C’est imminent : malgré la création d’une Commission de Suivi du Nord, il y a une reprise rampante des activités des services sanitaires dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal ; ainsi qu’au niveau de certaines villes de Mopti. Pourquoi est-il impossible d’améliorer l’efficacité du système de santé dans ces circonscriptions?
Les structures organisationnelles sont comme les humains qui les gèrent. Elles cherchent à favoriser leur croissance et à assurer leur pérennité. La santé apparaît ainsi comme un besoin de sécurité dont il faut se préoccuper et constitue la base du développement d’un pays. En même temps qu’elle constitue aujourd’hui, l’un des droits humains les plus élémentaires, elle demeure le ciment du droit à la vie.
Pressions politiques sur le Ministre
Depuis la libération du Nord du Mali jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu de réelle politique de suivi sanitaire. Et la situation s’est aggravée avec la relève d’une cinquantaine d’agents de terrain au Nord et une main mise du politique sur le département et ses missions.
Quelle est aujourd’hui, la politique du gouvernement malien en matière de santé ? En tous cas, le constat en n’est que le Ministre en charge de la Santé et de l’Hygiène Publique, le Pr Samaba Sow, n’a pas pu avoir parmi les cadres de son cabinet, une compétence à mesure de lui fournir un document qu’il devait présenter au partenaire pour avoir un financement. Et n’eut été à l’époque le service d’un ancien cadre (le Dr Klénon Traoré) en chômage technique, le Mali allait rater cette occasion en or. C’est dire en réalité, que les intérêts politiques du régime semblent primer sur les compétences dans les nominations des membres du cabinet du Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique.
Avec cette méthode de faire les choses, le Pr Samba Sow de la Santé et de l’Hygiène Publique se voit entourer par une bande d’incapables. Pour cette raison, le Ministre pour des raisons de résultats, en mettant en place les 12 membres de la Commission de suivi du Nord, a été obligé de faire appel à 11 anciens cadres de l’Administration en chômage technique. Pourtant, ce sont les membres de son cabinet qui devraient assurer ce travail, d’autant qu’ils bénéficient des avantages pour cette tâche. Décidément, au cabinet du département de la Santé et de l’Hygiène Publique, le ministre Samaba Sow, est entouré par une bande d’incapables et d’incompétents qui lui a été imposée. Autrement dit, l’homme cabot s’est retrouvé à la place pivot. Et vice versa. Du coup, l’imminent Pr Samba Sow qu’on a connu au Centre Nationale d’Appui à la lutte contre la Maladie (CNAM), n’est plus que l’ombre de lui-même. Tellement qu’il n’a pas la main libre dans ces prises de décisions.
Cependant, la Commission de suivi du Nord a créée à la suite du décret N°2013-721/P-RM du 8 septembre 2013 tarde à faire des prouesses. Au motif qu’il y a de la pression politique au niveau du haut d’en haut. Avec à sa tête deux anciens cadres chevronnés, le Dr Mountaga Bouaré (Président) et l’ingénieur sanitaire Mahamadou Kaya (Vice président), les membres de cette Commission de suivi du Nord sont : le Dr Abdoulaye Néné Coulibaly ; l’Ingénieur sanitaire Boubacar Abida Maïga ; l’inspecteur des services économiques Mamady Sissoko ; le Dr Klénon Traoré ; le Dr Halidou Sidibé ; le Dr Seydou Guindo ; le Dr Fatogoma Togola et le Dr Nouhoum Sylla de la Direction nationale de la Santé. À part ce dernier, tous les membres de la commission sont des anciens cadres qui avaient été mis à la retraite anticipé, pardon, au chômage technique.
Avec la pression et la politique politicienne imposée au célèbre Ministre Samba Sow de la Santé, il a dans son cabinet, des zombies qui l’entourent et qui ne se soucient que de leur cent sous. Avec cette méthode que les bonzes du régime imposent au Ministre Sow, tous les projets subissent un coup de massue.
Toutefois, la Commission chargée du suivi de la reprise des activités des services sanitaires dans les régions de Gao, Tombouctou, Kidal et Mopti a, entre autres, la lourde tâche d’évaluer les besoins et proposer un schéma de redéploiement/affectation des ressources humaines, de déterminer les besoins en équipements sanitaires, de proposer des mécanisme de reprise de recouvrement des coûts et de suivre les activités de reconstruction et de réhabilitation des structures sanitaires dans les régions concernées.
