Le Syndicat national de l’Enseignement Supérieur (SNESUP) avait déposé, sur la table du gouvernement, le 13 juillet 2021, un préavis de grève. A la veille du déclenchement de la première phase de ce préavis de grève allant du mardi 27 au mercredi 28 juillet 2021, le gouvernement a demandé l’ouverture des négociations, le lundi 26 juillet 2021. Mais cela n’a pas empêché la détermination des enseignants à mettre à exécution la grève au moment des négociations. Interrogé par nos soins pour faire le point des négociations et de la grève, le secrétaire général du Snesup, Dr. Abdou Mallé, indique qu’un seul point sur les cinq qui figuraient sur la table du gouvernement a fait l’objet d’accord. Il s’agit de l’intégration immédiate dans la Fonction Publique des 59 travailleurs contractuels issus des 502. «Nous donnons une semaine pour que le conseil des ministres adopte l’ordonnance sur les nouvelles grilles pour les seniors au conseil des ministres du mercredi 4 août 2021. S’ils acceptent cela et actent officiellement dans une lettre adressée au Snesup, nous pouvons reconsidérer notre position pour la deuxième phase de la grève», a fortement insisté Dr. Abdou Mallé.
Après le dépôt du préavis de grève du Snesup de 48H et de 72H, le 13 juillet 2021, dit Mallé, c’est seulement le lundi passé, juste à la veille de la grève, que le gouvernement, à travers le département du travail et de la fonction publique, nous a appelés pour nous dire que les négociations commencent le même jour. Tous les participants aux négociations étaient présents, à savoir les six membres du comité exécutif du Snesup, les conciliateurs et la partie gouvernementale. Sur les cinq points qui figurent dans le préavis de grève, révèle Mallé, il n’y a eu qu’un seul point d’accord, celui de l’intégration immédiate dans la Fonction Publique des 59 travailleurs contractuels issus des 502. A ce niveau, explique Dr. Abdou Mallé, le gouvernement a proposé le test d’intégration concernant 48 d’entre eux sur 59, le 7 août 2021. « Le gouvernement a donné la date du test aujourd’hui même », précise Mallé. En ce qui concerne le point sur les 11 dossiers litigieux qui se trouvent au niveau de la primature depuis plusieurs mois, ajoute Mallé, la partie gouvernementale s’est engagée à gérer ces dossiers dans un bref délai. Le litige pour ces 11 dossiers concerne quoi ? Interroge Mallé. « Il concerne la validation du reclassement en catégorie professionnelle supérieure de ces camarades qui quittent la catégorie B pour la catégorie A. Le Directeur du centre national des concours de la fonction publique, Magassy Ousmane, n’est pas d’avis que ceux-ci puissent composer en catégorie A. Pour lui, la date de leur reclassement est postérieure à la date de signature du protocole d’accord du 18 mai 2017. Mais cette raison, pour le Snesup, n’est pas valable. Aux dires de Mallé, ce protocole a été signé le 18 mai 2017 et il prévoit l’organisation de ce test en août de la même année 2017. Et c’est seulement le 14 septembre 2019 que le test a pu être organisé pour les 502 travailleurs contractuels. « Un retard d’au moins 3 ans, maintenant, on est en retard de 4 ans. Ils ne doivent plus stagner, car la formation est un droit pour les travailleurs. C’est pourquoi nous ne pouvons pas accepter que le directeur Magassy Ousmane casse les salaires de nos camarades. Car pour lui, leur reclassement est arrivé après la signature du protocole. Mais ce n’est pas à lui de juger le protocole d’accord que nous avons signé avec son ministre», a précisé Mallé. De ce fait, si Magassy affirme que l’intégration se fait selon l’emploi, Dr. Abdou Mallé soutient que l’emploi est dicté et soutenu par un diplôme. « Si tu n’a pas de diplôme, tu n’a pas d’emploi. Il faut que la jurisprudence soit acceptée, que la justice soit rendue. Ces camarades méritent cela , ils sont des citoyens comme nous autres. Nous disons non à cette tentative de cassation», clame Mallé. En terminant sur ce point, Mallé a ajouté qu’il faudrait que le premier ministre Choguel Kokalla Maïga donne un avis favorable. « Nous ne pouvons accepter un avis défavorable, car il s’agit des droits acquis des travailleurs. Un avis défavorable de la part du premier ministre n’est pas acceptable en ce qui concerne la validation du reclassement de ces camarades», ajoute Mallé.
