L’Union africaine s’engageant désormais à trouver un terrain d’entente entre le Mali et la CEDEAO. Le 25 janvier 2022, une délégation conduite par Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine était à Bamako pour échanger avec les autorités de la transition. Au sortir des différentes rencontres, la délégation semble être favorable à la proposition des seize mois de prorogation précédemment faite par l’Algérie.
Cette initiative vise, selon les membres de cette délégation, à relancer les discussions sur la durée de la transition au Mali et sur la définition d’un nouveau chronogramme pour le retour à l’ordre constitutionnel qui serait jugé « acceptable ».
Pour ce faire, l’Union africaine a endossé la proposition des seize mois de prorogation précédemment faite par l’Algérie qui avait, elle aussi, offert ses services de médiation. De l’avis de la délégation, cette double propositions-médiation et calendrier doit permettre au Mali et à la CEDEAO d’accorder les violons afin de parvenir rapidement à la levée progressive des sanctions imposées au Mali, pays sans littoral.
Cette démarche de l’organisation panafricaine est saluée par les deux parties (Mali-CEDEAO) qui affichent toutes leurs volontés de relancer les discussions pour trouver un terrain d’entente. Mais, de l’avis de certains observateurs, la démarche ainsi entamée souffre des vices et des tares.
D’abord en arrivant à Bamako avec une proposition dans la poche, les médiateurs semblent avoir brûlé des étapes, notamment celle de la concertation préalable avec les autorités maliennes. Même si Moussa Faki Mahamat a confié qu’il était « en mission au Mali pour écouter, pour s’informer et pour échanger avec les autorités de la transition sur le processus de Transition dans ce pays africain », il n’en demeure pas moins que la proposition a fait le tour des médias avant d’être transmise à nos autorités.
Au regard de ce qui précède, on se demande si le médiateur est venu proposer ou alors instruire la partie malienne d’accéder à la proposition algérienne. Dans cette éventualité, la proposition sonne comme une injonction qui peut être mal interprétée dans le cadre des relations internationales. Car visiblement, elle laisse peu ou pas de place à une contre-proposition de la partie malienne.
En suite, à la lecture de la proposition, on se rend compte qu’elle ne prend pas en compte les conclusions des Assises nationales de la refondation qui avaient proposé une fourchette de six mois à cinq ans au maximum.
Enfin, la démarche qui consiste à se focaliser sur le calendrier des élections sans prendre réellement en compte des aspects sécuritaires, constitue une mauvaise lecture sur la situation qui prévaut au Mali. La vérité est qu’il ressort de tous les foras tenus depuis le début de la crise que le défi sécuritaire est la principale préoccupation des Maliens. D’ailleurs, il n’est de secret pour personne que la bonne tenue des élections est tributaire de l’évolution de la situation sécuritaire.
De toutes les manières, les différents protagonistes réalisent qu’il est impératif de renouer le fil du dialogue au bénéfice des citoyens de l’espace communautaire permettant d’avoir une CEDEAO des peuples en lieu et place du syndicat des chefs d’État comme le laissent voir ces sanctions iniques contre le Mali.
A O
Source : Ziré