Bamako – Onze civils maliens ont été tués lundi dans le centre du Mali par des hommes armés qui n’ont pas encore été formellement identifiés, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Depuis l’apparition il y a trois ans dans cette région du groupe du prédicateur radical Amadou Koufa, les violences intercommunautaires se multiplient entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture.
“Lundi vers 10H00, le village de Telly, situé à quelques dizaines de kilomètres de Ténenkou, a été attaqué par des hommes armés. Ils ont tué onze civils. Certains assaillants sont venus à moto”, a déclaré à l’AFP un élu d’une localité voisine.
Selon la même source, les personnes tuées, appartenant à la communauté peule, étaient ciblées par les assaillants: d’autres civils présents sur les lieux ont été épargnés.
Une source sécuritaire malienne a confirmé la “mort de onze civils, tués par des criminels”, faisant également état de personnes portées disparues dont le nombre n’était pas connu.
Par ailleurs, dans la région de Menaka (nord-est), un des ânes transportant des femmes d’une communauté touareg a sauté sur une mine. L’explosion a fait une tuée et deux blessées graves, selon un élu local et un groupe armé principalement touareg combattant les jihadistes dans cette région, le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, issu de l’ex-rébellion).
Sollicité par l’AFP à propos des civils tués dans le centre du pays, le ministère de la Défense n’avait pas réagi mardi en fin de journée. Les faits se sont produits dans la région où le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, avait effectué une visite la semaine dernière pour y affirmer le retour de l’Etat face aux jihadistes.
Au début du mois, M. Maïga avait présidé à Mopti (centre) une rencontre entre Peuls et Dogons au cours de laquelle un groupe de chasseurs dogons accusé d’exactions avait promis de respecter un cessez-le-feu à condition “que l’Etat malien assure la sécurité de tous les citoyens”.
Les violences intercommunautaires dans le centre du Mali ont fait plus de 500 morts parmi les civils depuis le début de l’année, selon les comptages de l’ONU.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.
Cependant, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.