Concernant les points de désaccord, Dr. Abdou Mallé a parlé en premier de la signature immédiate de l’ordonnance sur les nouvelles grilles indiciaires planchers 755 et 850 et plafonds 1555 et 1650 et sur l’augmentation de 02 ans de l’âge de départ à la retraite pour les Enseignants-Chercheurs seniors. « Sur ce point, il y a un désaccord en ce qui concerne le délai de programmation de l’ordonnance au conseil des ministres. Le Snesup a proposé une semaine pour que l’ordonnance soit programmée pour passer au conseil des ministres. Les négociateurs au nom du gouvernement ont proposé deux semaines, chose inadmissible pour le Snesup. Ils ont eu deux semaines pour être dans le temps, pour préparer les négociations. Quand on a déposé le préavis le 13 juillet dernier, le ministre de l’enseignement supérieur a transmis l’ordonnance au secrétariat général du gouvernement pour la réunion interministérielle, le 16 juillet. Mais le comble est que cette réunion ne s’est pas tenue. Aujourd’hui, notre dossier devait partir au conseil des ministres dans la programmation normale s’ils travaillaient. Nous disons une semaine pour que le conseil des ministres adopte l’ordonnance sur les nouvelles grilles pour les seniors au conseil des ministres du mercredi 4 août 2021. S’ils acceptent cela et actent officiellement dans une lettre adressée au Snesup, nous pouvons reconsidérer notre position pour la deuxième phase de la grève. S’il y a des conséquences, ils doivent tirer les leçons puisqu’ils n’étaient pas préparés du tout, ils n’ont pas préparé ces négociation, et la partie gouvernementale a reconnu qu’il y a eu des erreurs d’imputation de notre préavis de grève jusqu’au dernier jour. Aucun conseiller n’a été déglué pour traiter notre préavis. C’est la énième fois que le Snesup dénonce cette situation de dysfonctionnement administratif au ministère du travail et de la fonction publique. Quelqu’un a bloqué notre préavis, et voilà la grève», a déploré Dr. Abdou Mallé.
Le second point de désaccord, dit Mallé, concerne l’application immédiate de la prime de recherche sur les salaires des Enseignants-Chercheurs conformément à l’article 34 du Décret N°2017-0850/P-RM du 09 octobre 2017 fixant les modalités d’application du Statut des Enseignants-Chercheurs du 27 septembre 2017. « Le Snesup demande simplement et purement l’application d’un article. Cette prime de recherche marque la spécificité professionnelle des enseignants-chercheurs du Mali. Notre demande est que le gouvernement engage des négociations sur les taux et les modalités d’application de cette prime. Le gouvernement a donné la même réponse comme en janvier dernier. Nous avons dit que la partie gouvernementale ne travaille pas. Et on ne peut pas l’accepter», a dit Mallé.
Le troisième point de désaccord concerne le paiement immédiat et intégral des arriérés d’heures supplémentaires et des frais des tâches liées aux examens qui sont cumulés depuis 2016-2017 jusqu’à nos jours . « La demande du Snesup à ce niveau n’est pas compliquée. C’est de nous donner un chronogramme de calendrier de payement de ces heures supplémentaires appelé calendrier d’apurement des arriérées d’heures supplémentaires. La partie gouvernementale, impréparée, a été incapable de nous proposer ou présenter un calendrier », souligne le secrétaire général du SNESUP.
Le quatrième point de désaccord porte sur la signature immédiate du Décret N°2017-0850/P.RM du 09 octobre 2017 relu en vue de la hiérarchisation des Assistants et des Attachés de Recherche. « Ce point rejoint le premier point. Le décret d’application des enseignants-chercheurs relu doit prendre en compte la hiérarchisation des assistants et attachés de recherche. C’est la même réponse donnée par la partie gouvernementale là aussi », a fait savoir Dr. Abdou Mallé.
Pour terminer, Mallé a invité le gouvernement à prendre les négociations au sérieux et à les préparer conséquemment, car, dénonce Mallé, c’est une impréparation de la partie gouvernementale qui est à la base de ces 48 heures de grève.
Hadama B. Fofana