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Migrations clandestines: Cargos fantômes, la nouvelle stratégie des passeurs

Cargos fantômes. Il ne s’agit pas du prochain Star Wars, mais d’une nouvelle stratégie de passeurs pour permettre aux clandestins de gagner l’Europe par la Méditerranée. L’Ezadeen, abandonné par son équipage jeudi soir au large de la Calabre, a pu être sauvé par les autorités italiennes. Le navire marchand contenait 450 migrants, dont des femmes et des enfants. Deux jours plus tôt, la marine militaire intervenait in extremis pour venir en aide au Blue Sky M et à ses 800 réfugiés, qui menaçaient de se fracasser sur la côte italienne.

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Criminalisation du trafic

«Le fait que des passeurs mettent le plus de personnes possible sur un bateau et l’abandonnent, avec un moteur qui ne fonctionne pas ou peu, n’est pas nouveau», indique Jean-François Dubost, responsable asile et migrations au sein d’Amnesty International France. «Ce qui marque ici, c’est la taille impressionnante des bateaux utilisés, même si la France avait connu un épisode semblable lors du naufrage de l’East Sea».

L’Italie, régulièrement confrontée à l’afflux de clandestins (environ 400 arrivées par jour), a davantage l’habitude de voir arriver les migrants à bord de canots pneumatiques ou de vieux bateaux de pêche. «Ces deux cas [l’Ezadeen et le Blue Sky M] montrent la criminalisation du trafic. Les passeurs étaient auparavant des accompagnateurs de migrations un peu “amateurs”. Aujourd’hui, on fait face à des réseaux bien organisés, des mafias, qui cherchent à extorquer un maximum d’argent», explique François Gemenne, chercheur et spécialiste des flux migratoires.

Un million de dollars par voyage

Les trafiquants utilisent des gros cargos pour faire «des économies d’échelle», estime l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Un tel voyage coûterait de 1.000 à 2.000 dollars par personne. «Ceux qui sont derrière un cargo tel que le Blue Sky M ont encaissé plus d’un million de dollars pour un seul voyage, de quoi payer l’équipage, son évacuation et sans doute des pots-de-vin qui pourraient être utiles pour une prochaine opération», précise une porte-parole.

Ces deux affaires font ressurgir le débat sur les dispositifs de lutte contre l’immigration clandestine des pays de l’Union européenne. «C’est aussi un effet néfaste de l’arrêt de Mare Nostrum, une opération humanitaire de sauvetage en mer lancée par le gouvernement italien fin 2013», assure François Gemenne. «L’Italie espérait déclencher une vague de coopération européenne pour secourir les immigrés clandestins. Mais face au manque de solidarité, le gouvernement Renzi a décidé d’abandonner», regrette le chercheur. «L’Italie payait seule 9 millions d’euros par mois et voyait l’hostilité des chancelleries européennes qui estimaient qu’une telle action favorisait les traversées», déplore Jean-François Dubost.

«D’une opération de sauvetage à une opération policière»

Mare Nostrum enterré, le dispositif européen Triton voit le jour en novembre 2014. «On est passé d’une opération militaire de sauvetage à une opération policière de lutte contre les réseaux de passeurs. L’effet pervers de la politique Triton est l’abandon des navires par des trafiquants qui craignent d’être attrapés par les autorités», ajoute François Gemenne.

L’UE a indiqué dans la journée avoir pris acte «des nouveaux moyens» utilisés par les trafiquants, assurant que la lutte contre les trafics restait «une de ses priorités». Mais pour François Gemenne, «l’Europe a en fait fermé les portes de l’immigration légale alors qu’il n’y a jamais eu autant de déplacés dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale, plus de 50 millions. Ceux qui quittent leur pays sont donc prêts à faire n’importe quoi pour rejoindre le continent, faisant de la Méditerranée l’endroit le plus dangereux pour les migrants».

Source: 20minutes.fr

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