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Mise en œuvre de l’Accord et échéances électorales: le ministre Tieman rassure le conseil de sécurité

Présent avant-hier mercredi à New-York, à l’occasion de la présentation du dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly, a rassuré plusieurs délégués des pays membres du Conseil de sécurité qui ont marqué leur vive impatience devant certains retards pris dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Le chef de la diplomatie a insisté sur la volonté ferme du gouvernement de mener à bien ce processus de paix. Ce, à travers les quatre objectifs prioritaires du Président Ibrahim Boubacar Keita.

C’est au représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, Mahamat Saleh Annadif, à qui l’honneur est revenu de présenter ce rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali. Premier orateur à s’exprimer, le chef de la Minusma a, au nombre des progrès accomplis, noté un renforcement de la confiance, au cours des trois derniers mois, entre les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

De réels progrès accomplis
La visite du nouveau Premier ministre dans les régions du nord concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions, notamment à Kidal, a-t-il dit. Comme autres avancées, il a noté l’adoption, en février 2018, d’un projet de loi portant création des collectivités territoriales des régions de Ménaka et Taoudéni et la signature, le 22 mars 2018, d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord. Les ateliers sur le pré-enregistrement des combattants éligibles au programme de désarmement, démobilisation et réintégration tenus à Kidal, Tombouctou, Ménaka et Gao en février 2018 sont de réels progrès, a-t-il ajouté.
Jugeant importante la réunion de ce jour, s’agissant du suivi de la mise en œuvre de l’Accord, l’ambassadeur français aux Nations unies, François Delattre, a dit que la France appréciait l’action menée par le Gouvernement malien depuis la dernière réunion du Conseil sur le pays pour favoriser le consensus sur le processus électoral et rétablir la présence de l’administration dans le centre du pays. Il a aussi salué la récente visite du Premier Ministre malien à Kidal, dans le nord, premier déplacement de ce niveau depuis presque quatre ans.
Mais M. Delattre a aussi constaté qu’au lendemain de l’échéance fixée « par les parties maliennes elles-mêmes » dans le chronogramme d’actions prioritaires, une « large majorité » des engagements n’a pas été mise en œuvre, ce qui menace les acquis et la pertinence même de l’Accord. Or, les échéances électorales prévues rendent d’autant plus nécessaires et urgents des progrès sur divers points couverts par l’Accord, a fait observer le représentant qui a prévenu qu’« il ne saurait y avoir de stabilité durable dans l’ensemble du Sahel sans pleine mise en œuvre de l’accord de paix malien ».
La France attend « toujours les mêmes mesures » de la part des parties maliennes, a expliqué M. Delattre, qui a notamment cité l’urgence de réaliser des progrès dans le processus de décentralisation, dans la sécurité et dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration. Le représentant a pris note, avec satisfaction, de l’initiative du Premier Ministre malien d’une nouvelle feuille de route annonçant la mise en œuvre des mesures attendues de la part des parties maliennes selon un calendrier révisé, mais il a fait observer que cette « nouvelle feuille de route, qui n’est malheureusement pas la première, ne peut faire oublier le fait que les engagements souscrits en janvier dernier n’ont, une nouvelle fois, pas été respectés ».

Les menaces de sanction
M. Delattre a rappelé qu’aux termes mêmes de l’accord de paix, la responsabilité du Conseil de sécurité consiste à prendre des mesures nécessaires pour encourager les parties à se conformer aux engagements qu’elles ont consentis. S’il a rappelé que l’adoption de sanctions dans le cadre de la résolution 2374 (2017) avait été un premier pas en ce sens, il a ajouté que « les retards enregistrés nous contraignent à devoir aller plus loin ». Estimant que « nous n’avons plus le temps d’attendre », il a affirmé que la France engagerait dans les prochaines semaines avec ses partenaires un travail « visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui devra aboutir à des propositions de désignation ». L’ensemble des acteurs maliens doivent avoir conscience que le Conseil de sécurité les prend pleinement au mot dans la mise en œuvre de leurs engagements, a-t-il encore ajouté.
Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, a rappelé les quatre objectifs prioritaires du Président Ibrahim Boubacar Keita, qui s’inscrivent dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et s’est félicité que le rapport du Secrétaire général reconnaisse cette « nouvelle dynamique impulsée au processus de paix ». La tournée du Chef du gouvernement en mars dans les régions du nord et du centre a incarné l’espoir d’une paix et d’une réconciliation véritables, a-t-il ajouté.
Disant comprendre les impatiences concernant les retards dans la mise en œuvre de certaines dispositions de l’Accord, Tiéman Hubert Coulibaly a rassuré les membres du Conseil sur la volonté ferme du Gouvernement de mener à bien ce processus de paix, sur la base de l’engagement résolu de toutes les parties concernées y compris le Gouvernement, les mouvements signataires de l’Accord et les partenaires.

