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MENACE DE REPRISE DES HOSTILITES ENTRE BAMAKO ET LA CMA : Éviter à tout prix l’escalade !

Va-t-on vers une reprise des hostilités entre l’armée malienne et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ? C’est la question que plus d’un se pose au regard de la montée des tensions sur le terrain où les groupes armés signataires de l’Accord de paix d’Alger, ont récemment déclaré qu’ils se préparent à se défendre militairement contre la junte militaire à Bamako.

Et comme pour joindre l’acte à la parole, ces groupes armés ont indiqué, le 12 septembre 2023, avoir mené une opération sur la ville garnison de Bourem, localité située entre Gao et Tombouctou. De violents combats les auraient opposés à l’armée malienne. Tout cela intervient dans un contexte où l’armée malienne a perdu un avion, le 9 septembre dernier, sans que l’on ne sache qui de la CMA qui affirme, fait inédit, avoir abattu l’avion après un bombardement sur ses positions dans la région de Gao et des chefs militaires des FAMa qui évoquent « quelques problèmes techniques qui ont forcé l’équipage à abandonner le bord, c’est-à-dire à s’éjecter de l’appareil qui s’est écrasé », dit la vérité. Toujours est-il que dans la foulée, le Cadre stratégique permanent (CSP) qui réunit ces groupes armés du Nord, a appelé, par voie de communiqué, les civils à la prudence en s’éloignant des installations et des lieux d’activités militaires. Dans le même temps, Bamako procédait à l’instauration d’un couvre-feu nocturne de trente jours courant jusqu’au 9 octobre prochain dans la région de Gao où les attaques et autres accrochages se multiplient.

 

Les parties semblent aujourd’hui au bord de la rupture

 

Et ce, dans un contexte où les ex-rebelles touaregs du Nord multiplient les griefs contre l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner accusés d’attaques et de bombardements contre certaines de leurs positions comme à Ber, le 4 août dernier et à Anefis, les 28 et 29 août derniers. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sans trop le paraître, le ton semble monter entre Bamako et les groupes armés du Nord qui peinent véritablement à trouver un modus operandi dans l’application de l’Accord de paix d’Alger de 2015, qui avait pourtant concouru à taire les armes. On en veut pour preuve ces préparatifs à peine voilés de guerre sur fond d’un discours non moins belliqueux qui ne trompe pas, et qui fait craindre une reprise imminente des hostilités, tant les parties semblent aujourd’hui au bord de la rupture. Comment peut-il en être autrement quand on voit comment la confiance entre les deux parties s’est progressivement détériorée au fil temps, au point que pas plus tard qu’en avril 2023, les indépendantistes du Nord considéraient qu’il n’y avait « aucun moyen de construire un avenir commun avec Bamako ». Et que quelque trois mois plus tard, précisément le 10 août, estimant qu’ils n’étaient plus en sécurité, les représentants de la CMA quittaient Bamako ? Comment peut-il encore en être autrement quand depuis plusieurs semaines maintenant, la pression sécuritaire s’accentue dans cette partie septentrionale du Mali où les régions de Gao et de Tombouctou, par exemple, sont devenues le théâtre d’une succession d’attaques terroristes, mais aussi d’accrochages multiples entre l’armée malienne et les groupes signataires de l’Accord de paix ?

 

Une reprise des hostilités complexifierait davantage la situation

 

Comment peut-il enfin en être autrement quand le retrait en cours de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et l’occupation de ses bases devient problématique pour Bamako et ces groupes armés qui ont tous à cœur de renforcer leurs positions ?  En un mot comme en mille, huit ans après sa signature, en lieu et place de l’application de l’Accord de paix pour une sortie de crise, petit à petit, les ingrédients d’une reprise des hostilités sont en train d’être réunis sur le terrain. Et cela est d’autant plus déplorable qu’au-delà du pendant terroriste de la crise sécuritaire, cet accord d’Alger est le principal espoir de retour de la paix sur les rives du fleuve Djoliba. C’est pourquoi il faut éviter à tout prix l’escalade. Car, en plus de signer la mort de l’accord de paix d’Alger, une reprise des hostilités complexifierait davantage la situation, en plus de ne profiter à aucun des protagonistes. A commencer par Bamako qui éprouve encore bien des difficultés dans la sécurisation du territoire national, malgré les efforts des forces armées maliennes, et qui n’a pas besoin de se retrouver entre le feu croisé des terroristes et celui des groupes armés du Nord. Une situation qui rendrait la tâche encore plus ardue pour les FAMa engagées dans une opération de reconquête du territoire, qui ne laisse déjà pas de répit aux forces combattantes. Et ce, dans un contexte de retrait des forces internationales qui laisse chaque jour un peu plus le champ libre à l’ennemi pour tailler des croupières à l’armée malienne. Le cas le plus récent, est la double attaque du 8 septembre dernier contre un bateau de transport entre Gao et Tombouctou, et une caserne militaire, qui a laissé pas moins de 64 morts sur le carreau. Une attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et qui en dit long sur les intentions de la nébuleuse islamiste de mettre la région sous coupe réglée. En tout état de cause, avec le blocus imposé depuis plusieurs semaines, par le même groupe terroriste à la ville de Tombouctou, Bamako gagnerait à prendre toute la mesure de la menace des forces du mal qui semblent avoir gardé toute leurs capacités de nuisance, en évitant d’ouvrir un nouveau front avec la CMA.

 

 « Le Pays »  bf

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