L’assassinat ciblé des populations issues de la communauté Idaksahak est-il lié à l’engagement du MSA aux côtés des FAMa, Gatia, Barkhane dans la lutte contre le Ménaka ? Des indices sont visibles sur le terrain.
Sur les tueries des populations civiles dans la région de Ménaka, le gouverneur de Ménaka, Daouda Maïga, joue à la prudence sur le bilan, en attendant les conclusions d’une mission sur place.
“Il y a plusieurs versions, mais je sais que des femmes et des enfants sont parmi les victimes, des vieilles personnes aussi, mais le chiffre exact je ne saurais le dire sans le retour de mes missionnaires”, a-t-il précisé à l’AFP.
Pourtant, des indices concordants montrent qu’il y a eu le vendredi 12 avril, une opération terroriste par des éléments de Daesh au Grand Sahara sur le campement d’Aklaz. L’attaque a causé la mort parmi les populations de 12 civils de la communauté Idaksahak. Pis, ils sont revenus à la charge en tuant dans le campement d’Awakassa. Au total, ce sont 31 personnes issues de la communauté Idaksahak qui ont trouvé la mort.
Les poursuites menées par les hommes du MSA ont permis de neutraliser quatre assaillants, selon une source.
Se sentant visé au premier chef, le MSA, dirigé par le jeune Moussa Ag Acharatoumane, s’est dit outré par ce qu’il qualifie “de crimes de masse perpétrés par ces criminels sanguinaires, sans foi ni loi contre des populations civiles Idaksahak sans défense”.
Dans son plaidoyer aux gouvernements du Mali et du Niger, le MSA sollicite de ces derniers qu’une initiative sérieuse soit engagée, en vue de mettre immédiatement fin aux crimes abominables qui sont commis. Pour faire toute la lumière sur ces crimes, le MSA a invité également la division des droits de l’Homme de la Minusma et les organisations de défense des droits de l’Homme à mener des enquêtes afin de situer les responsabilités.
Signe de représailles
Cette escalade meurtrière inquiète dans la région de Ménaka. Ici, la population de la région s’attendait à des représailles des jihadistes à la suite de leurs récents revers, “mais personne ne pouvait imaginer qu’ils allaient tuer de cette manière des civils aux mains nues”, a indiqué un notable de Ménaka, Attaye Ag Ossadki.
L’état-major français a annoncé la mort d’une trentaine de jihadistes dans cette zone frontalière lors d’une confrontation le 1er avril avec des commandos parachutistes de Barkhane et de l’armée malienne, “en liaison avec les forces armées nigériennes et accompagnés par un groupe d’autodéfense local”.
Pour sa part ou pour se dédouaner, la CMA, a déploré samedi dans un communiqué “une recrudescence de violences dans la région de Ménaka touchant très généralement des populations civiles”. Plus loin, elle dénonçait les “actes abominables et inhumains” commis jeudi et vendredi et exhortait l’ensemble des mouvements politico-militaires présents dans la région “à s’unir afin de les prévenir et qu’aucun civil ne se sente en insécurité à cause de son appartenance à une quelconque communauté”.
De son côté, la Minusma a indiqué le 12 avril avoir reçu des informations “d’une particulière gravité” faisant état notamment “d’exécutions sommaires d’au moins 95 personnes” lors d’opérations anti-jihadistes menées dans la région de Ménaka depuis février “par une coalition de groupes armés”, dont le Gatia et le MSA. Y a-t-il un rapport entre les événements ? Pour le moment, les enquêteurs sont muets.
Avant, les deux groupes, accusés d’exactions envers les Peuls, souvent opposés par le passé aux Touareg pour des questions de pâturages et de points d’eau, avaient rejeté des “allégations scandaleuses et honteuses”. Dans cette nouvelle tension qui vise surtout les populations civiles, l’on est en droit de se demander à qui profite le crime ?
A. M. C.
Source: L’Indicateur du Renouveau