se frayer davantage de chemin. Si en 2009, le cercle de Yélimané comptait seulement six (6) conseillères, l’adoption de la loi sur le genre sous le magistère du Président Ibrahim Boubacar Kéïta a permis l’élection de 53 femmes au sein des conseillers communaux. Un motif de satisfaction pour elle.
Des femmes courageuses qui méritent d’être soutenues
Mme Doucouré Halima Diagouraga loue le dynamisme des femmes de sa commune qui sont très braves, à son avis, malgré les énormes difficultés auxquelles elles sont confrontées. « Dans mon programme, j’ambitionne de construire une nouvelle maternité pour épargner à mes sœurs des souffrances lors de l’accouchement. Nos ressortissants à l’extérieur nous avaient construit une maternité devenue aujourd’hui trop petite. Mon projet est de construire une nouvelle maternité moderne pour le bonheur de la femme », explique-t-elle.
Elle ne perd pas de vue le rôle de la femme dans la société. « Si vous voyez que la famille est stable, c’est parce que la femme est heureuse. C’est la femme qui connaît les problèmes des femmes. Je sollicite des aides pour appuyer les femmes dans les domaines du commerce et de l’élevage».
Comme d’autres communes du cercle, Diafoumou-Diongaga est confronté au non paiement des Taxes de développement régional et local (TDRL). « Cette difficulté pèse vraiment sur la mairie », reconnait Mme Doucouré.
Un responsable, explique-t-elle, doit avoir une certaine humilité. «Pour commander un troupeau, il faut un seul bâton, mais pour diriger les hommes, il faut plusieurs bâtons», rappelle Mme Doucouré Halima Diagouraga. Pour elle, rien ne vaut l’entente et la paix. «Je respecterai la loi. Je ne vais pas violer la loi», martèle-t-elle.
Cinquantenaire, mère et grand’mère, ne tarit jamais en conseils de sagesse et de patience. Mais l’autre évidence est que la ‘’yakarén’’ bon teint a toujours su compter sur la compréhension et le soutien indéfectible de cher époux !
Bintou Diarra