Mais le hic, c’est que depuis la mise en place de cette Commission de suivi du Nord, personne parmi les membres ne reçoit un copeck. Pourtant, les incapables tapis dans les dédales du département de la Santé et de l’Hygiène Publique, qui dans les règles de l’art, devraient faire ce travail d’évaluation continuent de percevoir chaque mois des rémunérations. Mieux, « ces bons a rien » roulent dans des carrosses. Seul compte pour eux le triomphe du politique. Cependant, comment garder des cadres incompétents et radiés des personnes valables ? Certainement que le politique prime sur le mérite.
Si le gouvernement malien a toujours œuvré pour la mise en place de moyens visant à garantir la santé de la population, il n’en demeure pas moins qu’il faille s’interroger sur le degré d’engagement du politique, aujourd’hui, pour améliorer l’accès aux soins des populations. Autrement dit, à quand un Ministère en charge de la Santé et de l’Hygiène Publique résolument libre pour l’effectivité du droit des usagers et du suivi de la reprise des activités des services sanitaires dans les régions du centre et du Nord ?
Il y a urgence
La Commission de Suivi du Nord, dans son ensemble, paraît consistante mais manque énormément de moyens pour l’évaluation des besoins sur le terrain, pour la simple raison que le politique empiète sur tout au sein du département de la Santé. Aujourd’hui, les populations du Nord et du centre subissent avec fatalisme une situation qui devient de plus en plus alarmante. Quand on sait qu’il y a de nombreux projets et programmes maliens qui dorment dans les tiroirs dans le secteur de la Santé, faudrait-il se demander si un suivi des activités sanitaires pourrait être envisagé au Nord et au centre du Mali ?
Depuis la libération du Nord, les populations font les frais et continuent d’en subir les conséquences. Avec la pression politique, serait-il abusif de nous interroger sur la réelle capacité du Ministre Samba Sow à relever les défis ?
Au Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique où nous nous sommes rendus pour recouper, l’on soutien mordicus, que les nominations du Ministre Ousmane Koné ne sont pas faites sur la base politique mais plutôt selon le mérite. Notre interlocuteur soutient : « le ministre Ousmane a fait plus de 20 ans dans le domaine de la Santé, donc il maîtrise l’ensemble des services du département. Et quand il a été nommé Ministre de la Santé, il a fait appel à des cadres valables qui étaient à la Maison. Tous ces cadres nommés ont une maîtrise totale du Nord et du centre. Aujourd’hui, le Ministre a relevé les gens, qui sous l’occupation étaient habitués à faire des prestations et empocher les sous ». Il précise : « À part les membres du cabinet, il n’y a pas eu de nominations politiques. Tous sont sur la base des compétences. En clair, les nominations sont faites sur la base du profil. Par ailleurs, les Conseillers techniques sont chargés des dossiers. En cela, l’État ne perd pas ». Avant de poursuivre : « Il n’y a pas de politique sanitaire que les cadres nommés ne peuvent pas élaborer. Les spécialités sont larges et pour les projets, il faut des spécialités. Ces d’ailleurs pourquoi le département prévoit les états généraux de la Santé. Pour ce, il faut une commission multidisciplinaire. Nous sommes en phases de réflexion ».
Mais avec le politique qui s’invite aujourd’hui à la partie, au niveau du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, il y a des difficultés dans le suivi de la reprise des activités des services sanitaires dans les régions du centre et du Nord et les inégalités politiciennes révèlent la paralysie des activités du Ministère de la santé.
Le suivi du Nord et du centre mérite aujourd’hui une attention particulière. La situation sanitaire des villes de cette partie du pays est dominée par l’endémicité des pathologies infectieuses et parasitaires avec le paludisme comme affection dominante. La zone connaît également l’éclosion périodique du choléra et de la méningite cérébro-spinale. La politique de santé malien n’arrive pas à faire face à cette situation parce qu’elle souffre de nombreux problèmes politiques et politiciennes dont la répartition déséquilibrée des ressources humaines en défaveur des régions du Nord du pays et le manque de suivi du Nord. Malgré les efforts déployés par le Ministre de la Santé et les partenaires, l’état de santé des populations du Nord et du centre est pris en otage par des intérêts politiques.
Depuis la libération du Nord du Mali, nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y a jamais eu de suivi sanitaire dans cette partie du pays ainsi qu’au niveau du centre. Et sans suivi sanitaire, les individus n’ont jamais pu percevoir qu’ils pouvaient prétendre à des droits, notamment dans le domaine de la santé.
Jean Pierre James
Par Nouveau Réveil