Les acquis et les priorités
Le chef de la diplomatie a évoqué les premiers acquis de cet accord, à savoir l’arrêt total de toute belligérance entre les parties signataires; le redéploiement progressif de l’administration dans les régions du nord et du centre à travers la nomination récente de préfets et sous-préfets; le renforcement en cours des autorités intérimaires avec l’allocation de ressources budgétaires importantes malgré des moyens limités; l’adoption le 22 mars de la feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par la vingt-troisième session du Comité de suivi de l’Accord; ou encore la tenue d’un atelier de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité.
M. Coulibaly a ajouté à cette liste les discussions constructives sur le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), la gouvernance et la présence territoriale de l’État et le code des collectivités.
La tentative de révision de la Constitution est un autre signal fort de la volonté du Chef de l’État de mettre en œuvre les dispositions de l’Accord, a-t-il ajouté. Mais « ces acquis sont fragiles, je le sais », a concédé M. Coulibaly en faisant référence à l’environnement complexe et difficile, caractérisé par les activités des organisations liées au terrorisme, à l’extrémisme violent et aux trafics en tout genre.
Abordant le deuxième objectif prioritaire fixé par le Président relatif à l’endiguement de l’insécurité grandissante dans les régions du centre, le ministre a loué les résultats de l’opérationnalisation du Plan de sécurisation intégrée de ces régions. Il a assuré que l’État malien devait marquer de plus en plus sa présence et assurer les services sociaux de base aux populations de ces régions. Les dimensions régionales de l’insécurité relèvent du mandat de la Force conjointe du G5 Sahel, a-t-il rappelé à ce propos en disant vouloir poursuivre son soutien à ce mécanisme.

Rejet des accusations
Comme troisième priorité, il a cité l’organisation des élections en 2018 en assurant de la détermination du Gouvernement pour la tenue d’un premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet, avec un cadre de concertation régulier de tous les acteurs et des dispositions matérielles et logistiques déjà prises. Il a souligné l’importance du respect des délais constitutionnels pour ces élections, ce à quoi le Gouvernement s’est engagé, tout en sollicitant le soutien de la communauté internationale.
Venant aux questions de droits de l’homme au Mali, le ministre a dit que le Gouvernement avait fait ouvrir des enquêtes sur toutes les allégations de violations supposément commises dans le cadre des opérations de contre-terrorisme menées par les forces armées maliennes. Il a parlé de la politique de tolérance zéro adoptée et affirmé qu’« aucune impunité ne sera accordée ».
En revanche, il a dit que le Gouvernement rejette les allégations contenues dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles l’armée malienne n’aurait rien fait pour empêcher les incendies des maisons des Peuls dans la région de Mopti, ainsi que des allégations concernant trois enfants détenus à Bamako. Il a précisé que les trois enfants en question ont été remis à la Direction régionale de la femme et de l’enfant.
M. Coulibaly a salué la bonne collaboration entre le Gouvernement et la Division des droits de l’homme de la MINUSMA, ainsi que la nomination par le Secrétaire général des Nations Unies, à la demande du gouvernement, des membres de la Commission d’enquête internationale sur les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises au Mali depuis janvier 2012. Il s’est aussi félicité de la visite du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2374 le mois dernier.

Le vibrant plaidoyer
Sur la situation humanitaire qui demeure une priorité pour le Gouvernement, le Ministre a parlé en particulier des efforts menés sur le plan de l´éducation, avec notamment la réouverture des écoles, le recrutement d’enseignants et l’intégration des écoles coraniques des régions du centre dans le système de l’éducation formelle. Il a appelé à honorer les engagements pour combler l’écart entre les ressources disponibles environ 8 millions de dollars et les besoins humanitaires urgents estimés à 263 millions de dollars.
Enfin, le Ministre a souligné la nécessité de mobiliser des moyens accrus pour la MINUSMA, pour qu’elle soit à même de s’acquitter pleinement de son mandat. Il a fondé l’espoir que l’examen stratégique indépendant en cours aboutisse à des recommandations pour l’élaboration de règles d’engagement capables d’inverser la tendance des attaques asymétriques à répétition contre les Casques bleus.
« La paix est donc possible au Mali », a conclu le ministre Coulibaly en affirmant que la paix durable et la réconciliation sont proches, et en saluant le « travail remarquable » qu’accomplit la MINUSMA.

Par Mohamed D. DIAWARA

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