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Mme Diawara, présidente des femmes du RPM : « Les négociations d’Alger n’aboutiront à rien ! »

Présentez-vous à nos lecteurs…

Je me nomme madame Diawara Aïssata Lady Touré; je suis présidente des femmes du Rassemblement Pour le Mali (RPM), le principal parti de la mouvance présidentielle.

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Comment se porte le mouvement des femmes du RPM ?

Nous nous portons très bien: nous comptons 8 femmes au Bureau du politique national du RPM. Des femmes qui ont directement émergé à partir de leurs structures de base.

 

Les femmes du RPM ont-elles été consultées pour la mise en place des gouvernements d’IBK ?

 

Non, nous n’avons pas été malheureusement consultées. Pour moi, cela s’explique par le fait que le président IBK, nouvellement élu, a décidé de faire ses débuts avec ce que j’appellerais un gouvernement de transition qui devait, notamment, organiser les élections législatives. Plus tard, il a préféré choisir les hommes et les femmes en qui il avait confiance.

 

Les femmes du RPM voient-elles d’un bon oeil que le Premier Ministre ne soit pas issu des rangs du parti?

Le RPM a la majorité absolue à l’Assemblée Nationale; à ce titre, la primature lui revient de droit. C’est la loi de la démocratie; alors, si on doit la respecter, la primature doit revenir au RPM et la configuration du gouvernement revue en conséquence. Une ouverture peut être accordée aux partis qui nous ont soutenus et qui continuent de le faire.

 

Quel soutien les femmes du parti ont-elles apporté à IBK dans les récentes difficultés qu’il a traversées ?

Vous savez comment les femmes sont traitées dans notre société. Certains pensent que nous n’avons pas droit à la parole. Ce qui nous bloque, c’est la nécessité de respecter la hiérarchie au sein du parti : le mouvement des femmes ne peut pas faire des déclarations publiques sans l’aval de la direction du RPM. Il reste derrière le Bureau Politique National en tout ce qui concerne la vie du parti et de la nation. Mais ce que nous avons fait et continuons à faire, c’est d’engager chaque femme à expliquer aux militants de base la réalité des choses. Nous poursuivrons cette dynamique jusqu’à ce que nous obtenions du Bureau Politique National  l’autorisation de faire des conférences de presse. Nous estimons que de nos jours, le président IBK est pratiquement pris en otage: l’opposition ne cesse de le poignarder dans le dos alors que nous avons vu ses responsables à l’œuvre  quand ils occupaient les hautes sphères de l’administration malienne. Soumaïla Cissé, le chef de l’opposition, on a vu ses limites à l’UEMOA. Quant à Tiébilé Dramé, on a vu comment il géré la commission du sommet France-Afrique qui s’est déroulé au Mali. Ce que les gens oublient, c’est que le Mali est en train de renaître avec IBK: ce n’est plus le Mali de 1960 qui continue, tout repart de zéro. Nous avons vu ce qui s’est passé en 2012; donc, il faut que les uns et les autres sachent que le Mali est en train de renaître. Cela n’est pas du tout facile pour un chef d’Etat. Il y a forcément des moments de faiblesse chez IBK, un responsable très humain. Voyez vous-même! Chaque fois qu’il voit quelque chose qui ne va pas, il pleure. Quand il est en face d’une situation qu’il ne peut résoudre, il pleure. Ce que les gens pointent du doigt –  achat de l’avion présidentiel,  surfacturations, etc. – est dû à la volonté du pouvoir de  préserver les secrets d’Etat. Le président ne peut pas dévoiler toute  chose: il faut le comprendre ! Il a l’habitude de le dire: que Dieu fasse éclater la vérité! Un jour, la réalité se saura, in challah, et là, les gens seront surpris!

 

Que faire des ministres cités dans les rapports de vérification ?

On doit reconnaître à ces ministres la présomption d’innocence. Jusqu’à preuve du contraire, rien n’est établi contre eux. Il faudra des preuves de détournement pour sévir contre eux. Le jour où ces preuves seront apportées, il n’y aura pas de demi-mesure: IBK prendra ses responsabilités car il averti qu’il ne protégerait personne.

 

Que pensez-vous des négociations d’Alger ?

Sincèrement, je pense que ces négociations n’auront pas de suite favorable. Cela n’engage que moi. Pour qu’il ait entente, il faudra que les deux parties veuillent la paix; or, il les groupes armés ne veulent pas la paix. Ils usent toujours d’astuces pour bloquer les négociations. Leur démarche vise la partition du Mali, ce que les Maliens n’accepteront jamais, même s’il faut qu’on les tue tous. Nous préférons mourir que de voir notre pays divisé par qui que ce soit. Le but de ces groupes armés est de créer la psychose au nord pour amener les Maliens du sud à renoncer à cette partie du territoire national. C’est cette stratégie qui est en cours de nos jours : personne ne peut se rendre à Kidal et les deux autres régions du nord sont minées par ces malfrats afin d’empêcher les populations à s’y rendre. Quand nos autorités manifestent la volonté de se rendre à Tombouctou ou à Gao, les bandits essaient de les en empêcher. Il veulent faire peur à l’Etat. Nous devons avoir le courage de prendre nos responsabilités et de nous battre pour le contrôle du nord. Tout le peuple malien connaît la réalité des choses: les négociations ne mèneront à rien.J’ajoute que Si la France le voulait, nous récupérions Kidal sans le moindre incident!

 

Des barons du parti reprochent à IBK sa proximité avec d’ancien camarades de l’ADEMA ?

Chacun est responsable de ses actes. Si IBK écoute ses anciens amis, c’est qu’il les croit sincères avec lui. On ne peut pas le lui reprocher. Même s’il n’avait écouté que sa famille politique, le RPM, on y aurait trouvé à redire. Je crois qu’IBK a donné beaucoup au RPM car de nos jours, les gros ministères sont occupés par ce parti. Pour ce qui est de la présence de certains anciens alliés dans le gouvernement, je pense qu’elle s’explique par la confiance que le président leur accorde. Ce que je déplore cependant, c’est le retour aux affaires de retraités, d’anciennes têtes. Avant, ces têtes étaient des vraies têtes mais aujourd’hui, avec l’âge, certaines compétences s’effacent.

 

Que vous inspire la libération du terroriste Wadossène ?

En tant que Malienne, elle ne m’a pas du tout plu. Mais il faut que les Maliens se ressaisissent. La libération de Wadossène était un mal nécessaire. Il ne faut pas oublier qu’à un moment donné, le Mali a été sauvé par la France d’Hollande; que nous avons failli perdre notre dignité, notre souveraineté à cause des attaques djihadistes menées jusqu’à Konna. Les djihadistes ont failli entrer à Bamako et là, on n’aurait plus parlé du Mali. Certains chefs de famille ont même donné à leur enfant le nom de François Hollande. De nos jours, tout le monde sait qu’Hollande a des difficultés; sa cote de popularité a chuté en France. Notre président, qui a grand un cœur, n’oublie pas qu’à un moment donné, le Mali a appelé Hollande au secours. Il a jugé bon d’aider Hollande parce que à travers la libération de Wadossène. On a entendu sur les chaînes françaises qu’il n’y avait plus, de nos jours, aucun Français détenu au Sahel. Voilà quelque chose qui va permettre à Hollande de regagner la confiance des Français. Si l’on oublie tout cela et s’accrochant à la personne même de Wadossène, il y aura problème. Wadossène est libre, certes, mais il n’est pas exclu qu’il soit rattrapé. La France a la possibilité de le rattraper et je  pense qu’elle le fera: le cas du grand terroriste du Sahel (NDRL: Ahmed Al-Tilemsi) qui vient d’être tué avec 10 autres atteste que la France contrôle la situation. En somme, il faut qu’on comprenne la gestion de cette affaire par IBK. Il est seul, accablé par tous, traîné dans la boue…S’il a libéré Wadossène, c’est en contrepartie d’autres choses qu’on saura bientôt.

 

Un dernier mot ?

Je souhaite que les femmes soient au cœur du développement du Mali. Nous souhaitons que l’Assemblée nationale vote une loi attribuant aux femmes 30% des placees sur les listes électorales.  lI faut enfin plus de femmes au gouvernement.

 

Propos recueillis par Abdoulaye Koné

SOURCE: Procès Verbal  du   23 déc 2014.
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